Le titre de Léopard des Neiges est une récompense honorifique de l’ex-URSS pour des alpinistes ayant gravi les cinq plus hauts sommets de l’Union soviétique, tous à plus de 7000 m.
Les sommets du Léopard des Neiges
Ils sont au nombre de cinq et leurs noms a changé lors de la dislocation de l’Union.
- Ismoil Somoni Peak 7 495 m, anciennement Pic du Communisme
- Jengish Chokusu 7 439 m, Pic Pobeda, ou Pic de la Victoire.
- Pic Ibn Sina 7 134 m, ou Pic Lénine
- Korjenevskaïa 7 105 m
- Khan Tengri 7 010 m
Ils se situent dans deux pays de l’ex Union Soviétique, dont les capitales sont le point de départ du voyage.
- Kirghizistan (Kirghizie)… , avec Bichkek.
- Tadjikistan…, avec Douchanbé
Généralement, les alpinistes français ne connaissent que le Pic Lénine, le plus accessible et le plus fréquenté. Le Khan Tengri est également identifié car sa silhouette est particulièrement esthétique. Réussir un de ces géants est déjà un bel objectif, même le Lénine, car un 7000 n’est jamais facile, même le plus simple.
Mais gravir les autres sommets est une entreprise bien différente qui nécessite de réunir compétence technique, persévérance et un peu de chance pour la météo. Les réussir tous est un challenge marquant. D’ailleurs, bien peu de français se sont vus décerner le titre de Snow Leopard.
Les Léopards des Neiges, aujourd’hui.
Ce style de reconnaissance peut sembler un peu désuet aujourd’hui, mais le challenge est encore très attractif pour mettre en scène les meilleurs alpinistes mondiaux. Pour eux, l’objectif est de les réussir en un minimum de temps et le Léopard des Neiges en hiver vient seulement d’être réussi en 2020 par une très forte équipe russe (qui s’entrainait pour le K2 en hiver !).
En étudiant la liste officielle, on retrouve 679 nominés :
- Les premiers alpinistes russes à devenir Snow Leopard : Kirill Kuzmin et Valentin Bozhukov en 1966 (ou Evgeny Ivanov).
- Deux américains sont les premiers occidentaux en 1985 ! William Garner & Randall Starrett.
- Ludmila Agranovskaya est la première femme en 1970. Et en 1991, Elvira Nasonova obtient 3 fois le titre !
- Quant à Boris Korshunov, il est 9 fois Léopard des Neiges, en 2004.
- En 2016, le record de vitesse est de 29 jours et 17 h par le Polonais Andrej Bargiel.
- Et en 2020, le Léopard des Neiges est réussi en Hiver, par trois russes : Sergueï Seliverstov, Alexey Usatykh et Mikhail Danichkin !
Et aussi la liste des Léopards des Neiges français (qui ne sont pas très nombreux !) :
- Brigitte & Pierre Meloni (1977)
- Thierry Pullet (1999)
- Jean-Noël Urban (2001)
- Serge Hardy (2011)
Gravir les sommets du Léopard des Neiges.
Les sommets de 7000 m proposent à l’alpiniste une expérience singulière et à nulle autre pareille. Et pas besoin de recourir à l’oxygène pour augmenter les chances de réussite, ces sommets sont donc encore du domaine du possible pour des alpinistes entrainés.
Trois grandes chaines de montagnes dans le monde proposent cette expérience sur des sommets de plus de 7000, l’Himalaya, l’Hindu Kush et le Pamir. Tous ces territoires sont très différents par leurs situations géographiques, leur histoire, leurs peuples et leurs cultures.
Ce n’est absolument pas le même monde et c’est justement ce qui me motive pour proposer cette ultime aventure, découvrir une autre réalité, d’autres sommets avec d’autres manières de les gravir comme la progression continue et une approche douce (ou Slow Expédition !), en utilisant toute l’expérience vécue en Himalaya. Et en particulier pour des sommets beaucoup plus difficiles techniquement et avec un soutien par une équipe locale plus limité.
Un apprentissage indispensable.
En URSS, l’alpinisme est historiquement construit et vécu comme une entreprise collective, c’est la réalisation d’une équipe. Cet héritage correspond bien à l’enjeu de ce style d’ascension, qui par leur engagement constitue un véritable challenge. Cette logique d’équipe me va plutôt bien (c’est le « faire ensemble » en expédition) et l’objectif est donc de constituer un petit groupe d’alpinistes motivés. Six personnes au total : avec un guide russe, quatre participants et moi.
Le projet Léopard des Neiges… Chaque projet d’ascension est indépendant, il sera donc possible de participer à seulement l’un d’entre eux, ou à plusieurs et même à tous. Ils seront réalisés en août de chaque année et en quatre semaines, avec une première expédition en 2021. Le choix de l’enchainement des sommets reste une vraie question. D’emblée, le Pic Lénine a été positionné à la fin, en évitant la voie normale et plutôt par une traversée, soit par les rochers LIpkin, soit par le Col Krylenko.
L’orde des ascensions n’est donc pas anodin, voici un premier choix.
- En 2021 : le Khan Tengri (le plus esthétique)
- En 2022 : Le Pic lénine, mais surtout pas par sa voie normale. Je vous propose la voie historique due la première ascension par le versant Sud et très loin de la foule ! Ou, si c’est trop compliqué d’organisation, la traversée du Pic Lénine par les Rochers Lipkin, un autre projet très inspirant.
- En 2023 : le Pic du Communisme ( le plus haut)
- En 2024 : le Pobeda (le plus engagé)
- En 2025 : le Korjenevskaïa… Un beau sommet pour la fin. Champagne… !
Certaines agences proposent de coupler deux sommets dans la même expé (Pic du Communisme & Korjenevskaïa par exemple), mais je préfère n’avoir qu’un seul objectif par expédition et un peu plus de temps pour la réussir dans de bonnes conditions.
Chaque expédition sera organisée avec attention avec l’aide d’une agence russe spécialisée dans les expéditions au Pamir. Avec bien sûr, un relais pour la météo et la télé-médecine
Progression continue, Slow Expédition et acclimatation ?
Les montagnes du Pamir ne sont pas l’Himalaya, c’est une évidence ! Seul l’environnement hypoxique est identique avec des sommets à plus de 7000 m. Et c’est justement cela qui est passionnant.
Serons-nous capable de transposer notre expérience himalayenne sur ces très hautes montagnes ? Avec la progression continue et une acclimatation raisonnée mais aussi en bonne intelligence avec l’organisation russe (que je perçois comme un peu brut de décoffrage). Il y a les camps de base avec une organisation particulière et surtout l’accès en hélico parfois obligatoire…
Certains sommets du Léopard des Neiges, comme le Khan Tengri, sont équipés de cordes fixes (d’ailleurs souvent posé par des équipes népalaises). D’autres le sont moins ou pas du tout. Ce qui rendra notre aventure alpinistique particulièrement intéressant pour la suite du projet.
La Slow Attitude (ou progression douce) nous invite également à parfaire notre acclimatation en prenant notre temps. Et c’est pourquoi la durée des expéditions proposées reste dans un format long de 4 semaines. Il faut définitivement prendre son temps pour réussir un grand sommet et encore plus quand on souhaite être attentif aux moyens utilisés. Le « By Fair Means » ne s’improvise pas et c’est surtout une exigence de qualité dans nos réalisations mais aussi dans nos relations avec l’environnement naturel autant qu’humain qui demande beaucoup d’attention et de persévérance.
Le matériel en expédition...
En expédition et en haute altitude, et en particulier pour ce projet Léopard des Neiges dans le Pamir, le matériel technique est au coeur des problématiques de la progression continue. Et la tente d’altitude est l’un des éléments emblématique de la vie et de ta survie en haute altitude. Elle se doit d’être d’une solidité à toutes épreuves, la plus légère possible et d’une habitabilité réelle car c’est aussi un lieu de Vie.
Une toute jeune entreprise de la Yaute à relevé ce défi : SAMAYA. Mes prochaines expéditions cet automne en Himalaya vont me permettre de tester les qualités de cette tente.
D’autres marques sont particulièrement actives dans ce domaine du Light très technique. Et forcément une page dédiée au matériel Light verra le jour bientôt. Voici par exemple :
- Blue Ice , pour le baudrier Choucas ou les piolets
- Lagoped (dans un autre style…)pour les vêtements et l’étique
Une ouverture vers la culture de l’alpinisme soviétique.
Pour moi, si l’alpinisme est avant tout un voyage, c’est aussi un voyage culturel.
Et celui-ci ne manque pas d’intérêt. Car l’histoire de l’Union Soviétique reste un grand mystère pour moi, comme la particularité des pays en STAN qui constitueront le cadre de notre voyage. Mais de quoi parle-t-on ? Peut-être des montagnes de l’Eurasie comme le suggère Cédric Gras, grand connaisseur de cette partie du monde.
Un détour par l’Ouzbékistan avec Samarcande, au coeur de l’Asie Centrale historique, est également obligatoire. Samarcande est aussi mon livre culte. Il me faudra aussi demander à Sylvain Tesson sa bibliothèque idéale pour mieux déchiffrer et rencontrer l’âme russe. S’immerger dans le film de Christophe Raylat « Octobre Blanc » est également une belle introduction au voyage, une invitation à aller vraiment un peu plus loin, un peu plus haut.
En escaladant le pic « Octobre », dans le Pamir tadjik, Sylvain Tesson commémore à sa manière le centenaire de la révolution russe. Un étonnant récit de voyage, riche de découvertes.
Accompagné par son ami Cédric Gras, écrivain voyageur comme lui, le guide russe Nicolaï Taran et le photographe Tadjik Surat Toimastov, Sylvain Tesson rechausse les crampons pour une expédition à travers les hauts plateaux du Tadjikistan. Partie de la capitale Douchanbé, la petite équipe avance trois jours durant sur des pistes chaotiques avant de rejoindre les premiers massifs du Pamir tadjik, à la frontière avec la Chine, le Kirghizistan et l’Afghanistan. Souvenirs du passé soviétique de ces confins extrême-orientaux, les pics qui s’y dressent jusqu’à 7 000 mètres de haut ont pour nom « Lénine », « Marx », « Engels » ou « Maréchal Joukov ». Dans la ligne de mire de Sylvain Tesson et de ses compagnons, l’ascension du pic « Octobre », vers un glacier culminant à 5 600 mètres d’altitude. Les chemins de l’histoire. Moins de deux ans après le grave accident dont il conserve des séquelles, Sylvain Tesson poursuit sa « rééducation » en Asie centrale, terre de ses aventures de prédilection. Géographe de formation, il part sur les traces laissées par l’ex-URSS dans les montagnes du Tadjikistan. Attaquant l’histoire par son flanc toponymique, l’écrivain voyageur creuse la symbolique par le biais de l’alpinisme, une discipline encouragée par le régime communiste pour ses valeurs de conquête, de courage et de solidarité.
De la vallée de l’Amou-Daria jusqu’aux pentes enneigées du Haut-Badakhchan, l’expédition « Octobre blanc » avance au rythme de belles rencontres. Sous les yourtes de nomades kirghizes, notamment celle de Jafar Tairov, qui se joint au petit cortège avec ses ânes, ou au spectacle avec des villageois de confession ismaélienne – une branche de l’islam chiite –, la nostalgie des sovkhozes et autres « bienfaits » du collectivisme n’a pas tout à fait disparu. Égrené au rythme de la marche sur les chemins d’un passé encore proche, cet émouvant récit de voyage est joliment balisé par les commentaires de Sylvain Tesson, opiniâtre premier de cordée
Le 18 Mai 2020, le dé-confinement continue…
Drôle de projet pour un Polochon… Le confinement nous l’aurait-il changé?
Et voici nos échanges avec K’ro…
Bonjour Paulo,
un petit mail pour te détailler mon commentaire sur ton site: « Drôle de projet pour un Polochon… Le confinement nous l’aurait-il changé? »
J’ai été interpelée par ton projet « Léopard des neige » et je suis allée lire dans le détail ce que tu en disais puisque c’est dans une région où nous avons passé deux mois l’été dernier et où nous devions retourner cet été… mais ce sera pour 2021…
En te lisant, je suis passée de la curiosité à la surprise car comme je le disais dans mon commentaire, je n’y retrouve pas l’esprit du Paulo que je connais sur plusieurs points:
1… « L’esprit même du « léopard des neiges », challenge où le l’objectif est un cumul de sommets, et non le cheminement pour y aller. Sans parler du côté destination « phare » de certains des sommets. »
OUI bien sûr, le côté breloque et collection de sommets ne m’intéresse que peu. Mais la réalité de ces 5 sommets est vraiment intéressante et techniquement les différentes ascensions sont de véritables challenges surtout en essayant de mettre en oeuvre une pratique plus respectueuse, à la fois en progression continu et en stratégie douce. Ce qui n’est pas une mince affaire, presque une révolution pour des alpinistes soviétiques, qui sont dans la logique « on charge la mule, on baisse la tête et on avance ! ».
Pour ta remarque sur le Lénine (le côté destination « phare »), le projet n’est surtout pas de faire la voie normale, mais de réaliser la traversée d’un 7000 en bon style par les Rochers Lipkin, une manière de rendre aussi hommage à l’expé féminine du livre « Ici Elvira, vous m’entendez ? » de Linda Cottino aux éditions du Mont Blanc.
Dans les tuyaux, il y a maintenant l’idée de reprendre la voie historique par le Tadjikistan (une suggestion de Cédric Gras), le projet ce prépare doucement et il devrait aussi te plaire !
2… « L’accompagnement par une équipe russe et non par les locaux, alors que le tourisme dans ces pays se développe et qu’ils essayent notamment de se dissocier des russes (en particulier le Tadjikistan). Les russes ont été leurs colonisateurs, comme les chinois au Tibet. Et ils y ont laissé une empreinte qui n’est pas que positive ! »
Si, initialement, je pensais organiser l’ensemble de ce Léopard des neige avec Alexey et son agence Newroute (sur les conseils de Jean-René), j’ai maintenant totalement changé d’optique en travaillant d’abord avec les locaux en essayant de comprendre leurs logiques identitaires. Donc avec des Kazaks pour le Khan Tengri, des Kirghizes pour le Pobieda ou le Communisme, et des Tadjiques pour le Lénine. Pour la perception de l’ex Union Soviétique, j’ai retenu des discussion avec Cédric Gras que la réalité était très contrastée en fonction des pays et des nationalités, de l’histoire aussi.
C’est aussi cet aspect culturel qui m’intéresse dans ce projet Léopard des Neiges, car j’avais moi aussi vraiment beaucoup apprécié l’Asie Centrale des Fanskyes et de Samarcande.
Mais il me semble que la comparaison avec le génocide tibétain par les Chinois est un peu (disons) trop caricaturale.
3… « L’utilisation de l’hélico ? »
Ça aussi ce n’est pas ma tasse de thé, comme tu le sais. La Wilderness est trop inscrite dans mon ADN. Mais par exemple, pour rejoindre le camp de base de l’Inylchek Nord, impossible d’y aller autrement. Pour le camp de base Sud par contre, nous le rejoindrons à pied, aussi pour une question d’acclimatation.
J’espère avoir répondu à tes inquiétudes, car je ne pense pas avoir changé de paradigme dans ma pratique de la montagne et des voyages.
A très bientôt donc.
Paulo-malheureusement pas au Népal cette année
Bonjour,
Y a-t-il une suite a votre projet ?.
Navré, j’ai décidé de ne pas aller dans d’autres pays que le Népal pour mes voyages en altitude. Ce projet, pourtant très intéressant a été abandonné. Je vous suggère de contacter Expédition Unlimited à Lyon qui on repris cette idée, avec une belle réussite cette année.
Bonne continuation.
Paulo G