L’expédition scientifique du Haut Tour des Écrins

Une déambulation scientifique sur le Haut Tour des Écrins. Un projet « Refuges Sentinelles »

Ce titre peut faire sourire. Et effectivement, je suis moi même époustouflé par ce qu’il suggère. Et, le plus surprenant c’est qu’il reflète une certaine réalité, un vrai projet de recherche.

Tout a commencé par un formation organisée par le Parc des Écrins : « Biodiversité et Botanique », encadré par Cédric Dentant, Julien Charron, Brad Carlson et Philippe Bourdeau, fin mai 2021. Ce fut un temps de partage très riche avec des collègues guides sur le Glacier Blanc, à étudier les fleurs en altitude, aborder le réchauffement climatique, les glaciers, et mettre en place un protocole d’observation des pratiques et de la Flora Alpinicus, dans le cadre du projet « Refuge Sentinelles », sous l’égide de RefLab, la FFCAM, le Parc des Écrins et le Syndicat des guides de montagne. 

L’expédition scientifique du Haut Tour des Écrins !

Le Haut Tour des Écrins… entre randonnée alpine, Itinérance culturelle, expédition scientifique. 

Et pour vivre l’alpinisme comme un voyage !

L’objectif est de mener ensemble une observation des faits marquants que nous allons découvrir au fil des jours de ce Haut Tour des Écrins. Ils seront à la fois notés dans cette page jour par jour et comparés d’une année sur l’autre. Mais aussi partagés avec le groupe WhatsApp « biodiv & Bota ». 

Il s’agira également de documenter le mieux possible ce parcours du Haut Tour des Écrins.

L’expédition scientifique du Haut Tour des Écrins

Avec mes remerciements à Brad Carlson et à toute l’équipe du CREA pour cette documentation incroyablement riche.

Une courte explication pour mieux comprendre l’évolution climatique en montagne. Et une motivation encore plus grande de mieux observer notre environnement naturel. Du glacier de la Girose au coeur des Écrins.

Observer, comprendre, protéger, s’adapter… Un beau programme de vie.

"L’expédition scientifique" du Haut Tour des Écrins...
Quelques points de repère pour les observations.

Les pratiques : 

  • En cette mi juin, y a-t-il des cordées, des groupes, qui réalisent le même itinéraire ?
  • Comment évoluent-ils (cordées de combien, type d’encadrement ?)
  • Y a t-il des traces ?
  • Quelle est la fréquentation des refuges ?

Les conditions de la montagne  :

  • Quel temps fait-il ? Où se situe l’isotherme ?
  • Quel est l’enneigement ? À quelle altitude démarre l’enneigement ?
  • Comment est la neige ?

Faune & Flore :

  • Avons-nous observé de la faune ?
  • Quels sont les fleurs que nous avons observées sur l’itinéraire ?
  • À quel endroit de l’itinéraire ?
  • A quelle altitude ?
  • Photos ?

Et, en fin de journée, au refuge et devant une bonne bière, nous allons essayer de mettre en commun nos diverses observations, en un inventaire surprenant.

L’expédition scientifique du Haut Tour des Écrins
Un piton historique, mais aussi une petite fleur emblématique de l'altitude, la "drave douteuse" (Draba dubia). Au Pilier Sud des Écrins. Crédit : Cédric Dentant, Parc national des Écrins.

Et voici les dernières recommandations de l’initiateur de cette observation participante et participative,(Philippe Bourdeau)

« Ce projet te permet de faire une sorte de « coupe socio-topographique » du massif. Tout au long de l’itinéraire, au jour le jour, dans l’esprit d’une expé scientifique, il s’agirait d’exercer la curiosité et la réflexivité des participant.e.s afin de repérer et d’observer dans l’environnement et les pratiques de la montagne des faits et des indices : 

  • est-ce qu’il y a du monde (très peu, un peu, beaucoup, plus ou moins que d’habitude, où par rapport à ce que vous pensiez ?), 
  • et qui sont ces gens : des habitués, experts, nouveaux montagnards ? 
  • Que font-ils ? (des sommets et voies classiques, ou sortent-ils des clous ?) Plus ou moins de femmes, de jeunes, de vieux briscards ? 
  • Sentez-vous chez eux une longue expérience ou une fraîcheur de la découverte ? 
  • Sont-il sur-équipés avec le catalogue du Vieux campeur sur le dos ou équipés de bric et de broc en Décathlon & sac de papa ? Plutôt sur la neige ou le rocher ? 
  • La montagne est-elle pleine de traces ou « traceless » ? comment vivez-vous les alternances entre endroits plus fréquentés (refuges, itinéraires, sommets) et endroits à l’écart des flux ? 
  • Qu’est-ce que ça fait de s’engager dans un trek au sein des Ecrins plutôt qu’au Népal ? 
  • Et de prêter attention à l’environnement et pas seulement à l’action technico-sportive ?

N’hésitez pas à faire des comptages (22 personnes au sommet ce jour là), des photos, des croquis ou dessins…

Ce n’est qu’une ébauche de feuille de route. Tout ce que vous pouvez récolter en tant qu’observateur en mouvement, in situ et in vivo, est intéressant !

Mais aussi :

  • Quelles ambiances ressentez-vous ? 
  • Quels contrastes ? 
  • Dans les différents lieux que vous croisez ? 
  • Dans la relation à la montagne ? 
  • Au sein du groupe, avec les autres personnes que vous rencontrez ? 
  • Quels effets de la lenteur, de l’immersion sur le groupe, les individus… ?

Et bien sûr vous ajoutez tout ce qui vous semble marquant…

L’expédition scientifique du Haut Tour des Écrins. Les étapes du Haut Tour des Écrins.

De La Grave à La Bérarde

  • Samedi J-1 : Rendez-vous à La Grave
  • Dimanche : montée au refuge Chancel
  • Lundi : Glacier de la Girose. Col du Lac, Dôme de la Lauze, refuge de La Selle.
  • Mardi : Glacier de la Selle. Col du Replat, Tête du Replat, refuge du Chatelleret.
  • Mercredi : Glacier des Etançons. brèche de la Meije, refuge du Promontoire.
  • Jeudi : La Bérarde.
  • Vendredi : Refuge de Temple-Écrins.
  • Samedi : Glacier de La Temple. Pic Coolidge, La Bérarde.
renoncule des glaciers
Une petite renoncule des glaciers... Ma plante fétiche ! Crédit : Cédric Dentant, Parc National des Écrins.

« La Renoncule des glaciers est une championne de l’escalade. Elle combine des individus à la croissance très lente (ils produisent leurs fleurs sur plusieurs années) et une population aux capacités de conquête ultrarapide, talonnant le recul des glaciers. On sait par exemple que les centaines d’individus qui composent aujourd’hui la colonie du Glacier Carré, à la Meije, n’y étaient pas lorsque Gaspard et Guillemin installèrent leur bivouac, lors de la seconde ascension de l’aiguille en 1878…

« La haute montagne n’est pas un désert biologique », confirme Cédric Dentant. Seulement, plus personne n’est là pour l’observer : quand on regarde où l’on met les mains, c’est en général pour s’agripper au rocher, pas pour admirer les petites fleurs. »

In Alpinemag : « Si Darwin avait été alpiniste »

De La Bérarde au Valgaudemar

  • Samedi J-1 : La Bérarde, Auberge de la Meije
  • Dimanche : Refuge de la Lavey
  • Lundi : Col des Fétoules & école de neige. Refuge de la Lavey
  • Mardi : Refuge de Font Turbat
  • Mercredi : Refuge de l’Olan
  • Jeudi : Refuge de Chalanche.
  • Vendredi : Refuge du Pigeonnier
  • Samedi : Retour à La Bérarde
L’expédition scientifique du Haut Tour des Écrins
Cédric Dentant, dans son élément... Crédit : Parc National des Écrins

Paulo, fin mai 2021… Juste de retour des Écrins

L’expédition scientifique du Haut Tour des Écrins
En espérant apporter nous aussi notre modeste contribution à cette rencontre de la fin de l'été 2021.
botanique d'altitude
Un poster inspirant du Parc National des Écrins, pour s'intéresser à la botanique d'altitude.
le haut tour des écrins
Et un livre indispensable....
Avec Cédric au refuge des Écrins. Un très bon moment, hors du temps et en bonne compagnie. Crédit Philippe Bourdeau

4 réflexions sur “Une déambulation scientifique sur le Haut Tour des Écrins. Un projet « Refuges Sentinelles »”

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