Le Panbari 6905 m, le topo

Le Panbari est un « presque 7000 », caché derrière le tour du Manaslu et à proximité de l’Atharha Saya Khola Himal, «La montagne aux 1800 rivières»,.
Ce nom évoque d’emblée une contrée lointaine, un Shangrila mythique imprégné de culture bouddhiste et d’exotisme.

C’est le nom que nous avons donné à un sommet vierge à 6767 m sur la frontière tibétaine, entre Samdo et Phu. Un sommet qui est maintenant officiellement autorisé, mais sous le nom de Phu Khang Go (le notre ne leur ayant pas convenu… Trop long !).

Athahra Saya Khola, en népali, est aussi le nom de la rivière qui coule au pied de la montagne.
Est-ce l’ancienne dénomination de la Haute Nubri ?

Le sommet du Panbari.

A la frontière du Tibet, au loin nos montagnes...

A la frontière du Tibet,au La-Chen…
Et pour Frank, une vue originale sur le sommet (à gauche)  que nous avons réalisé ensemble avec l’équipe rescapée du Manaslu 2015. Chaar Bacha Himal 6621 m.

La Vallée aux 1800 rivières est dominée par un groupe de trois montagnes enneigées, les Trois Frères (Tin baï en népali). Ce sont ces sommets que nous avons gravis, à défaut du Panbari qui émerge juste derrière.

Ce ne sont pas des montagnes très techniques, ni impressionnantes, par contre, elles ont une importance topographique majeure car elles commandent l’accès vers de grands plateaux glaciaires aux pieds des versants Est du Nemjung et de l’Himlung, dans le massif du Peri Himal.

De grands cols permettent aussi d’imaginer une traversée glaciaire somptueuse de Samdo à Phu.
La voie d’ascension que nous avons empruntée est parfaitement visible en remontant la vallée et en particulier depuis le La-Chen, le col qui conduit à Ru au Tibet, le village d’où viennent les habitants de Samdo.

C’est un itinéraire qui devrait devenir classique car le Panbari, malgré les 95 m qui lui manque pour atteindre 7000 m, devrait combler les alpinistes à la recherche de nouveaux espaces sauvages et vierges. Ce sont de grandes pentes de neige sans difficulté, avec une petite arête esthétique pour rejoindre le Dôme de l’Hindu Himal.

Cet itinéraire permet d’éviter la voie des japonais qui remonte entièrement le glacier de Fukan, très crevassé. Cette voie me semble infréquentable actuellement à cause des conditions du glacier.

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En repérage avec Philippe vers le camp des Japonais.

Le Panbari 6905 m

Le village de Samdo est le véritable point de départ de cette ascension.
Il existe deux manières de rejoindre ce dernier village de la vallée de la Budhi Gandaki.

Depuis Arugath, par le Tour classique du Manaslu.
Ce trajet est simple d’organisation avec des lodges partout et forcément beaucoup de monde. L’itinéraire est relativement long et peu agréable dans la première partie (à cause de la route en construction et de la vallée très encaissée), mais des variantes sont possibles…

Depuis Besisahar, par le début du Tour des Annapurna, jusqu’à Dharapani.
Avec un transport en jeep jusqu’à Dharapani, Tilje, Bimthang et la traversée du Larkye Pass. C’est aussi le tour du Manaslu à l’envers, C’est la meilleure option, à la fois en termes d’effort, d’acclimatation et de durée.

En prenant un peu son temps, il est possible de construire une acclimatation presque idéale, pour passer le col le plus sereinement possible. Ce col est actuellement utilisé pour alimenter les villages de Samdo et Sana avec des mules, et le sentier a été beaucoup amélioré versant Bimthang.

L’entrée à Bimthang.

La traversée du Larkye Pass, à l’envers !
C’est l’itinéraire conseillé pour rejoindre les montagnes de Samdo ou le Manaslu.
Voici un déroulement possible, en Slow Expedition.

  • J 1…, Jeep pour Dharapani 1822 m, trek pour Tilje et Goa.
  • J 2…, Chauri Kharka 3040 m.
  • J 3…, Bimthang 3710 m (3h 30 de marche pour 730 m de montée et 90 m de descente, différence d’altitude : 670 m).
  • J 4…, Bimthang, Larkye Phedi 4380 m (2h 45 de marche pour 670 m de montée, différence d’altitude : 670 m). Il y a maintenant un petit Teashop.
  • J 5…, Et enfin seulement la traversée du col 5100 m et la descente sur les lodges de Darmashala 4370 m, ou plutôt juste en dessous,(7h de marche pour 790 m de montée et 790 m de descente, différence d’altitude : 0 m !) Un camp à Larkya Bazar est également possible, mais plus long de 2h. Il y a aussi un lodge et de grands replats.
    Un endroit très agréable.
Les mules sur le chemin du retour.

Quatre critères me semblent importants :

  1. La diminution de l’effort au-dessus de 3000 m.
  2. On pourrait la quantifier en heure, en l’absence d’unité de mesure compréhensible.
  3. L’écart d’altitude entre deux emplacements de camping.
  4. Un temps de vrai repos l’après midi, après une montée en altitude, pour surtout ne rien faire !
    Boire, manger, dormir, lire, écrire, écouter de la musique… Surtout ne pas monter sur la bosse d’en face !
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La partie Est de la carte (provisoire…) avec l’itinéraire du Panbari et les grands glaciers.

Panbari. L’accès au camp de base.

Il est raisonnable de prévoir 1 jour 1/2 depuis Samdo. Même si le trajet peut se faire en une longue journée.

Jour 1 :
De Samdo, remonter la vallée vers le Larkye Pass, descendre vers la centrale hydro electique, traverser le pont et à Larkya Bazar, prendre à droite la vallée de la Athahra Saya Khola et la remonter…
Après une première montée, jusqu’à un chorten qui représente une déité locale, le sentier reste en balcon, traverse un alpage et redescend à un pont sur la rivière issue du glacier de Fokan. Une courte montée puis un verrou rocheux le long de la rivière, la vallée s’élargit et devient plate. A droite, un pont (2 planches) et le sentier qui conduit au Tibet et à Ru par le La-Chen («Le Grand Col»). Camp possible.
Continuer en remontant la vallée, un autre sentier à droite conduit au Gya La. Il est possible de faire un camp environ 1/2 h plus loin, dans un beau replat.

Samdo
Vers la vallée du Panbari.
Un endroit très sacré, la déité tutélaire de Samdo.
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Un camp intermédiaire pour bien couper la montée au camp de base. Derrière le col vers le Tibet…

Jour 2 :
Une courte montée permet de rejoindre un plateau d’alpage aux reliefs très tourmentés (anciennes moraines ?). Puis il faut traverser le front du glacier principal, « up and down » avec un sentier bien marqué dans du terrain morainique. Une courte descente permet de rejoindre une petite plaine. Prendre à droite pour remonter le vallon entre la montagne et la moraine latérale. Le cheminement est plus facile.
Quand le vallon fait un coude à gauche, prendre à droite et repérer un cairn à un petit col. Le New Base Camp est juste derrière.
Il y a de l’eau à proximité, de la place, un ensoleillement optimale et aucun risque d’avalanche en cas de chutes de neige importantes.

Le camp de base s’approche.
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Le nouveau Camp de Base du Panbari

Il existe un deuxième camp de base plus haut en suivant le vallon. 1/2 h à 3/4 h. Suivant la saison, il y a de l’eau dans le vallon. Dans le cas contraire, il faut traverser la moraine pour en trouver de l’autre côté (sente, 20 mn à 1h !).

Les deux camps de base sont accessible avec des animaux de bat. Mules, chevaux ou yacks.

Panbari Expedition
La marche d’approche est maintenant bien balisée…
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La voie d’accès depuis le camp de base.
Une belle et grande montagne.

Le camp 1.

Le terrain devient plus complexe et moins agréable.
Rejoindre le fil de la moraine et la suivre jusqu’à une zone de gros blocs, la contourner directement au milieu (cairns). En restant sur l’épaulement, descendre légèrement pour rejoindre la base d’un versant herbeux. Le remonter jusqu’à une bosse et continuer par le vallon sur la gauche. Le cheminement devient plus agréable avec de l’herbe et quelques rochers.
Depuis une croupe herbeuse (cairn) traverser à droite un talweg jusqu’à l’arête suivante. Continuer à flanc dans de gros blocs jusqu’à un col marquant le débouché d’un vallon rocheux. Le remonter plutôt en ascendance à droite en direction des névés et des grandes pentes du glacier.

Le camp 1 est peu visible et dépend de l’eau disponible.  Nous en avons fait trois différents suivant les années.
Ce camp est accessible par des porteurs, sans matériel particulier.

Les derniers cailloux avant de rejoindre Crampons Point.

Le Camp 2, pas très loin de l’arête de neige.

Remonter en ascendance à droite les premières pentes pour traverser une combe puis une large croupe qui débouche sur un replat. Attention à la situation nivologique : les pentes traversées sont surmontées de ressauts plus raides propices aux accumulations. Camp possible, utilisé en 2017.

Continuer à flanc pour passer sous un ressaut rocheux. Remonter la combe suivante par son versant droit jusqu’à l’arête. Larges emplacements plus ou moins plats. Aucun risque d’avalanche, mais exposé aux vents.

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Les alpinistes à pied juste derrière nous. Un endroit de camp possible.
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La pente au-dessus du Camp 2. Et une arête caractéristique.

Le camp 3, sur les Dômes de L’Hindu Himal

Ou mieux au-delà, dans les grands espaces neigeux sous le Lilia Peak.
Rejoindre l’arête de neige évidente et la remonter. La pente s’adoucit avant une dernière pente un peu plus raide qui débouche sur le plateau. Crevasses et terrain propice à des accumulations de neige. Sur le début du plateau, en fonction de la neige et du vent, beaucoup d’emplacements sont possibles. A vous de choisir…

Panbari Expedition
Une superbe ambiance de haute montagne

Un autre itinéraire est possible, plus facile et surtout conseillé à ski. C’est l’itinéraire que nous avons utilisé en 2017 alors que l’arête était en neige dure. juste avant l’arrête, traverser à droite et légèrement en ascendance jusqu’à une grande crevasse barrant tout le versant.
La traverser au mieux et remonter sans difficulté les pentes régulière qui conduisent au Hindu Himal.
Attention à la présence de crevasses à proximité du dôme de neige.

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Les dernière pentes de l’Hindu Himal.
Crédit Bernard Faber.
Le Camp 3… Un dôme de neige… une vue fantastique… Exposé à tous les vents ! Crédit Charles Dubuis
Un beau sommet…

D’autres sommets

Beaucoup de sommets sont accessibles depuis ce camp de l’Hindu Himal.

  • Le Lilia Peak, 6425 m
  • L’Athahra Saya Khola Himal, «la montagne aux 1800 rivières», 6767 m.
  • Le Panbari, 6905 m
  • Le Peri Himal
L’envers de l’Himlung avec le Peri Himal. Depuis le sommet du Phu Khang Go.

La traversée des arêtes vers l’Himlung East 6932 m est un bel objectif dans ce style de réalisation.
La descente sur Phu par la voie normale de l’Himlung consisterait une fin royale pour cette traversée, bien évidement encore jamais tentée…

Le Panbari, 6905 m.
Il est judicieux de faire un camp 4 au plus près du Phu Kang La 6442 m, pour ne pas avoir à traverser le plateau avant l’ascension.
La difficulté devrait être au maximum PD en neige, avec quelques passages de crevasse à négocier.
C’est un sommet qui nécessite un permis d’expédition du ministère du tourisme Népalais avec la présence d’un officier de liaison.
Il n’a été gravi qu’une seule fois par une équipe japonaise, (voir les infos sur cette page)

L’Athahra Saya Khola Himal, 6767 m.
Nous avons réalisé l’ascension de l’arête Est de la montagne, après avoir traversé le Lilia Peak.C’est une course de neige sans difficulté, de niveau IV/F+ en cotations himalaya.
Une traversée de « la montagne aux 1800 rivières » est aussi possible : montée par l’Arête Sud et descente par l’Arête Est.

En descendant de la Montagne au 1800 rivières.

Le Lilia Peak, 6425 m

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Un petit sommet…

Nous avons réalisé l’ascension du Lilia Peak par le versant Sud, avec de grandes pentes de neige à 35° et descente par l’Arête Ouest, quasi horizontale pour rejoindre le col entre Lilia Peak et Atharha Saya Khola Himal, xxx
C’est une course de neige de niveau IV/PD en cotations himalaya.

Le début du plateau, beaucoup plus simple à ski !

Le Jarkya Himal 6473 m.

… N’est pas sur la photo. Il se trouve plus à gauche, derrière le Lilia Peak.
La fin de la traversée…

La traversée vers le Gyala
C’est ce que j’ai appelé la « Haute Route de Samdo », à ski ou à pied. Un itinéraire exceptionnel jamais réalisé.

Des montagnes voluptueuses…

Paulo_de retour à La Grave
Le 16 Décembre 2017

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