Rajan est décédé le 22 Novembre dans un hôpital de Kathmandu d’une tuberculose et d’un effondrement de ses défenses immunitaires.
Une véritable catastrophe.
Il était jeune et plein de joie et d’énergie.
Un véritable séisme dans notre petite communauté.
Impensable, incroyable, injuste…, comme si ces mot avaient du sens dans cette situation.
Il était veuf et avait deux petites filles (de 7 et 11 ans), Dema et Ningma Bothe.




Il a commencé sa carrière de guide avec nous et au fil des expériences était devenu l’un des alpinistes les plus prometteurs d’Himalayan Travellers.
En ce printemps 2019, il avait gravi le Kanch, au sein d’une autre agence, pour acquérir de l’expérience et consolider sa liste de course. Avec Dipeen, il voulait devenir guide UIAGM et devait effectuer cet été une étape importante du cursus, le Basic Mountaineering Course de la NMA. J’étais heureux de pouvoir le soutenir et l’accompagner sur ce long chemin et nous avions plein de projets ensemble.
Sa maladie s’est déclenchée au retour du Kanch, sur le trajet pour Manang. Puis, après les premiers soins et une accalmie, les complications se sont aggravées, touchant le foie puis les reins.
Impossible de ne pas faire le lien avec le Kanch.
Il était content de sa réussite et surtout de reprendre sa place dans les projets de l’automne avec nous.
Forcément, ce succès a un goût amer. A-t-il trop forcé physiquement, surtout en très haute altitude ? Et avec la pression d’un bonus de sommet surdimensionnée.
Ces bonus de sommet me semblent une calamité au service de l’égo surdimensionné d’alpinistes inconscients. Un non sens alpinistique et une insulte aux valeurs du métier de guide.
Mais comment résister à une telle sollicitation ?
La mort de Rajan est dramatique.
Les causes de sa mort sont insupportables.
Cette page lui est dédiée, pour témoigner du long chemin parcouru ensemble. Avec de belles expériences, des réussites, des efforts et du bonheur partagé.
Et tout se qui rend l’alpinisme lumineux au coeur de nos relations.
Tout ce qui donne du sens à nos vies.
Voilà, j’ai essayé de faire un texte le plus soft possible, car l’exercice est trop difficile.
Donc, dans un premier temps, pour les personnes qui le connaissaient, je vous remercie de m’envoyer des photos de Rajan, avec le lieu et quelques mots.
Je les mettrais en ligne au fur et à mesure.
Pour un soutien plus précis, il me faut en discuter avec Bishal et Bikram, pour bien comprendre la situation.
Voici le mail de Bikram juste au décès de Rajan avec la solution d’urgence qui a été mis en place :
I am very sad to hear this bad news. I saw him in hospital few days before .
I talk to Christine Janin also. We will pay school fee for his 2 girls !
About 600 € /year .
After we need more budget to feed and lodge them and for clothing too!
Some help from your side would be very kind for here future life !
See you soon Paulo dai !
Namasté !
Bikram
Avec Rajan…
sur les chemin d’une montagne partagée
Quelques mots, quelques images…
Avec Rajan, à l’automne 2018, au Mustang
Rajan le poumon sur pattes emporté par la tuberculose?
Quelqu’un qui écrit mieux que moi dirait
« Quel non sens absolu!
Ça ne colle pas!
Ça donnerait presque l’espoir qu’on se soit trompé… »
Ta gentillesse, ta bonne humeur contagieuse et ton attention aux autres vont à coup sûr laisser un grande vide!
Il s’agit maintenant de prendre soin de tes filles…
Compte sur nous!
Flo

Il s’était métamorphosé en guide touristique facétieux pour nous accompagner à Muktinath


Avec Rajan, vers le Makalu 2 au printemps 2018

Il y a :
Rajan, Dhan, Dipeen et Bishal. Crédit Isabelle Guillaume

Crédit : Isabelle Guillaume
Pascal Pompei dédie une rubrique sur son blog, à Rajan Lama Bothe, «Nepali Leader» à Himalayan Travellers.
« Me rappeler d’une «nuit de folie» au «Camp 2», de ces vues à «couper le souffle» sur le Baruntse et l’Ama Dablam, de notre retour au «Makalu Advanced Base Camp» et de cette virée au col dominé par l’arête Sud-Est du Makalu, à cheval sur la frontière sino-népalaise.
Cette année, tandis-que nous terminions notre «Brin de Vie au Népal», tu atteignis le sommet du Kangchenjunga, troisième plus haut sommet avec une altitude de 8586 m. En ce quinze mai 2019, si Hernán Leal devint le premier chilien à gravir le Kangchenjunga, il le dut un peu, beaucoup, passionnément, aux aptitudes et au dévouement des «nepali Leaders», à la folie de ceux qui nous accompagnent sans rien attendre d’autre que nous et n’obtenir à l’arrivée que si peu de reconnaissance.
Mille fois Danyabaad Rajan !«
À toi Rajan…
Avec Rajan, de l’Helambu au Langtang à l’automne 2017
Le compte rendu de ce voyage au Langtang…
Et aussi « Sommets du Langtang ».



Avec Rajan, du Teri La au Yakawakang au printemps 2017
Le compte rendu de ce voyage de Naar à Jomosom

Silencieusement, Rajan, tu ajustas ton pas sur le mien pour me permettre de me sentir vivant un peu plus que d’ordinaire.
Je ne t’oublierai pas.
Dom…

Crédit Dominique Ansel

Rajan essaye de repérer le prochain camp.
Crédit Paulo Grobel

Urpa, Rajan, Karma et Anil. Crédit Paulo Grobel
Avec Rajan, à l’Himlung East, au printemps 2017
Le compte rendu de ce voyage à l’Himlung.
Et une belle réussite !

Il nous suffit de continuer à descendre pour réaliser la première ascension de L’Himlung East.
Rajan, Jangbu et Isabelle. Crédit Paulo Grobel


Crédit Isabelle Guillaume
Au Mukot Himal, à l’automne 2016
Le compte rendu de ce voyage entre Marpha et Mu Gaon.
Et le topo du Mukot Himal…




Une reconnaissance avec Dhan pour le Mukot Himal.
En fin de printemps 2016
Après l’Himlung, Rajan et Dhan sont partis versant Hidden Valley pour identifier l’emplacement du camp de base.
C’est la première fois que des népalais d’Himalayan Travellers partent en reconnaissance seul dans un massif qu’ils ne connaissent, pas pour préparer un nouveau projet.
Félicitations…

Rajan, à l’Himlung au printemps 2016
Le compte rendu de ce voyage à l’Himlung
Quelle expédition !!!

Avec Rajan, au Langtang à l’automne 2015
Le compte rendu de ce voyage, juste après le tremblement de terre !
Un voyage d’une rare émotion…



Crédit Jean Milteau



À Himlung 2015, à l’automne 2015
« Rajan fut mon « sauveur » quand il est m’apparu, par miracle, seul, à 7050m, pour faire le sommet avec mon compagnon de cordée, Alex, et me laisser redescendre.
Explication. Partis du dernier camp à 6300m, Rajan avait dû rapidement faire demi-tour avec son compagnon de cordée trop fatigué. Il l’a laissé en sécurité au camp 3, et, libre, est remonté seul faire ce sommet de l’Himlung.
En nous dépassant Alex et moi, il avait dû voir que j’arrivais au bout de mes forces également, et 100m plus haut, sur la dernière épaule, accroupi, il nous a attendu. J’étais trop soulagé de lui laisser Alex et de pouvoir redescendre avec une autre cordée, sans empêcher un Alex en bonne forme d’atteindre le sommet.
Chaque fois que je voyais Rajan depuis, je le remerciais, il rigolait.
Simplicité, générosité, vigilance.
Encore merci, Rajan ! »
Duche

Crédit Isabelle Guillaume
Rajan, à Bardia en xxx après le Dolpo.



A suivre donc…
Et merci pour vos messages de soutien.
Les deux filles de Rajan..
Dema Bothe Ningma Bothe
Paulo_depuis La Grave,
le 15 Décembre 2019
Tout mon soutien Paulo. On en parle rapidement, je comprends ta douleur et celle de nos amis népalais.
Amitiés.
Jean-Do
Rajan était avec nous en décembre 2015 au Langtang après la catastrophe du tremblement de terre. Un homme discret mais qui a fait simple porteur, sans doute pour ses filles déjà. Avec Futi, Bahadur, Anil, Bimal,Jangbu et Bikram, ça avait était un beau voyage émouvant de soutien.
Paulo je pense avoir une ou deux photos de lui à l’époque, si tu veux.
Bishal, Bikram vous pouvez compter sur nous pour tout moyen nécessaire à ses filles.
Rajan le poumon sur pattes emporté par la tuberculose? Quelqu’un qui écrit mieux que moi dirait « Quel non sens absolu! ça ne colle pas! ça donnerait presque l’espoir qu’on se soit trompé… »
Ta gentillesse, ta bonne humeur contagieuse et ton attention aux autres vont à coup sûr laisser un grande vide!
Il s’agit maintenantde prendre soin de tes filles… Compte sur nous!
Tout mon soutien à sa famille ses 2 enfants, à Paulo
Merci à Alain pour ce bel hommage en image
Je n’ai pas de photos car lors de l’expédition au Mustang à l’automne 2019 j’ai fait la partie trek
Un soutien financier est nécessaire pour ses enfants
Je viens d’envoyer un mail à Bishal pour une organisation d’un trek à l’automne 2020 dans le Haut Dolpo
Martine de Strasbourg
Une précision d’Etienne Principaud, médecin.
« La tuberculose est malheureusement une maladie touchant en 2018 (OMS), 42 000 personnes au Népal soit 151 habitants sur 100 000.
Et la mortalité était en 2018 de 5400 personnes.
D’après la description que tu fais de sa maladie, il est probable qu’il ait fait une forme grave de cette maladie appelée tuberculose miliaire ou disséminée qui est une sorte de septicémie où le bacille tuberculeux dissémine dans tout l’organisme au lieu de se cantonner aux poumons.
Le Kangchenjunga a peut être joué un rôle en affaiblissant ses défenses, mais la contamination tient malheureusement plus de l’état sanitaire global du pays (lenteur dans la détection), de l’absence de vaccination BCG, de la très fréquente contamination des migrants népalais dans les émirats (promiscuité), de l’apparition de bacilles multi résistants etc etc. »
Je l’ai déjà racontée cent fois, désolé pour la redite, mais c’est le plus gros souvenir que j’aie de Rajan.
Rajan fut mon « sauveur » quand il est m’apparu, par miracle, seul, à 7050m, pour faire le sommet avec mon compagnon de cordée, Alex, et me laisser redescendre. Explication. Partis du dernier camp à 6300m, Rajan avait dû rapidement faire demi-tour avec son compagnon de cordée trop fatigué. Il l’a laissé en sécurité au camp 3, et, libre, est remonté seul faire ce sommet de l’Himlung. En nous dépassant Alex et moi, il avait dû voir que j’arrivais au bout de mes forces également, et 100m plus haut, sur la dernière épaule, accroupi, il nous a attendu. J’étais trop soulagé de lui laisser Alex et de pouvoir redescendre avec une autre cordée, sans empêcher un Alex en bonne forme d’atteindre le sommet. Chaque fois que je voyais Rajan depuis, je le remerciais, il rigolait. Simplicité, générosité, vigilance. Encore merci, Rajan!
Duche
J’ai fait deux treks au Dolpo en 2016 et 2018 durant lesquels j’ai côtoyé Rajan. C’est avec une très profonde tristesse que j’ai appris son décès via le site de Paulo ; ce fut un véritable choc car Rajan pour moi est synonyme d’élégance, de courtoisie, de professionnalisme, de gentillesse ; toujours prêt à rendre service ; un sourire magnifique ; le beau gosse de la bande. Bref, une belle âme.
Je pense très fort à ses deux filles et veux pouvoir contribuer à les soutenir financièrement (merci de donner des informations précises pour ce faire).
Tu vas me manquer Rajan.
Isabelle (Paris)
Rajan,
Tu dois me voir de là-haut (si jamais il y a un là-haut) depuis mi-décembre penser à toi et à ta disparition à laquelle je n’arrive pas à trouver un sens.
Mais tu me dirais sûrement qu’il ne sert à rien de vouloir trouver un sens à la vie et à la mort ou peut-être même que la roue de la vie est ainsi.
Je recule chaque jour depuis que Jean m’a prévenue pour écrire ses lignes. Car les écrire, c’est te dire définitivement au revoir et je n’aime pas les au-revoir.
Nos chemins se sont croisés sur les routes du Langtang, juste après le tremblement de terre. Et ton sourire malicieux, tes yeux bienveillants et rieurs, veillaient discrètement mais sûrement sur moi lorsque nous traversions des passages particulièrement douloureux.
Vrai léopard des neiges, tu étais agile, gracieux, vif et mystérieux. Tu apparaissais souvent lorsque je m’y attendais le moins pour m’aider ou attirer mon attention sur un beau détail du paysage.
Avec quelle patience, prévenance et gentillesse, tu m’avais expliqué comment escalader les parois avec élégance !
Merci d’avoir croisé ma route et de m’avoir tant donné.
J’aimais à t’imaginer grimper sur les cimes avec l’équipe lorsque je découvrais vos dernières aventures via le blog de Paulo.
Mon cœur de trekkeuse pleure ta disparition. Mon cœur de maman envoie tout son amour, son affection et sa tendresse à tes deux filles.
Paulo, Bikram, Bishal, Futi, Bahadur, Jangbu, Anil et Bimal, je pense très fort à vous tous et vous embrasse.
Constance