Cette page raconte l’histoire de la mise en place du premier stage de formation des guides de trek au Népal, aux standards européens du diplôme Mountain Leader.
Mon objectif est de documenter l’évolution de la situation du monde de la montagne au Népal, du coté des professionnels du trek ou des expéditions. Et pour présenter les personnes clefs de cette évolution (bien sûr, dans notre microcosme franco-français).
Merci également à Trekmag d’avoir consacré quelques pages à ce sujet.
Dans ce grand dossier en perpétuel évolution, vous pouvez suivre l’actualité et retrouver sur mon site des pages sur :
- « Nepali jungle », sur l’emergence des agences népalaises pour les expéditions
- « Les expés en partance pour l’année 2017 », une analyse des offres des TO français.
- « Avec qui partir ? », une mise en garde sur l’encadrement des expés pour les grands sommets.
En préparation :
- Une analyse de l’offre népalaise pour un grand sommet comme le Makalu, en relation avec l’expé Makalu 2018.
- Et bien sur les expéditions en partance 2018 avec un chapitre consacré aux agences népalaises francophones, et un bilan des expés réellement parties en 2017.
La formation des guides de trek au Népal
Été 2017.
Cette date est historique car c’est la première édition officielle d’une formation qualifiante de Mountain Leader, organisée par la NMA (Nepal Mountainering Association) avec le soutien de l’UIAA (Union internationale des Associations d’alpinisme).
L’IML (International Mountain leader) est l’équivalent au niveau international de notre AMM (l’Accompagnateur en Moyenne Montagne).
C’est bien sûr le début d’une nouvelle réalité au Népal, mais c’est surtout l’aboutissement d’une belle histoire.
En 2002, Henri Sigayret (Sherpa Sig), mettait en place avec la NMA une formation technique(plutôt alpinisme) de courte durée, en complément des stages Basic et Advanced. Une action basée à Kakani, sur les hauteurs de Kathmandu, avec comme support une structure artificielle d’escalade de sa conception. Bénévolement, il est secondé par un ami (guide de haute montagne UIAGM) Patrick Magnier, qui l’année suivante va permettre d’officialiser et de pérenniser la formation avec le soutien de la Fondation Petzl qui apportera un encadrement qualifié et une dotation en matériel. Depuis, toujours sous l’égide de la NMA, le « Petzl Training » connaitra un beau succès, avec un changement de positionnement initialisé par Philippe Deschamps (alors directeur de la Fondation Petzl) pour mieux répondre aux besoins des guides de trek népalais en tenant compte des autres formations techniques mises en place par les instructeurs/guides de la NMIA (Nepal Mountaineering Instructor Association).
- En particulier, le contenu cartographie est très complet et permet enfin au guide d trek népalais d’avoir un début de compétence en lecture de carte.
Doucement, une réflexion émerge sur la nécessité d’une qualification internationale d’une formation de guide de trek, suivant en cela l’exemple de la mise en place de la formation de guide de Haute Montagne UIAGM au Népal.
Une dynamique soutenue par Steve Long, responsable des formations à l’UIAA ou Eric Lescarcelle, avec un groupe de formateur du Petzl Training particulièrement compétent (Mani Rai, Man Bahadur Karki, Vinayack Jay …). Nous avons d’ailleurs travaillé ensemble avec Mani Rai pour la formation des jeunes népalaises de Sherpa Women Project, pour construire un contenu identique à la formation Mountain Leader
La formation des guides de trek au Népal
Le chemin vers une formation officielle de L’IML, avec un vrai diplôme à la clef, est encore long et difficile.
Il faut construire un contenu, un format adapté aux disponibilité des stagiaires, qualifier les formateurs, convaincre la NMA et surtout organiser et valider une première session.
Jusqu’à aboutir à cette première session historique.
Les étapes suivantes seront la création d’une association des professionnels diplômés du trek (du style NNMGA, Nepal National Mountain Guide Association) puis sa reconnaissance au niveau internationale pour aboutir enfin à un agrément international et à la délivrance d’un diplôme d’IML.
Il existe également quelques népalais, vivant plus ou moins en France, diplômés AMM.
Vont-ils s’impliquer dans cette dynamique ?
Les TO de toutes nationalités se sont impliqués depuis longtemps dans la formation des guides de trek népalais avec des actions pilotées par leurs réceptifs locaux et à destination de leur personnels respectifs.
Thamserku, pour et avec Allibert, a fait très régulièrement des formations pour ses « guides francophones ».
L’IFREMMONT et quelques médecins se sont également impliqués dans ces formations «maison» pour le contenu médical (par exemple Manu avec Tirawa).
Dans les différentes agences, ces accompagnateurs formés et compétents (mais non officiellement diplômés), ont tous une licence de guide de trek après une formation d’un mois mis en place par le gouvernement et indispensable pour être enregistré et en règle au Népal. Ils sont payés entre 50 et 90 €/jour, ce qui est relativement important au Népal, mais avec aussi des groupes pouvant aller jusqu’à 12/15 personnes.
Pour mémoire, le salaire mensuel moyen à Kathmandu est de 15 à 20 000 rpn (soit 150 à 200 €).
La formation des guides de trek au Népal
Et maintenant ?
Bishal Rai a participé à ce premier stage, peut être arriverai-je à récupérer quelques photos ou documents ?
Cette nouvelle formation ne va certainement pas révolutionner le monde du trek au Népal.
Mais c’est une première pierre positive (?) et une évolution importante au Népal.
- Comment vont réagir les TO Français avec l’émergence de ces nouveaux acteurs du trek, diplômés aux standards internationaux ?
- Et du côté des agences népalaises ?
- Ou de la foultitude de jeunes népalais auto proclamé « guide de trek » ?
- L’avis aussi des clients que nous sommes ?
- Quel en sera la répercussion sur l’encadrement des treks à plus long terme, dans dix, quinze ans ?
Il faut juste espérer que cette formation IML va s’ancrer définitivement dans le paysage des professionnels népalais du trek jusqu’à atteindre une taille critique suffisante pour devenir représentative d’une qualité de formation, de compétences reconnues et surtout attestées par un diplôme international.
Paulo_juste avant un départ pour le Dolpo
Le 8 septembre 2017
Bonjour,
Connaissant un excellent himalayiste népalais et réel Sherpa (!), grimpeur de plusieurs sommets, ayant aussi fait les stages de l’IFREMOUNT, dont le récent sur le secours en montagne avec le Dr Cauchy, je trouve que ce n’est pas juste une reconnaissance de ces grimpeurs. Leur expertise dans leur terrain (climatologie, historique des ascensions, connaissances des voies… « ouvreur » des ascensions européennes, la première étant l’Everest) DOIT être respectée et de ce fait digne d’un diplôme tout à fait équivalent à l’International. Beaucoup d’équipes européennes, et notamment françaises, sont en charge de l’apprentissage des normes internationales.
Je me souvient d’un reportage sur une session de formation française, un jeune népalais (18 ans maximum) sans « technique européenne d’alpinisme », interrogé en ascension sur un mur: « Avez-vous déjà une expérience de l’ascension? » un peu surpris de la question le jeune répond: « Toutes…? en tout cas l’Ama Dablam plusieurs fois avec mon frère » !!!
J’espère que cette reconnaissance soit enfin, établie.
Namasté…
le sujet de cet article était la randonnée.
Et paradoxalement le sujet est bien plus complexe, l’avenir beaucoup plus incertain pour le ML que pour les guides de haute montagne IFMGA dont la réalité est maintenant bien ancrée avec une réelle reconnaissance internationale.
Au moins, cette évolution est en marche.
Salutations himalayennes
Paulo Grobel