Himlung Himal, topo

Voici les informations techniques sur la nouvelle voie normale de l’Himlung.
 Ce sommet, déjà très fréquenté, va devenir le sommet de 7000 m le plus classique et certainement  l’un des plus fréquentés du Népal. (Il est donc temps d’y aller… !)

Une belle arête...
Une belle arête…

Ce topo a été écrit surtout pour les agences népalaises et les guides IFMGA népalais.
Pour offrir une alternative à la voie usuelle («l’ancienne» voie normale de l’article de Vertical) et éviter que d’autres alpinistes meurent sur cet itinéraire devenu, avec le temps, plus exposé aux avalanches (3 népalais y sont morts en 2013 !).

Depuis bien longtemps, je n’avais vécu une ascension aussi agréable sur un 7000 du Népal.
Pour cette nouvelle voie normale de l’Himlung :

  • le cadre des montagnes est grandiose,
  • l’itinéraire est intéressant et relativement court,
  • sans difficulté particulière, uniquement être à l’aise dans des pentes de neige à 30/35°
  • ni danger objectif particulier.
  • Seule, la dernière journée de l’ascension nécessite un effort important.

A lire aussi, le compte rendu de notre ascension de l’automne 2014.

Et celui de notre ascension de l’automne 2015.

Le French Base Camp sous la neige en 2014.
Le French Base Camp sous la neige en 2014.
La nouvelle voie normale de l'Himlung. Une très belle trouvaille de Kari Kobler.
La nouvelle voie normale de l’Himlung. Une très belle trouvaille de Kari Kobler.

Un petit retour en arrière.

Durant l’ascension en automne 2014, malgré la quantité de neige tombée et notre méconnaissance de l’itinéraire, les journées se sont enchaînées naturellement.
Nous avions opté pour une progression continue, avec deux jours pour déplacer chaque camp et pour s’acclimater en douceur, au total avec trois camps d’altitude.
La dernière journée, du camp 3 au sommet, nécessite un effort important sur un terrain relativement pentu (30 à 35°), où les conditions de neige déterminent la difficulté de l’ascension.

En 2015, de nouveau à l’automne, nouveau succès mais rendu plus aléatoire à cause de conditions météo difficiles. Mais surtout, pas de neige et une progression simplifiée avec tout le monde au rendez-vous du Camp 3.

Ce qui permet de confirmer :

  • la cotation technique (PD+ en neige, l’Himlung n’est donc pas un sommet facile !),
  • la longueur de la dernière journée.
  • la beauté des lieux.

En 2016, nous y sommes retourné au printemps pour pouvoir bénéficier d’un temps plus clément en altitude, d’une autre réalité de vie à Phu et de plus de tranquillité.

Le résultat est particulièrement intéressant… A lire dans « Incrédible Himlung » et dans « 3 photos pour l’Himlung ».
Mais aussi dans le blog de l’un des participants…, Benoît Cler

Cet itinéraire est maintenant très fréquenté par les agences népalaises et cela va forcément s’amplifier.

A lire aussi, une réflexion sur la progression continue, toujours à l’Himlung.

Et donc forcément, nous y retournons au printemps 2017, avec plusieurs projets, dont celui d’une grande traversée et d’une marche d’approche un peu différente.

A bientôt…


Le French Base Camp, en parure automnale !!!
Le French Camp, en parure automnale !!!
Une carte pour bien positionner l'emplacement du camp de base. Le point rouge correspond au camp de base de Kari Kobler. Le point rouge de l'autre côté du glacier au nouveau French Base Camp.
Une carte pour bien positionner l’emplacement du camp de base. Le point bleu correspond au camp de base de Kari Kobler. Le point rouge de l’autre côté du glacier au nouveau French Camp.
La traversée du glacier.
La traversée du glacier.
Le glacier, mais sans la neige ...
Le glacier, mais sans la neige …
Et des différents camps de la montagne
Et des différents camps de la montagne

 

Difficulté et cotations.

J’estime cet itinéraire IV/PD+ en neige, en cotation himalayenne.


Le camp de base. Kari Base Camp !

De la place, de beaux emplacements aménagés mais par contre une réelle difficulté pour l’approvisionnement en eau par l’équipe de cuisine.


 

Le «French Camp», 4925 m

N 28° 46 493
E 84° 20 969
1h à 1h30, suivant les conditions d’enneigement.

Juste de l’autre côté du glacier, mais radicalement dans un autre monde !

Après une descente raide mais courte (corde fixe), Il faut traverser le Glacier de Pangri sur de gros blocs peu commodes (cairns, balisage et «traces» de sentier) puis remonter la moraine de l’autre rive (peu confortable, chutes de pierres).
Ce nouveau «French Camp» inauguré en 2014 est plus petit, agréable et avec surtout de l’eau à proximité. Il est aussi à l’abri des avalanches.

La logistique pour l’installer est beaucoup plus complexe et couteuse car il est impossible de traverser le glacier avec des mules. Il y a donc une rupture de charge à gérer.

Le camp de base de Kari Kobler. Sous une avalanche ! A la même date en 2013, plus de 50 personnes y séjournaient
Le camp de base de Kari Kobler. Sous une avalanche ! A la même date en 2013, mi Octobre, plus de 50 personnes y séjournaient

Le Camp 1.  5435 m

N 28° 45 384
E 84° 22 147

De nombreux emplacements sont possible. Nous y avons même installé l’équipe de cuisine en 2015. Il y a de l’eau à proximité.
Depuis Kari Base Camp, traverser le glacier pour rejoindre le French Base Camp.
Puis l’itinéraire est très simple et rapide (2 à 3 h) sur un terrain de randonnée, avec des moraines et des vallons.
L’enneigement change bien sûr la progression, mais il n’y a pas de pentes particulièrement avalancheuses sur le parcours.


Camp 2. 6035 m.

Notre Middle Camp 2, en 2014
N 28°46 591
E  84° 23 138

Il y a trois emplacements différents en fonction du choix de progression.
Low, Middle or Hight.

Le dernier, le plus haut, étant utilisé comme base de départ pour le sommet. Ce qui augmente d’au moins une heure (ou +) la durée d’une ascension déjà longue et éprouvante (et autant au retour) soit au minimum deux heures de plus.
Est ce vraiment pertinent ?

L’itinéraire est impressionnant (de loin !) mais la pente initiale en éboulis avec de petits éperons ne présente pas de difficulté. C’est juste un exercice peu agréable. Un « sentier » y a été aménagé en 2013 par les équipes de Kari Kobler.
Rejoindre sur la droite le sommet d’une côte qui permet de basculer sur l’autre versant. Une traversée dans des pierriers suspendus (trace de sentier) conduit sur le bord du glacier. Longer le glacier (crevasses et terrain bouleversé, cailloux et neige…) jusqu’à prendre pied sur le glacier plus plat avec de grandes marches, quelques détours nécessaire.

En fonction des saisons et de l’enneigement,
ce passage représente le point délicat de l’ascension.

Remonter le glacier en contournant quelques crevasses, puis en s’écartant un peu du mur de glace (chutes de séracs).
Le premier Camp 2 (Low C2) se situe sur un replat formé par une crevasse, uniquement pour 4 ou 5 tentes.
Plus haut, à 1/4 h, l’emplacement du «Glacier Camp» est à la fois très agréable et suffisamment vaste pour accueillir plusieurs groupes.
Le C2 Hight se situe 1/2 h après le Low, juste avant une petite descente.

Nous avons évolué encordé sur le glacier,
même s’il présente peu de dangers liés aux crevasses.

La nouvelle voie normale de L'Himlung depuis le Gyajikang. D'autres emplacements de camps peuvent être aussi utilisés.
La nouvelle voie normale de L’Himlung depuis le Gyajikang.
Presque sur l'arête.
Presque sur l’arête.
La traversée pour rejoindre le glacier, rien de bien difficile car il y a même un petit sentier dans les éboulis.
La traversée pour rejoindre le glacier, rien de bien difficile car il y a même un petit sentier dans les éboulis.
Le passage le plus complexe, entre falaise et glacier.
Le passage le plus complexe, entre falaise et glacier.
A la sortie du glacier, les pentes sont beaucoup plus confortables. La corde est d rigueur, malgré le peu de risque.
A la sortie du glacier, les pentes sont beaucoup plus confortables. La corde est de rigueur, malgré le peu de risque.
Christine fait de l'eau, tranquillement installée devant la tente. Les garçons font certainement encore la sieste.
… tranquillement installée devant la tente, dans un cadre grandiose.
Notre équipe népalaise... encordée bien sûr !
Notre équipe népalaise… encordée bien sûr !

Le Camp 3. 6210 m.

N 28°46 758
E 84°23 942
2 h max…

Grande et belle ambiance, un lieu exceptionnel.

Depuis le C2 Hight, Il est très facile d’accès en continuant de remonter l’épaulement glaciaire jusqu’à la dernière bosse avant l’arête (plusieurs montées & descentes).
Peu ou pas de risque d’avalanches ou de coulées avec les pentes au-dessus (à vérifier par conditions exceptionnelles).
Depuis ce camp, il est également possible de gravir un petit sommet (le Karma Himal) à plus de 6000, si les conditions météo ou la forme du groupe ne sont pas au rendez-vous.

Vers le dernier camp.
Vers le dernier camp.
Vers le camp 3. Des up and down, mais aucune difficulté dans un cadre à couper le souffle.
Vers le camp 3.
Des up and down, mais aucune difficulté dans un cadre à couper le souffle.

Pour le sommet.

Il s’agit d’une vraie grande journée !

La première partie de l’ascension consiste à rejoindre le col de l’arête Ouest par des pentes de neige un peu raides, 35° souvent en neige dure et exposées. Des cordes fixes sont souvent installées (peut-être 600 m, 3 rolls de Koreen rope, broches utiles).

Il me semble que cette partie de l’itinéraire est devenue classique quand l’ancienne voie normale était encore fréquentée. Peut être est-il judicieux actuellement de choisir un itinéraire plus direct pour rejoindre le col ?

Puis, au col même, la pente devient plus douce avec des replats. Une traversée conduit à la pente principale, d’abord peu pentu puis elle se redresse progressivement.
Après une rimaye, généralement sans problème, la pente le long de l’arête se creuse. C’est le passage le plus raide environ 400 m à 30/35°. Par neige dure, l’exposition est  forcément importante.
On débouche ensuite sur l’arête, avec une pente légèrement plus douce, jusqu’à un replat avant la dernière petite pente finale.

La fin est une affaire de mental et il faut aussi rester concentré pour la descente !

La difficulté technique de l’Himlung.

L’Himlung n’est définitivement pas un sommet facile et sa voie normale depuis le camp 3 peut être côté PD+ en neige avec une pente à 35/40° dont l’exposition est importante.
Bien sûr, surtout par neige dure ou glacée.
L’ascension de l’Himlung nécessite donc une réelle expérience en alpinisme pour être à l’aise dans ce style de pente (où toute glissade est interdite), avec une très bonne forme physique car l’effort est important et se déroule en altitude.

Pour illustrer ce style de compétence, il n’est pas facile de trouver des courses équivalentes dans les Alpes, surtout maintenant que les courses de neige deviennent de moins en moins fréquentables.
Je vous propose :

  • Le couloir Coolidge au Pelvoux.
  • Le Glacier du Milieu à l’Aiguille d’Argentière
  • La traversée du Lyskamm
  • La traversée du Mont Blanc

Bien sûr, on pourra me dire qu’avec des cordes fixes, pas besoin d’avoir ce niveau technique. 
« Tout le monde peut faire l’Himlung ! » 
Bien sûr c’est faux… ! 
Avant tout pour des raisons de sécurité.
Puis, parce que les cordes fixes sont un vrai débat et que l’équipement du printemps n’est pas celui de l’automne, qu’il peut neiger avec du vent…, et alors adieu les cordes fixes !

Depuis le dernier camp...
Depuis le dernier camp…
Le retour... Nous rentrons tranquillement au camp. Juste devant nous, la cordée de Corinne et Xavier et plus loin, Hugues et Jangbu.
Le retour… Nous rentrons tranquillement au camp. Juste devant nous, la cordée de Corinne et Xavier et plus loin, Hugues et Jangbu.
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Une vue plongeante sur les deux sommets qui sont traversées par l’ancienne voie d’ascension.

Un beau moment, pour Zangbu Sherpa. Son premier 7000 !
Un beau moment, pour Zangbu Sherpa. Son premier 7000 !

Style de progression.

Il existe actuellement trois manières principales d’envisager cette ascension.

  • En progression traditionnelle «en dent de scie», avec installation fixe des camps d’altitude et retour au camp de base.
  • En progression continue (appelé aussi Slow Expedition ), avec un seul jeu de tente et un déplacement en continue, SANS retour au camp de base, mais avec des aller-retour pour installer le camp supérieur.
  • En technique alpine «pure», en continu et sans aller-retour, après une acclimatation préalable sur un autre sommet.

A chacun de choisir la formule qui lui convient le mieux, ou plutôt de vivre le mieux possible la formule choisie par les Népalais !


Un nouvel itinéraire par l’arête Ouest me semble également possible, avec un camp supplémentaire.
C’est aussi notre projet pour le printemps 2016.

Et si l'année prochaine nous allions ouvrir une nouvelle voie sur l'Himlung !
Et si l’année prochaine nous allions ouvrir une nouvelle voie sur l’Himlung !

Bon voyage en altitude.

N’hésitez pas à laisser un commentaires ou à compléter ces informations.
Merci d’avance.

Paulo Grobel
Modifié le 12 Novembre 2015 à Kathmandu, à mon retour de l’himlung.

Comme le copier-coller est une pratique courante pour les agences népalaises (ou les guides UIAGM)… pas de souci si vous souhaitez utiliser les photos de cette page mais ayez juste l’élégance de citer l’origine ou l’auteur (par exemple soit www.paulogrobel.com soit copyrigh Paulo Grobel).
Mais je ne me fais non plus pas beaucoup d’illusion !!!

Pour mémoire, l'ancienne voie normale. Crédit :
Pour mémoire, l’ancienne voie normale. A ne surtout pas fréquenter !!!
Crédit : www.trekkinginfonepal.com

8 réflexions sur “Himlung Himal, topo”

  1. paulo.grobel@orange.fr

    Une question de Serge.
    « partant à l’Himlung au mois d’octobre avec 3 clients, combien de m de fixe me conseille tu d’emmener avec moi ?
    Sachant que nous évoluons encordé évidemment, sherpas compris.
et si tu a qq conseils a prodiguer sur cette montagne, ils seront les bienvenus !!
    (septembre 2016)

    Et la réponse…
    Namaste Serge.
    Juste avant le départ au Dolpo, une réponse rapide. Sorry…
Pour l’Himlung, perso, je prendrait juste 50/100 m de corde statique, simplement pour sécuriser la liaison avec le glacier au-dessus du déposit entre C1 & C2. Plutôt de la vraie corde, pas des cordes à linge coréennes.
    Pour la suite, bien sûr en progression continue.
    Tu verras, ça change tout ! Faut juste oser…
    Le plus important… Pour moi, l’idéal à l’aller est de ne rester qu’une seule nuit au camp de base de Kari Kobler pour ne pas traverser le glacier plusieurs fois et donc d’installer un Camp de Base Avancé au French Camp. Plus calme et avec de l’eau pour la cuisine.
    Au retour, je ne l’utilise pas pour simplifier le travail de l’équipe. Concrètement, nous ne traversons le glacier qu’une fois à l’aller et une fois au retour.
    Tu me raconteras à ton retour car j’y retourne le printemps prochain.
    Bon voyage à toute l’équipe.
    Paulo_depuis Boudhanath

  2. Salut Paulo,
    Habitue des randos au Nepal (et de la vie la-bas, ayant etudie a KTM), j’ai mes quartiers vers Annecy depuis peu, et je me lance un petit defi pour mes 40 ans (soit dans 4 ans), celui de monter a l’Himlung (la volonte de faire un 7000). Je l’avais deja apercu lors d’une montee d’acclimatation a l’Himlung BC sur le trek Naar-Phu/Tilicho en 2015.
    Je n’ai pas un niveau extraordinaire en escalade, et quasi-zero en alpi. Penses-tu que c’est un objectif jouable en tablant une preparation sur 3-4 ans ?

    Merci de ton retour. 🙂

    PY

    1. paulo.grobel@orange.fr

      OUI, c’est bien sûr possible. Le mieux c’est de poursuivre cette conversation avec mon mail perso. paulo.grobel(at)orange.com

    1. paulo.grobel@orange.fr

      Ben par exemple Himalayan Travellers… C’est la petite agence qui organise toutes mes expés. Alors forcément, Bishal connais bien l’Himlung car c’était aussi notre première expédition ensemble en 2002 !
      Je reste à ta disposition pour un contact plus précis sur mon mail perso.

      Et pour ce topo de l’Himlung, il faut encore que je trouve le temps pour l’actualiser… Sorry
      Salutations himalayennes
      Paulo_juste de retour à La Grave

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