En ce début décembre 2019, il n’est pas surprenant que le compte rendu de la dernière expédition au Lugula, soit complété par une page intitulé RETEX Himalaya.
RETEX signifie tout simplement RETour d’EXpérience (parfois on parle aussi de REX).
Je viens de participer à un stage de recyclage de guide puis à l’AG des guides et enfin aux Assises de la Montagne à Megève.
Et, à chaque fois, les RETEX étaient au coeur des débats.
L’enjeu est clairement exprimé : diminuer les accidents impliquant des guides et plus largement diminuer les accidents en montagne.
Comme chaque automne, je rentre également de plus de deux mois d’expédition au Népal où nous sommes quelques fois passés à deux doigts d’un accident. Rien de grave à première vue, mais plus encore pour les expéditions, on parle rarement de ces incidents, de ces expériences pourtant riches d’enseignement.
Plus grave, au Népal et pour les expéditions, il s’agit d’une véritable Omerta.
Comme par exemple, lors de ce décès d’un kitchen boy, durant un simple trek au Mustang sur « le chainon manquant » et encadré par Laurent. Pourquoi n’en parle t’on pas ? Simplement pour comprendre vraiment ce qui s’est passé et pour que cela ne se reproduise plus.
Le décès de Rajan après son ascension du Kanch mériterait également d’être abordé, partagé entre nous.
C’était un jeune guide, le plus performant de notre équipe…, et forcément l’histoire des bonus doublés pour le sommet ont eu un impact sur les efforts importants qu’il a fait durant l’ascension et qui ont ensuite déclenché sa maladie au retour.
RETEX Himalaya et Himalayan Travellers
L’objectif majeur de mes prochaines années d’expédition est justement d’augmenter les compétences de l’équipe de guides d’Himalayan Travellers, la petite agence dédiée aux expéditions que nous avons monté avec Bishal.
Les RETEX, issus de la réalité même de ces expéditions partagées, sont le moyen idéal d’une prise de conscience et de l’élaboration d’une stratégie et de moyens pour éviter les accidents. A nous de faire des RETEX les plus approfondis possibles, pour décider ensemble des mesures à prendre pour augmenter la sécurité de ces ascensions à très haute altitude. Sans vouloir chercher un coupable, ni surtout le sanctionner.
Et tout le monde sait que c’est un exercice particulièrement difficile et douloureux. Mais salutaire, et au final rassurant.
RETEX et partage.
Il existe plusieurs moyens de partager des RETEX auprès des autres pratiquants.
- Sur mon site internet par une page dédiée à chaque expédition, par exemple en 2019, RETEX Lugula.
- Pour l’ensemble des guides, avec l’outil mis en place par le syndicat professionnel, le SNGM.
« Dans le cadre de son travail de recherche de moyens de baisser l’accidentologie de ses adhérents, le SNGM développe une démarche de collecte et d’analyse des retours d’expérience : les RETEX. »
Et donc accessible uniquement aux guide de haute montagne du SNGM.
- Dans le cadre amateur et accessible à tous, sur une plateforme spécifique développée par Camp 2 Camp.
« Depuis 2012, la Fondation Petzl soutient un collectif de recherche pluridisciplinaire afin d’améliorer les connaissances sur l’accidentologie des sports de montagne. Mieux connaître l’ampleur du phénomène, les profils des victimes et les contextes propices à l’occurrence d’accidents, permettra à terme d’améliorer la prévention. »
https://www.petzl.com/fondation/projets/accidentologie-sport-montagne?language=fr
RETEX… Quelques questions récurrentes :
- Pourquoi s’intéresser non seulement aux accidents mais aussi aux quasi-accidents et aux incidents ?
Au même titre que l’étude des accidents, l’analyse des scénarios d’incidents et de quasi-accidents permet d’identifier des circonstances propices, des facteurs de risque récurrents ou encore des secteurs sensibles. En cela, ils possèdent une grande valeur pédagogique, d’autant plus que contrairement aux accidents, les incidents et les quasi-accidents présentent un intérêt spécifique : permettre l’identification des facteurs qui ont permis d’éviter un véritable accident.
- Pourquoi partager le récit de ses mésaventures en montagne ou en pleine nature ?
Les incidents, quasi-accidents et accidents dont nous sommes témoins ou victimes sont riches d’enseignements pour nous-mêmes et les autres. L’objectif de cette base de données est de recenser ces événements dans le monde entier et de les partager avec le plus grand nombre.
En apportant votre témoignage à cette base de données : - Vous partagez votre mésaventure pour en faire une situation d’apprentissage au service de la communauté.
- Vous misez sur l’intelligence collective pour alimenter la connaissance des scénarios d’accident.
- Vous participez à la construction d’une culture du retour d’expérience à partir des situations problématiques vécues.
- Vous facilitez la production de conseils techniques et la progression de la recherche en accidentologie.
Les RETEX de mes expéditions.
L’objectif est donc de partager ces RETEX Himalaya sur les trois plateformes disponibles. Le SNGM, SERAC sur C2C et mon site personnel.
En utilisant également les réseaux sociaux, comme mon compte FB.
Puis, de les traduire en Anglais pour les partager sur le site d’Himalayan Travellers.
Et enfin, d’en faire le coeur de mes actions de formation avec l’équipe des guides d’Himalayan Travellers.
- Flying Philippe
- Karma et Sonam dans le mauvais temps
- La nuit « torride » de Hugues et Stanislas
Et il y en aura certainement d’autres pour mes prochaines expés.
- Le Manaslu au printemps.
- Le Kang Garu puis le Ladies Peak à l’automne.
Bien sûr, votre avis m’intéresse. N’hésitez surtout pas.
Le champ « commentaire », en bas de page est fait pour ça.
Et rendez-vous pour le prochain épisode des RETEX Himalaya
Paulo_de retour à La Grave…
Le 8 décembre 2019
J’apprends le décès de Rajan et une grande tristesse m’envahit.Je connaissais ce jeune garçon que j’avais cotoyé au cours de différents voyages au Népal.Toujours d’humeur enjouée il savait gagner la sympathie de chacun.Toutes mes pensées vont à sa famille.Toutes celles et ceux qui l’ont connu ne l’oublieront pas.