Le petit matin au refuge de l’Aigle est un moment exceptionnel.
Il est 6h du mat, pas un bruit dans le refuge. Doucement les premières lumières de l’aube s’invite dans le refuge, la nuit s’éclipse. Quelques personnes s’activent vers la coursive de l’Est et les toilettes.
Puis, le premier rayon de soleil envahi la pièce.
Louis empoigne son accordéon pour une valse romantique. Petit instant de bonheur et sourires communicatifs. La journée commence bien.
C’est la dernière de notre Tour de la Meije à ski.
Pour nous, aucune précipitation. Nous avons décidé de rester au refuge jusqu’à dix heures. Les conditions à la Meije Orientale ne sont pas vraiment bonnes actuellement et le ski à la Tête des corridors ne nous inspire guère.
Déjeuner tranquillement, observer le glacier, préparer notre descente et la première main courante, échanger avec Louis et Julien, les gardiens des lieux. Le temps s’écoule tranquillement.
J’aime ce temps, cette forme d’entre-deux, à simplement être là. Ne pas vouloir faire absolument quelque chose pour remplir et rentabiliser notre temps. S’arrêter et s’imprégner des lieux. Déguster chaque instant, forcément unique.
Profiter de l’Aigle, le plus simplement possible…
Vivre un temps au refuge de l’Aigle, c’est être en symbiose avec ce territoire de haute montagne. C’est véritablement « Être en Meije ». Présent et acteur d’une histoire de culture montagnarde. Et j’aime beaucoup la phrase de Jacques Anglade dans un ancien rapport pour la rénovation du refuge, « L’unité du lieu fait du refuge de l’Aigle une machine à vivre ensemble le temps de l’abri ». C’est un refuge Phare, un refuge unique.
Ce choix de prolonger notre séjour au refuge peut sembler anachronique et perturbant. Mais, avec mes compagnons de raid, c’est ce que nous avons décidé. Il est en accord avec toute la dynamique que nous avons mis en place depuis le début de la semaine : faire ensemble et s’adapter à la réalité des lieux, pour vivre le mieux possible l’instant présent.
Et ce dernier jour se doit d’être exceptionnel.
Le cadre est grandiose, le refuge est hautement symbolique et imprégné d’histoire, la descente comporte quelques passages délicat à négocier après une chute de séracs gigantesque qui a ravagée le début de l’itinéraire. Nous ouvrirons la voie et j’aimerais être décalé des autres groupes. Notre style de conduite de groupe est bien adapté à la situation et nous avons décidé de démarrer un peu tôt en acceptant que le premier mur ne soit pas idéalement revenu par le soleil, pour privilégier de bonnes conditions au milieu et tout en fin de descente. C’est Laurent et Frank qui s’occupe de la mise en place de la main-courante. Je ferais juste une démonstration de son utilisation, puis je les laisserais faire pour m’occuper de la suite, la traversée du dépôt de glace de l’avalanche. J’ai opté pour un déplacement en mouvement, sans regroupement en cours de route, jusqu’au grand replat à l’abri des séracs. La situation est expliquée le mieux possible car le risque de chutes de glaçons est encore bien réelle. Tout le monde est très attentif et concentré, vraiment efficace. Et depuis le grand plat du glacier, un coup de radio permet d’informer Louis sur les conditions rencontrées.
Pour cette fin du Tour d eta Meije à ski, il ne reste plus qu’à enchainer les virages sur une neige parfaite, revenue à point. Vers midi nous voici tous attablés devant une bonne bière à l’Auberge du Pas de l’Ane, un rendez-vous incontournable de mon Tour en Meije.
Quelques remarques
La taille réduite du groupe, une nécessité.
Un mode de fonctionnement « Faire ensemble » qui ne s’improvise pas et surtout mis en place dès la début de la semaine.
Frank est comblé, nous avons réussi notre Tour de la Meije.
La présentation de ce séjour 2017
Un contenu technique associé : le ski sur glacier
A tout bientôt, et bons virages
Paulo_un moment de calme à Shenchen à KTM
Le 16 avril 2017