Le monde des 7000

L’altitude 7000 est pour nous occidentaux le chiffre mythique de l’accès à l’expérience de la Haute Altitude, ce monde de l’oxygène rare de l’Himalaya et du Népal, au panthéon de nos représentations symboliques.

Fruit de plus de 20 ans d’itinérances himalayennes, voici une page dédiée à cette univers particulier, qui fait rêver tant d’alpinistes.

  • Il s’agit de qualifier ce qui rend l’ascension d’un 7000 spécifique.
  • D’explorer le monde des 7000 par le versant de la réglementation népalaise.
  • De proposer des points de repère pour mieux choisir «votre» 7000.
  • De clarifier les différentes manières de gravir un 7000.
  • D’ouvrir une réflexion sur les «laisser pour compte» de cette catégorisation caricaturale et pour valoriser les «presque 7000».
  • D’observer l’évolution des acteurs de ce tourisme bien particulier et de faire des hypothèses de son évolution, dans les prochaines années.

Bon courage, car ce sera preque une expédition sur un grand sommet que d’arrivée à la fin de ce texte.
D’avance félicitations !

Une superbe photo durant une tentative au Gyajikang.
Une superbe photo durant une tentative au Gyajikang.

D’un bout à l’autre de la planète, le système métrique impose à l’alpinisme le diktat de la catégorisation des sommet.

Dans les alpes, il y a les 4000 et le Mont Blanc, dans les Andes il y a les 6000 et en Himalaya il y a les 8000 et l’Everest.

En Himalaya, l’altitude 7000 marque assurément une frontière importante.
Non seulement on dépasse allègrement les 6000 m mais il s’agit surtout de séjourner à cette altitude.  Cette nécessité nous ouvre une expérience extra-ordinaire. Loin des repère patiemment construits dans les alpes, ce voyage dans l’oxygène rare est fondateur d’une nouvelle activité et les sommets de 7000 m sont justement le lieu idéal pour cette première expérience de la haute altitude.

Ils sont suffisamment hauts et loin pour nous confronter aux problématiques de l’hypoxie et nous permettre une expérimentation progressive sans trop de souffrance, tout en restant (relativement) accessible dans la durée et le coût.

À l’inverse des »petits» 6000, qu’il est possible de gravir «en passant» et qui peuvent être réalisés par des randonneurs, l’ascension d’un sommet de 7000 s’adresse à des alpinistes ayant déjà un peu d’expérience technique. Il ne s’agit plus d’un trekking peak mais bien d’une expédition où le sommet est au coeur des préoccupations et mobilise toutes les énergies et la logistique.

Le Nemjung, un grand 7000.
Le Nemjung, un grand 7000.

Vivre tout là haut. Une expérience majeure.

La durée de l’ascension, avec souvent plusieurs nuits au-dessus du camp de base, caractérise ce monde des 7000 et en détermine toute la complexité. Il s’agit avant tout d’une immersion en haute montagne, d’un grand voyage dans un monde où l’homme n’a plus sa place.

Si un 7000 est accessible à tout alpiniste motivé et entrainé, il est également très facile d’y vivre un échec instructif tellement la synchronisation des multiple facteurs de réussite est délicate. Le jeu alpinistique qui peut s’y vivre est d’une complexité infini et surtout il peut être vécu sans recours à des artifices grossiers, par ces propre moyens. En cela, c’est le lieu idéal de belles réalisations d’un «nouvel himalayisme». Les «grands 6000» étant plus adapté à l’expérimentation, à l’apprentissage de cette nouvelle activité, (by faire means selon l’expression anglaise consacrée).

De belles lumières au Camp 2 de l'Himlung.
De belles lumières au Camp 2 de l’Himlung.

Un choix immense…, mais limité !

414 sommets du Népal sont actuellement officiellement «ouverts» aux alpinistes étrangers et 73 de ces sommets sont des 7000. Leur répartition géographique est forcément très déséquilibrée puisque la chaine principale se situe entre Annapurna, Everest et Makalu. Seulement 6 sont situés dans la région Ouest, 15 dans l’Est dans le massif du Kanchenjunga, et tous les autres dans la région centrale du Népal. Les trois sommets les plus fréquentés sont L’Himlung, la Putha Hiunchuli et le Barun Tse. Respectivement au Nord des Annapurna, dans le Sud Dolpo et entre Everest et Makalu. Quasi aucun des sommets de l’Est n’a été visité en 2014 !

Ce constat dramatique illustre une fois de plus le dynamisme du ministère du tourisme népalais pour promouvoir les différentes régions du Népal. Mais, «Ke garne ?» comme disent nos compagnons népalais…

Au Népal, il existe des centaines de sommets à plus de 7000 m. À l’inverse des 8000, tout le monde se doute d’emblée qu’il ne sera pas possible d’en faire la collection, même en plusieurs vie d’alpiniste. Ils sont tellement nombreux qu’il n’existe aucun inventaire documenté.
Mais pourtant, ce choix est limité ! Tout simplement par la réglementation népalaise.
Au Népal, seuls les sommets autorisés par le gouvernement sont accessible aux alpinistes. Il sont identifiés dans une liste officielle et l’Himalayan Data Base permet de mieux connaitre l’historique de tous ces sommets.

Officiellement, il y a 73 sommets de 7000 m autorisés au Népal. Mais tous ne sont pas intéressants pour l’alpinistes, d’un point de vue esthétique ou par leur dangereusité.

Paradoxalement, seulement 5 ou 6 sont devenus au fil des années plus ou moins classiques ou du moins connus et fréquentés.
Ce sont ces sommets qui sont le plus souvent proposés par les TO ou les guide de haute montagne occidentaux, ou choisi par les équipes d’alpinistes amateurs.
Ces sommet sont techniquement abordables (pour ne pas dire facile, car l’altitude reste toujours une composante de la difficulté d’un sommet), avec une cotation globale entre F et PD en neige. Mais ils ne présentent pas tous les même caractéristiques et sont donc plus ou moins complexe ou difficile d’organisation.

Pendant plus de 15 ans, j’ai essayé de trouver la cime idéale, le sommet le plus pertinent pour une première expérience à 7000, en comparant le plus objectivement possible les caractéristiques de ces différents sommets.

Parmi ces critères on retrouve :

  • l’altitude,
  • la difficulté,
  • la présence de risque objectif,
  • le profil de l’itinéraire,
  • l’accès au camp de base,
  • la relation avec les locaux,
  • le positionnement des camp d’altitude,
  • la fréquentation,
  • le coût de l’organisation
  • ou encore la proximité de Kathmandu.
L'envers de l'Himlung et aussi des sommets vierges.
L’envers de l’Himlung et aussi des sommets vierges.

Après bien des années d’expérimentation, il me semble que les critères de difficulté technique et d’altitude sont plus importantes que celles d’organisation.

La Putha Hiunchuli au Sud Dolpo avec sa cotation F en neige,
est donc le 7000 le plus abordable, celui qui propose le plus de chance de réussite pour des alpinistes amateurs, en bonne forme physique mais sans compétence particulière ni expérience préalable en altitude.

Un sommet idéal à ski !
Un sommet idéal à ski !

 

En route vers le dernier camp, quand la bauté de l'itinéraire occupe tout le paysage.
En route vers le dernier camp de l’himlung, quand la beauté de l’itinéraire occupe tout le paysage.

Pourtant l’Himlung Himal dans la vallée de Phu, par sa nouvelle voie normale, est beaucoup plus simple d’organisation (pas de transport aérien, ni d’organisation locale à prendre en compte), mais la difficulté technique de la dernière journée (PD+ en neige) est plus importante et nécessite des conditions météo optimum.
C’est pourtant actuellement le sommet de 7000 le plus fréquenté du Népal et cette fréquentation importante peut devenir source de désagréments. C’est une bonne raison pour choisir un autre sommet, certes plus complexe et donc avec moins de probabilité de réussite mais qui procurera d’autres satisfactions, d’autres expériences.

Les agences népalaises ne vont pas trop s’aventurer à proposer d’autres sommets peu ou moins connus. L’enjeu économique et la difficulté d’organisation restent prépondérant.
Quant au agences occidentales (Allibert, Terdav…) leurs propositions va se réduire de plus en plus et resteront très classiques, avec malgré tout des difficultés à concrétiser les départs. Il faudra chercher ce pas de côté auprès de quelques guides UIAGM passionnés et spécialisés dans l’organisation des expéditions au Népal. Pour l’instant, surtout occidentaux, mais dans quelques années aussi Népalais, si quelques guides parviennent à s’éloigner des agences et à exercer leur métier de manière indépendante.

Nous sommes actuellement dans une situation transitoire, où tous les acteurs (historiques et émergents), sont encore en place, mais juste avant une main-mise définitive des agences népalaises sur l’ensemble du marché.

Les grands sommets du massif des Annapurna.
Les grands sommets du massif des Annapurna.

En 2015, le gouvernement a ajouté quelques sommets « vierges » à la liste des sommets autorisés du Népal.
Des sommets pas forcément vierges et loin d’être tous intéressants pour les alpinistes occidentaux.

La liste des «nouveaux» sommets de plus 7000 m

  • Nepal Gyap Peak 7007 Kanchenjunga
  • Gangapurna West (Lachenal) 7140 Annapurna
  • Chamar North 7165 Sringi
  • Kabru Central 7412 Kanchenjunga
  • Khangsar Khang West (Herzog Peak) 7555 Annapurna
  • Hillary Peak 7681 Mahalangur
  • Khambachen East 7784 Kanchenjunga
  • Tenzing Peak 7916 Mahalangur
  • Kanchenjunga North 7938 Kanchenjunga

La liste des «nouveaux» sommets de presque 7000 m

  • Gauri 6983 Rolwaling
  • Burke Khang 6942 Mahalangur
  • Himlung East 6932 Peri… Nous y allons ce printemps 2017 !
  • Rongshar Ri I (Ondrej Peak) 6900 Mahalangur
  • Lugula 6899 Lugula

Il est difficile de comprendre ce qui a guider les membres de la commission technique de la NMA dans le choix de ces 10 nouveaux sommet autorisés, car pour la majorité ce sont des sommets secondaires et difficiles d’accès.
Mais il fallait bien trouver des sommets suffisamment élevés pour les affubler du nom des héros de la conquête de l’Everest ou de l’Annapurna I (Tenzing & Hillary, Lachenal & Herzog). Ont-ils appréciés cet honneur ?
Mais on remarquera le Chamar North dans le massif particulièrement inconnu et peu fréquenté du Sringi Himal dans la vallée de la Tsum.
Et le Lugula, entre Mustang et Phu. Une perle !

Au loin, le Tilicho...
Au loin, le Tilicho…

Du côté de la réglementation.

En Janvier 2015, la réglementation du coût des permis d’ascension a été modifié de manière importante.

Ce coût des royalties par sommet se calcule désormais par personne, à la place d’un coût global.

Ce changement peut sembler anodin mais il modifie radicalement le paysage des acteurs népalais investis dans l’organisation des expédition. Des petits groupes d’alpinisme vont pouvoir être pris en charge à un coût moins important, au détriment des grands groupes qui voient le prix du permis augmenté.
Ce tarif change suivant la saison, et cette saisonnalité n’est d’ailleurs pas adaptée à la réalité de la fréquentation actuelle du Népal (faible au printemps et plus importante à l‘automne). Mais cette règle a été mise en place pour l’Everest sans ce préoccuper des autres réalités.

Pour un sommet de 7000 à 7500 m, le montant par personne est de 500 $ au printemps, 250 $ à l’automne et 125 $ en été et en hiver. Pour un sommet de 7501 à 7999 m, ce coût est respectivement de 600/300 et 150 $.

À ce coût par personne, il convient d’ajouter les frais de l’officier de liaison, obligatoire pour tous les 7000. Le salaire de son absence (!) revient en moyenne à 2000 $ par permis, soit en roupies népalaises deux Lacks, l’équivalent de 4 à 8 mois d’un bon salaire. Les nouvelles agences népalaises sont devenues très compétentes pour partager un permis et donc le coût de l’Ol entre plusieurs petits groupes. C’est le résultat de l’hyper compétitivité tarifaire entre les agences népalaises (les grandes contre les nouvelles) et avec les TO étrangers (déjà presque hors course).

Dans le calcul des coûts, il ne faut pas non plus négliger celui des assurances pour l’équipe népalaise (médical, secours et décès) dont l’inflation a été vertigineuse suite aux deux accidents à l’Everest et aux pressions de la communauté étrangère. Au final, ce sont les alpinistes qui payent directement l’augmentation des primes d’assurance, sans différenciation de la nature du sommet ou du risque.

Dans cette région aussi, une foule de sommets oubliés.
Dans cette région aussi, une foule de sommets oubliés.

Officier de liaison ? Un job d’enfer !

D’après les textes, l’Officiel de Liaison, l’OL, qui accompagne toute les expéditions de plus de 6500 m doit rester au camp de base durant toute la durée de l’expé ?

 

La remise en question des OL est un chantier très complexe et explosif pour la «mountaineering section».

  • Qui au Ministère osera ouvrir cette boite de pandore ?
  • Qui proposera les modifications indispensables  à un système désuet et inadapté ?

Actuellement, ne rien dire et limiter les frais de l’OL est certainement la posture la plus confortable et la plus simple pour les chefs d’expé.
Et tous les alpinistes occidentaux sont donc complices de corruption avec les fonctionnaires du ministère.
Le salaire de l’OL représente environ 2000 à 2500 $ en cash en plus de son salaire de fonctionnaire… pour rester à Kathmandu. Plus que le salaire des népalais qui travaillent sur la montagne. De quoi créer quelques tensions…

Mais il existe aussi des exceptions. Ou plutôt le monde et le Népal évoluent doucement.
C’est ce qui nous est arrivé ce printemps pour l’ascension de l’Himlung Himal.
Une belle histoire.

Notre sirdar de l'Himlung 2016 qui est venu jusqu'au camp de base !
Notre Officier de Liaison de l’Himlung 2016 qui est venu jusqu’au camp de base !

Quelle stratégie de progression choisir ?

Une expédition vers un grand sommet est un long voyage qui se fait pas à pas. Nul besoin de rouler les mécaniques, pas question d’arriver vite. Il faut prendre son temps, être au bon endroit au bon moment. Apprivoiser cet univers hypoxique pour pouvoir y vivre et s’y déplacer sereinement et sans trop de mal-être.

Le chemin doit s’accueillir comme il vient, dans l’instant. Avec en prime un goût prononcé de pèlerinage ou de voyage intérieur.

Et c’est tout l’enjeu de la progression continue avec la philosophie de la Slow Attitude.

Voici juste une présentation du sujet, largement abordé sur ce site.
Puisqu’il m’est impossible de faire autrement.

Aujourd’hui, le plus important pour l’alpiniste amateur ou le guide UIAGM (qu’il soit français ou Népalais) c’est qu’un choix est possible entre plusieurs techniques de progression (continue ou en dent de scie), plusieurs styles (Speed ou Slow) et bien sûr une large gamme de services (depuis le confort au camp de base jusqu’au personnel de portage, depuis aucun service à partir du camp de base à  un déploiement de facilités outrancières, élico, corde fixe, Ox, porteurs d’altitude…).

Le Kang Guru… bientôt au programme. Mais il nous faut d'abord trouver un nouveau camp de base.
Le Kang Guru… bientôt au programme. Mais il nous faut d’abord trouver un nouveau camp de base.

De l’importance de l’encordement.

Dans les Alpes ou en Himalaya, l’histoire débute par «une envie de sommet», par le désir de réaliser une ascension et de la choisir le mieux possible.

Dans les alpes, que la pratique soit amateur, associative, avec une agence ou encadrée par un guide, les alpinistes s’organisent par cordée ou par groupe de cordées et le nombre d’alpinisme dans une cordée ainsi que la taille du groupe diminuent avec la difficulté de la voie. Dans le cadre d’une pratique professionnelle, des recommandations d’usage ou des lois définissent les normes d’encadrement.
En Himalaya, gravir un sommet par une seule cordée est très rare, souvent l’apanage du haut niveau en amateur ou d’un guide occidental avec un client de longue date, la grande majorité des ascensions sont organisé en groupe, souvent important, quelques que soit la difficulté ( par exemple : D- en neige/glace pour l’Island Peak ou D + mixte pour l’Ama Dablam, avec des groupes de 8 à 10 personnes).

Et justement, ces sommets de 7000 m par leur taille encore humaine sont le lieu idéal pour un apprentissage de la vie en haute altitude. A condition, que cette envie de sommet n’occulte pas une certaine réflexion sur les moyens utilisés.

C’est tout l’enjeu de l’alpinisme d’aujourd’hui en Himalaya.
Un alpinisme « libre et conscient ».

Dhane Magar et Simon, encordés et très haut à l'Himlung en 2016.
Dhane Magar et Simon, encordés et très haut à l’Himlung en 2016.

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Un 7000 reste un 7000 !

Ce fut le mot de la fin d’une discussion dans la tente mess lors de notre dernière expédition à l’Himlung. Pour moi, l’intérêt d’un sommet ne se définie pas exclusivement par ce chiffre mythique de 7000 m.

A partir de 6800/6900, les caractéristiques d’une ascension sont identiques, les expériences vécues sont les mêmes que pour un «vrai» 7000. L’immersion en haute montagne est radicale et les plaisirs comme les problématique de la haute altitude sont bien présente. Seules les exigences de nos ego nous font faire des différences en fonction de ce chiffre magique.

Les «presque 7000» sont quasiment condamné à rester à l’écart de nos envies de grands sommets. Et c’est vraiment dommage car beaucoup d’entre eux seraient des cimes idéales à nos rêve d’altitude.

Ces « presque 7000 » seront au centre de mes préoccupations pour ces prochaines années.

Une page spéciale leur sera bientôt consacrée et nous allons au Panbari à l’automne 2017 !

Un très beau sommet.
Un très beau sommet.

Quelle saison choisir ?

Au Népal, le printemps et l’automne, soit avant et après la mousson correspondent aux deux principales saisons d’expéditions, avec des caractéristiques bien différentes.

Au printemps, il y a peu de neige en haute altitude mais beaucoup plus dans des altitudes intermédiaires entre 4500 et 5500 m, ce qui peut poser des problèmes d’accès au camp de base pour certains sommets.
C’est l’inverse à l’automne puisque la mousson a apporté des précipitations importantes sous forme de neige en altitude et sous forme de pluie parfois jusqu’à 5000 m.

Au printemps il fait de plus en plus chaud (on va vers l’été…) et la nébulosité plus importante provoque des instabilités avec une alternance de beau temps le matin et des chutes de neige l’après-midi. Mais ces précipitations sont généralement peu importantes. Puis, vers le début Mai, des périodes plus stables s’installent avec peu de vent en très haute altitude. C’est la saison idéal pour l‘ascension des grands sommets et en particulier les 8000 et l’Everest. L’instabilité reprend à l’approche de la mousson, généralement vers la mi-juin.
À l’inverse, à l’automne, on va vers l’hiver et il fait d eplus en plus froid au fil d ela saison. Le vent en altitude augment dès la mi-novembre et se conjugue au froid pour rendre les conditions de plus en plus difficiles. La période la plus favorable se déroule de début Octobre à mi Novembre. Le temps est stable, il fait généralement beau, mais avec en 2013 et 2014 de grosses chutes de neige très ponctuelles, parfois de plus d’un mètre. Et surtout, cette neige reste profonde à cause du froid.

Personnellement, j’apprécie de plus en plus la saison printanière, de mi Avril à mi Mai. Il fait doux en altitude sans trop de vent, Il y a moins de monde sur les 7000 et la progression continue permet de s’adapter facilement à l’instabilité de l’après-midi.

Bien sûr, il est possible de gravir un 7000 en hiver.

Mais c’est alors une toute autre entreprise.
Les conditions de froid et surtout de vent sont très difficiles, avec des journées très courtes et une solitude absolue. Faut-il choisir Décembre ou Février ?
Mais de toute façon l’entreprise sera aussi très rude pour les porteurs et pour toute l’équipe népalaise.

Total respect pour ce style d’ascension très peu pratiqué.


Traverser un 7000 ?

Jusqu’à présent, traverser un sommet n’est pas de mise en Himalaya et au Népal. Et l’altitude rend ce jeu très compliqué et donc fantastiquement intéressant. C’est encore un jeu alpinistique à inventer en Himalaya.
Il y a encore beaucoup de chose à apprendre dans l’organisation des déplacements et la logistique. La progression continue est une première réponse pour ce style de challenge.

Comme dans les Alpes, tout devient encore plus compliqué si vous décidez de changer de versant et de vallée !
Par exemple le Mont Blanc depuis l’Italie avec une descente en France.

Mais quel jeu merveilleux !
C’est le projet que je propose à L’Himlung en ce printemps 2017, avec un retour dans la même vallée, à Phu.

Notre traversée de OUF à l'Himlung !
Notre traversée de OUF à l’Himlung !

Sur la fréquentation…

Confort, sécurité, rencontre, échanges, apprentissages, compétition, jeux de pouvoir, uniformisation, pollution, conflit, insatisfaction, dangerosité…
Quand plusieurs équipes se retrouvent au même camp de base et avec le même objectif, c’est un peu tout cela qui est en jeu, avec plus ou moins consciemment le profond déplaisir de ne pas vivre une montagne «à soi», quasi originelle.

Pour échapper à cet «enfer», parfois si agréable et confortable, il faut oser délaisser les sommets trop connus, trop classiques et trop fréquentés. Quitte à le payer au prix fort !

Celui de ne pas réussir…, ou plutôt d’avoir plus de difficultés pour réussir, de devoir mobiliser plus d’énergie, plus de compétences et de solidarités.
Mais n’est-ce pas cela aussi l’alpinisme ?

Voici quelques sommets de 7000 dans cette catégorie pour alimenter nos futurs projets et qui font parti de mes prochains objectifs, j’espère encore durant cette vie.

  • Tout à l’Ouest, l’Api 7132 m,
  • mais aussi le Churen Himal 7371m
  • ou le Gurja Himal 7193 m
  • ou l’un des petits Dhaulagiri.
  • Le Nilgiri 7061 m,
  • le Chamar North, 7165 m dans le massif de Shringi,
  • ou le Chamlang 7321 m,
  • le Makalu II 7678 m.
  • Et forcément quelques 7000 du massif du Kangchenjunga, mais lesquels ?
Seul au Panbari !!!
Seul au Panbari !!!

Expédition amateur, encadrée, commerciale ?

Toute ascension sur un sommet du Népal, quelque soit son altitude est forcément une entreprise commerciale.

Quelque soit la nature de l’objectif, la taille du groupe ou les compétence des alpinistes, au Népal il est obligatoire de s’assurer les services d’une agence népalaise. Et ces services, qu’ils soient minimalistes ou surdimensionnés sont forcément payants.

Avant de commencer une expédition, il faudra définir précisément nos besoins et négocier ces services. Il y aura forcément le coût des royalties, de l’OL, des assurances, le transport du matériel, les salaires de l’équipe népalaise et toutes les dépenses de nourriture et de logement jusqu’au camp de base. Bref, un budget souvent conséquent.

La cristallisation des discours autour des expéditions commerciales, a certainement évité de ce poser quelques questions cruciales sur l’avenir des acteurs népalais, sur une clarification des taches et des fonctions, des formations et des diplômes.
Et bien sûr, sur les salaires.

Car si pour nous une expédition sur un 7000 est simplement une forme organisée de loisir, elle est pour les népalais une véritable micro entreprise qui leur procure des revenus parfois importants.
Nos choix de sommet ou d’organisation ont donc des répercutions importantes dans l’économie du pays et sur la vie des Népalais.

Mais comment faire les choix les plus justes et les plus ambitieux
dans un monde en perpétuel mouvement et difficile à décrypter ?

Paul Grobel
Le 28 Juin 2016

N’hésitez surtout pas à laisser un commentaire ou de faire part de votre expérience.
Merci d’avance

Pas de Manaslu en 2015 mais un nouveau sommet… quand même !
Pas de Manaslu en 2015 mais un nouveau sommet… quand même !

 

16 réflexions sur “Le monde des 7000”

  1. Super article !
    Dans la liste des 7000 « a faire » je te suggere egalement le Saipal (tout a l’ouest, accessible apres un longue marche d’approche), l’Annapurna IV ou le Tilicho (camp de base pres du lac Tilicho, l’environnement est plutot chouette).
    Je n’ai pas encore le niveau, mais je travaille dessus. 🙂

    1. paulo.grobel@orange.fr

      OUI, j’ai été sur ces 3 sommets… Qui sont effectivement très beaux, mais pas vraiment simples. Bonne continuation.
      @+ Paulo_un été dans les Alpes

  2. Article très intéressant. Merci
    Je rêve de faire un 8000, mais pour le moment, le temps nécessaire à l’ascension et le budget constituent un gros frein.
    J’ai réalisé l’an dernier l’ascension de l’Aconcagua, mais il manquait quelques mètres pour dépasser cette limite des 7000.
    J’aimerais tenter un + de 7000 plutôt à l’automne.
    Mais mon choix ne s’est pas encore arrêté sur un sommet à gravir. Et pas trop difficle d’accès.

    Je continue mes recherches

    1. paulo.grobel@orange.fr

      Je te suggère de regarder la proposition de l’Himlung cet automne 2018 par Himalayan Travellers Nepal…
      C’est une expédition organisée par des Népalais avec un coût plus abordable. Une contrainte… être vraiment à l’aise dans des pentes de 34/40 et avoir une vraie liste de course !
      Bonne continuation.
      Paulo

      1. Merci pour ce retour

        Est ce que la liste de course doit être longue?
        J’ai entre autre l’Aconcagua, le Kili le chimborazo (Equateur) et quelques autres sommets autour ou au-dessus de 5000m

        Après tu vas peut être me répondre que ce sera le TO qui me dira et jugera…

        Merci pour ton retour

        Stéphane

        1. paulo.grobel@orange.fr

          J’aimerais plutôt inverser ton questionnement car il me semble que c’est à TOI de choisir le sommet qui te semble accessible (pour toi), en étudiant bien les caractéristiques techniques de l’ascension.
          Généralement les TO font peu cas de ce questionnement, pour de multiple raisons.
          Mais pour moi, c’est capital car je suis également sur le terrain en contact direct avec cette réalité de l’adéquation du choix en fonction de la difficulté.
          J’espère avoir répondu un peu à ta question.
          Salutations himalayennes
          Paulo

  3. Salut et merci à toi pour cet article.
    Je pars au Népal du 26 setp au 17 oct 20j pour un 7000 est-ce suffisant…
    Première expérience je suis monté à 6088 m en Bolivie je ne sais pas où sont mes limites et surtout quel trek faire telement de choix…
    Niveau budget je prévois entre 3000 et 5000 euros max…
    Bref si tu pourrais me conseiller merci à toi

    1. paulo.grobel@orange.fr

      Salut Guillaume…
      je suis bien embêté pour te répondre car je ne sais absolument pas comment faire tenir un 7000 en 20 jours. A moins de prendre l’hélico. Un 6000 est peut être pas mal non plus pour une première expérience au Népal.
      Bon voyage et on en reparle à ton retour si tu veux…

  4. Bonjour , merci pour cet article , après avoir fait le toubkal , 1 nuit , le mont blanc par le nid d’aigle , 1 nuit , le Kili avec terredav , 8 nuits , je serai intéressé par un presque 7000 , j’étais entrain de programmer l’aconcagua et en lisant votre article je préférerai faire ce sommet début mai 2019 au Nepal , je n’ai pas d’expérience d’alpiniste , j’ai une très bonne condition physique , toute l’année ( vélo , rando , ski alpiniste et trails ) , organisez vous une expédition au Nepal en mai 2019.Sportivement.

    1. paulo.grobel@orange.fr

      Oui bien sûr, les expéditions sont plus que jamais au coeur de ma pratique de guide. Et tu trouveras toutes les informations du projet du printemps sur cette page : http://www.paulogrobel.com/himlung-himal-2019/
      Bonne lecture et n’hésites surtout pas à me contacter sur mon mail perso. Bel fin d’automne.
      Paulo_encore au Népal et entre deux voyages en altitude.

  5. Bonjour,
    Merci pour ce long et instructif article !
    1 an déjà que je suis rentré de mon premier voyage au Népal (et de l’ascension de l’Island Peak). Je rêve d’y retourner et bien sur de faire un sommet « plus haut » (ah l’égo !) et la description du Luluga à l’automne 2019 m’intéresse vivement.
    Si j’ai bien lu la totalité de l’article c’est du style Alpin, encordé donc, avec pas ou peu de cordes fixes ? Avec une difficulté proche de celle de l’Island Peak ? Et pour le portage ?
    Pour la durée 5 semaines risquent d’être compliquées professionnellement…..a voir
    Merci pour ton retour

    1. paulo.grobel@orange.fr

      Bonjour ou plutôt Namasté, puisque je suis encore au Népal juste de retour d’un nouveau voyage au Mustang, entre blanc des glaciers et ocre de la terre.
      Pour ta question sur les cordes fixes du Lugula, c’est simple il n’y en a pas car nous n’en prendrons pas. Et donc la difficulté technique est inférieure à celle de l’Islande Peak (mais qui va aujourd’hui à ‘Island Peak sans corde fixe ?)
      Pour le Lugula, l’altitude et l’éloignement ajoute une autre dimension et une nouvelle difficulté.
      Pour le portage de nos affaires, nous sommes dans une progression continue avec le soutien d’une équipe d’alpinistes népalais. Et le poids du sac porté est calibré.
      Par contre, il y a deux propositions. L’une sur 4 semaines et une autre sur 5 semaines qui inclut la traversée des Bhrikuti.
      Et je reste bien sûr à ta disposition si tu as des questions. N’hésites surtout pas.

      Salutations himalayennes
      Paulo_bientôt at home

  6. Bonjour,
    Connaissez-vous les 7000 d’Asie centrale, du Pamir ?
    Pic Lénine ? Pic Samani ? Etc.
    Avez-vous déjà eu des expériences dans ces contrées ? Des agences à conseiller ?
    Cette région est moins fréquentée que le Népal ?

  7. bonjour!… passionné de montagne et autour du « globe » depuis une dizaine d’années je souhaite réussir un 7000 m… Déjà quelques 5000 m réussis seul (kazbek dont la fin glaciaire se situe en Russie auromne 2019…) Chachani 6090 m réussi automne 2021… Merci de pouvoir me dire le moins cher actuellement?!… et bonnes fêtes aussi…
    Jean claude Mettefeu

    1. paulo.grobel@orange.fr

      Bonjour Jean Claude
      La réponse à ta question est assez simple, les sommets de 7000 les plus « simples » à organiser se trouvent en Asie centrale. Et plus particulièrement le Pic Lénine…
      Bonne continuation
      Paulo Grobel

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