Panbari Expedition 2017

Enfin du vrai SKI d’Himalaya !

C’est l’impression la plus forte de retour de cette expédition à ski au Nord de Samdo vers le Panbari.
Quel plaisir d’enchainer des virages dans une neige idéale !
Le plaisir fut bref mais intense et surtout justifie pleinement de promouvoir cette activité au Népal.

Une page sera prochainement dédiée à ce Ski d’Himalaya pour partager nos connaissances du ski de randonnée au Népal et cette idée « saugrenue » d’une « Haute Route de Samdo », avec une traversée à ski du Jarkya Himal au Gya La. Le premier raid à ski du Népal, mais pas vraiment simple à concrétiser.
Affaire à suivre…

Panbari Expedition
Du beau ski, même avec un sac bien chargé… Crédit Bernard Faber

De l’importance des informations météorologiques…

Je voudrais remercier infiniment mon Ange-Gardien Météo qui nous a évité une catastrophe, si loin devant son ordinateur et ses modèles mathématiques et pourtant si proche.
Au dernier camp d’altitude à plus de 6300 m d’altitude sur les Dômes de l’Hindu Himal, alors que nos tentes étaient juste posées sur la neige dure, sans information météo nous aurions été confronté à une situation extrêmement difficile à vivre et même dangereuse pour notre intégrité physique, avec pour les trois prochains jours des températures annoncées de -25° et des vents à plus de 40 km/h (ce qui représente environ -45° en température ressentie et largement suffisamment pour geler sur place).

Au lieu d’aller au sommet, nous avons profiter d’une accalmie pour vite redescendre nous réfugier au camp inférieur et renoncer définitivement à nos différents projets d’ascension. Une décision logique mais malgré tout difficile alors que la quasi totalité du groupe était présent au dernier camp et en forme pour tenter l’ascension.

« Accueillir sa vulnérabilité…..pour trouver sa puissance et non sa toute puissance » Un beau sujet d’approfondissement.

Panbari Expedition
Le dernier camp, sur un dome de neige à plus de 6300 m. Et un cadre splendide…

La relation avec les villageois de Samdo.

Notre expédition a failli s’arrêter définitivement à Samdo, avant même d’arriver au camp de base et de voir notre montagne. Il nous a fallu beaucoup de lâcher prise et de tact (surtout à Bishal…) pour faire face à une situation complexe et facilement explosive.
Mais c’est surtout une réalité qui nous interroge sur notre posture de voyageurs de passage dans un environnement humain très spécifique et sur la qualité des relations que nous souhaitons entretenir avec les acteurs locaux.

Au final tout c’est bien passé (nous avons aussi mis la main à la poche) et cette péripétie permet surtout d’informer la communauté des alpinistes sur les règles et réalités maintenant en usage au village de Samdo pour le transport du matériel d’une expédition.


Merci à Annie, Charlie, Alain, Stanislas, Bernard, Philippe, Hugues, Fabrice de m’avoir accompagné si haut et pour ce bout de chemin partagée.
Et bien sûr félicitations à toute l’équipe népalaise pour avoir rendu le voyage possible et confortable.

  • Bishal Rai, Sirdar et trekking guide
  • Dhan Magyar, Nepali Mountain Guide
  • Dawa Sherpa, Deepen Bathe, Karma Sherpa, Anil Rai. Nepali Leader (alias 1er de cordée)
  • L’équipe de cuisine avec Bahadur Rai et Urpa Thokra, Changkhe Magar, Wangji Bothe, Sonam Sherpa, Rajak Rai.
  • Les Special Porters pour les skis : Lakpa Bothe & Pupu Rinjin Bothe.
  • Karsang Diki de Samdo.
  • Purna Gurung et Maila Gurung avec toutes leurs mules .
Panbari Expedition
L’équipe au petit déjeuner au camp du Gya La.
La fine équipe…
Dhan Magyar as Nepali Mountain Guide, Dawa Sherpa & Karma Sherpa as Nepali Leader, and Paulo Grobel as IFMGA mountain guide.

Alpiniste & skieurs, cette fois un plus indéniable !
Tilje
Une ancienne photo de Tilje, sans la nouvelle route.

Panbari Expedition 2017, à pied et à ski

Syange… Waterfall Lodge… On the road again.
Nous voici sur la route, sur la route du Tour des Annapurna.
Tout s’enchaine parfaitement, nous avançons tranquillement vers notre sommet. Demain nous allons commencer notre marche d’approche et il y a aucune inconnue devant nous !
A part si le ciel ou le montagne nous tombe sur la tête.Même les prévisions météo restent bloquées sur Grand Beau.

Pourtant une angoisse reste bien présente dans mon esprit.
Comment va se passer notre rencontre avec les gens de Samdo ?

Confrontation serait d’ailleurs un mot plus approprié car nous avons à faire face à une forme de racket pour le transport de notre matériel au camp de base, avec de nouvelles règles dont je n’étais pas au courant en préparant cette expé.
Il y a 15 jours, un petit groupe d’alpinistes français (deux jeunes guides de Cham avec leurs compagnes) ont été bloqué sur le chemin du camp de base et les relations ont été particulièrement dures, créant tension, colère et insatisfaction dans les deux parties. Les alpinistes ont fait demi-tour abandonnant ainsi leur projet d’ascension.
Cette information juste au moment de notre départ de Kathmandu va d’ailleurs nous aider à mieux anticiper cette nouvelle situation.

Concrètement les gens de Samdo ont interdit tout portage par mules entre leur village et le camp de base et effectuent ce travail pour 5000 rps par charge de 30 Kg. C’est une somme importante pour notre tonne de matériel, surtout quand elle n’a pas été prévu dans le budget !

Pour nous, c’est presque 5000 € pour l’aller et le retour. Une fortune pour la tache effectuée et une complication importante dans notre organisation. Plus la prise de tête et la place que prend cette problématique dans nos pensées, avec cette idée d’être totalement dépendant d’un groupe de personnes incontrôlable.

Paradoxalement, au fond de moi je pense aussi que cette demande est légitime dans le contexte particulièrement difficile de ce village du bout du monde. Et avec le Manaslu à deux pas…, dont l’accès leur est interdit.

Mais pour l’instant, après en avoir longuement discuté avec tous les participants, nous avons décidé de nous préoccuper en priorité du passage du col pour que notre acclimatation se déroule le mieux possible. Pour anticiper la réunion avec les villageois de Samdo, je partirais certainement directement depuis Bimthang, un jour en avance.

Panbari expedition
En remontant la vallée de Tilje, le premier beau sommet n’a pas de nom. Larkya ou Samdo Tower ?
Panbari Expedition
A Soti Khola, une architecture très locale. Le pire c’est qu’il y a les même à Bimthang !
Panbari Expedition
Philippe à Deorali sur la moraine, nous entrons maintenant dans le domaine de la Haute Montagne. Bimthang n’est plus très loin.
Panbari Expedition
Une vue vers le Manaslu North. Il y a un chemin à trouver vers le grand col du milieu de l’image, pour pouvoir basculer sur le versant Samdo.

La traversée du col et l’arrivée à Samdo.
Le bon planning… pour une acclimatation optimale.

Traverser le Larkya Pass depuis Dharapani (et donc effectuer le Tour du Manaslu à l’envers) est définitivement la bonne solution pour rejoindre Samdo. Pour gravir des montagnes bien sûr, mais aussi pour envisager le Tour du Manaslu différemment en tant que trekkeur.

La problématique à résoudre n’est pas simple pour des occidentaux pressés d’en découdre en montagne et peu dans l’acceptation du temps « à ne rien faire », favorisant une bonne acclimatation.

Mais, nous avons maintenant l’habitude de cet itinéraire et nous sommes mieux capable de le gérer. Cette année, la nécessité de passer par Samdo et de prendre le temps de discuter et de préparer le transport de notre matériel avec les villageois nous a obligé d’augmenter la durée de l’étape de passage du col et pour moi et Deepen, de traverser directement de Bhimtang à Samdo pour organiser un Community Meeting.
Une journée de repos à Samdo fut donc la bienvenue pour tous. Puis, nous avons aussi coupé en deux la montée au camp de base avec un camp intermédiaire au pied du Gya La.
Difficile de faire acclimation plus douce…

A Samdo, dans le lodge de Karsang Diki… en attendant le groupe.

« c’est vraiment la poisse !
Alors que le col était complètement sec jusqu’à maintenant, sans la moindre trace de neige sur le chemin, il s’est mit à neiger tout l’après-midi de ce côté du col, avec au final environ 10 à 15 cm de neige à Samdo et certainement beaucoup plus au col avec l’effet du vent.
« FM mental est à donf »

J’espère que le groupe de l’autre côté à Phedi a réussi à s’installer convenablement avant la chute de neige. Mais surtout je reste inquiet de la qualité de leur nuit et pour le passage du col par les mules.

Le camp de Larkya Phedi sous la neige… Ce n’est vraiment pas le moment ! Crédit Charles Dubuis
Samdo
Depuis ma chambre… Une belle surprise mais un froid de canard.

Le lendemain matin, tout est blanc et l’ambiance est franchement hivernale.
La neige que j’attendais pour notre ascension à ski est simplement arrivée avec quelques jours d’avance mais surtout pas au bon endroit. Et cette neige complexifie tout et en particulier notre prochain déplacement jusqu’au camp de base et au premier camp avec de grosses sections en éboulis

Mais arriveront-ils simplement à passer le col ? Avec tout le matériel ?

De notre côté, avec Deepen, notre réunion avec les paysans de Samdo c’est soldé par un échec. Notre proposition (nous utilisons nos mules et nous vous payons une compensation) a été directement refusée.
« Il n’en est absolument pas question » !
Il nous reste donc à optimiser notre matériel pour réduire la charge globale et aussi essayer de négocier un peu le tarif à la baisse. Mais ce sera de toute façon très limité et le coût final sera forcément conséquent.
En milieu d’après midi, tout le monde arrivent à Samdo.
Une journée de repos est prévue pour trier et préparer le matériel et surtout se reposer après le col ,en campant à côté du lodge.

Panbari Expedition
Notre camp à Samdo chez Karsang Diki. Le meilleur emplacement du village.
La présence éclatante de la plus jeune fille de Karsang Diki. Crédit Charles Dubuis
Annie et Hugues au-dessus du village de Samdo.

Une blague de Bernard… Suite à une discussion sur la neige et les prévisions Météo.

Et parmi tant d’autres avec la Positive Attitude comme agent de cohésion et facilitateur de l’acclimatation (?).
Pour dire que la bonne humeur s’entretient de beaucoup de manières… Sacré Bernard, qui nous a bien fait rigoler. Même si je suis un peu déçu de n’avoir pas réussi à installer le chant dans notre quotidien. Mais ça viendra un jour…

« Une discussion de sport divers entre deux copines. 
Quand on t’annonce de la poudreuse, c’est comme un mec… (?)
Tu t’attends à 20 cm minimum… 
Y’en a grand max 15 
et en plus tu sais pas combien de temps ça va durer ! »

Et aussi ce lien et clin d’oeil de Cédric Sapin-Dufour, parfois bien à propos pour une tente partagée en altitude.

Samdo
Vers la vallée du Panbari.
Un endroit très sacré, la déité tutélaire de Samdo.

Panbari Expedition 2017. Les montagnes de Samdo.

Vouloir gravir les montagnes de Samdo c’est (pour moi) s’intéresser aussi à l’histoire des lieux et aux réalités actuelles du village de Samdo.

Samdo est le dernier village du Tour du Manaslu et si les trekkeurs s’arrêtent dans les lodges du village, bien peu en perçoivent la rudesse de vie et les réalités locales.
Pour cela, je vous invite à parcourir le site web de Samdo Avenir avec la newsletter, de visiter l’école ou la nouvelle boutique de l’association des femmes. Et surtout de lire le livre de Clint Rogers, «Where rivers meet ».

Samdo est un village de réfugiés tibétains qui en 1959, une nuit ont abandonné leur village de Ru, de l’autre côté de la montagne pour venir s’installer au Népal et y construire de toutes pièces un nouveau village et un avenir pour toute la communauté.
Un sacré challenge.

Tout c’est bien passé avec les villageois de Samdo.
Bien sûr, avec des palabres à n’en plus finir pour le répartition des charges et nous sommes arrivé sans encombre à notre camp intermédiaire avec la cuisine puis le lendemain au camp de base.

Transaction immédiate. La tune change de mains. Poignée de mains… Tout le monde s’y retrouve. Crédit Charles Dubuis
L’ambiance est plutôt détendue… Crédit Charles Dubuis
Une partie pas très agréable pour rejoindre le Camp 1. Hugues & Alain.
Les derniers cailloux avant de rejoindre Crampons Point.
panbari expedition
La partie Est de la carte (provisoire…) avec l’itinéraire du Panbari et les grands glaciers.
Larkya Peak
La région du Larkya Pass, avec les différents Larkya peaks

Il faudrait aussi que je trouve le temps de ré-écrire le topo de ces petits sommets, qui restent très intéressant. Malheureusement, les photos de mon ancien site ont disparu…

Panbari Expedition 2017, le déroulement.

Une expédition est une histoire partagée qui s’écrit au jour le jour par l’ensemble des participants. Et celle-ci fut particulièrement mouvementée, pleine de surprises et de rebondissements.

Mauvaise surprise, il n’y a pas d’eau cette année à proximité du camp de base et il faut aller la chercher très loin, de l’autre côté de la moraine.
Après un beau parcours sur le fil de la moraine, le terrain devient particulièrement difficile dans des cailloux recouvert d’un peu de neige.
Comme par miracle, nous trouvons un petit lac juste à côté de notre camp 1. Un camp plutôt confortable, inondé de soleil dès le matin et, à moins d’une heure nous pouvons chausser les crampons et les skis.
Et tout va alors beaucoup mieux.

Mais de nouveau, je n’arrive pas à trouver un camp à la bonne distance pour bien calibrer les efforts de montée. Nous déposons notre premier portage en vrac avant d’avoir trouvé le bon emplacement mais juste avant l’arrivée de nouvelles chutes de neige (mais juste 5 cm).
Et pour les skieurs la descente sera tout simplement géniale ! De quoi oublier tous nos efforts pour trimbaler les skis jusqu’ici.

Panbari Expedition
Philippe et Charly rejoignent notre Camp 2. Pas mal les traces du Paulochon !

Au menu du lendemain. Installer notre camp 2 un peu au-dessus de notre déposit puis retourner chercher nos affaires. Avec de nouveau de superbes virages dans 15 cm de poudreuse sur un fond dur ! Difficile de faire mieux, surtout avec rien dans le sac.
Mais la journée a été rude et le lendemain sera une journée de transition.

Il nous faut faire un peu de repérage car les pentes au-dessus semblent très gelées avec peu de neige. Faire aussi un peu de portage et récupérer l’équipe népalaise qui va aussi s’installer à ce camp 2. Bien évidemment, nous resterons sur place et le temps est toujours aussi splendide.

Panbari Expedition
Bernard en route vers le Camp 2. Et la difficulté du Ski d’Himalaya est bien cette nécessité de faire nous-même la trace.
Panbari Expedition
Les alpinistes à pied juste derrière nous.

Panbari Expedition 2017 ? Passera… Passera pas ?

Nous sommes sur un replat de l’arête où passe l’itinéraire du Panbari que nous avions utilisé durant les deux précédentes expéditions. La neige douce et profonde a laissé la place a une neige compacte et gelée et surtout l’arête se redresse pour une longue section à plus de 30/35°.
Toute la neige récente a été décapée par le vent et je vois mal toute notre équipe (alpinistes et skieurs) en cordées alpines avec des sacs conséquents et les skis en plus, sur ce passage très exposé.

Depuis notre camp du Gya La durant la marche d’approche, les conditions de ce passage m’inquiétaient déjà et j’avais essayé de repérer un autre itinéraire plus au centre de la face, mais avec des séracs et des crevasses à négocier.
Il est temps de sortir ce Joker.

Le petit groupe de skieurs (Philippe, Bernard et moi) ira donc repérer le passage et faire une première trace pendant que les alpinistes redescendront au camp 2.
Rendez-vous en milieu d’après-midi pour le verdict final. Nous sommes vraiment à un tournant de notre expédition, qui peu se terminer demain… !

Au départ de la traversée pour rejoindre le milieu de la pente. La neige est toujours aussi bonne. Ça va le faire… !

Un peu plus tard…

La journée c’est terminée en beauté par une superbe descente dans une poudreuse de cinéma. Tout va pour le mieux, la porte vers le sommet est maintenant ouverte. Il n’y a qu’une crevasse à négocier où il faudra s’assurer, puis l’itinéraire est très simple jusqu’à la crête de l’Hindu Himal avec de grandes pentes régulières.

En soirée, un dernier calage avec mon ange gardien météo apporte encore du baume au coeur pour la suite. Il devrait faire toujours aussi beau les 5 prochains jours et nous aurons même le luxe de bénéficier d’une journée en plus pour le sommet.
Un jour en plus pour nous reposer (ou faire un peu la trace et quelques virages) et passer une deuxième nuit en altitude avant le sommet, ce qui est idéal du point de vue de l’acclimatation.
Pour les skieurs cela ouvre aussi la possibilité d’aller se perdre vers le Peri Himal en traversant le col de Phu Kang et de commencer la haute route de Samdo par un aller-retour au Jarkya Himal.
Cela semble si simple…

Dans la tente, l’ambiance et douce avec Bernard et Stan, nous écoutons de la musique avec l’I-phone en fredonnant de belles chansons et nous nous endormons sur un air de Gainsbourg (La chanson de Prévert).

Le lendemain matin correspond à un changement de camp et c’est toujours un peu compliqué avec les affaires à ranger, les tente à démonter et des sacs souvent trop lourd.
Annie et Charlie bénéficie d’un régime de faveur en se faisant aider par les Népalais, mais comme ceux-ci reviendront dormir à ce camp cela reste possible.

Mais ce matin n’est pas un bon jour…

Philippe a des problème d’hydratation difficile à comprendre. Plus rien ne passe avec un dégout pour toutes formes de boissons. Mais en essayant de comprendre la situation, une hypothèse semble réaliste. Hydratation = alimentation et avec l’altitude c’est peut être un « signaux d’alerte hypoxique ». La décision raisonnable est donc de redescendre car plus haut sans rien pouvoir boire la situation sera encore pire. Le saturomètre apporte une confirmation du diagnostique, la SAT est tombé à 75… 

La mort dans l’âme, tout s’enchaine, Anil Rai descendra avec Philippe jusqu’au camp de base et nous partons vers le haut. Rendez-vous dans 4 jours.

Tout se passe bien jusqu’à la grande crevasse dont les techniques de franchissement seront parfois surprenantes suivant les participants.
Bernard trace consciencieusement la grande pente, la trace des skieurs sera suivie facilement par les alpinistes et tout le monde débouchent sur le plateau de l’Hindu Himal après une dernière crevasse. OUF…

Un nouvel itinéraire pour la voie normale du Panbari a vue le jour.

Panbari Expedition
Philippe descend avec Anil. J’ai vraiment un gros poids sur le coeur.
Panbari Expedition
Au départ du Camp 2, Anil est parti avec Philippe et cela pose un problème de charge car Dhan s’occupe d’Annie en portant une partie de ses affaires. Il va falloir que Deepen, Dawa et Karma se partagent la charge d’Anil. C’est pas vraiment cool.
Panbari Expedition
La pente au-dessus du Camp 2. Le début des conditions plus difficiles.
panbari expedition
Faire la trace… Un vrai plaisir même en Himalaya, et même avec un sac un peu chargé.
Crédit Bernard Faber.
Nous sommes proche de 6000. Une pause s’impose. Crédit Charles Dubuis
Un dôme de neige… une vue fantastique… Exposé à tous les vents ! Crédit Charles Dubuis

Au camp 3, au Dômes de l’Hindu Himal. La nuit fut terrible.

Elle a commencé par un appel de mon ange-gardien et une nouvelle catastrophique : les prévisions ont radicalement changées avec l’arrivée de l’hiver… – 25° et plus de 40 km/h de vent.

Les conséquences pour nous sont immédiates. Ce sera à la fois très dur physiquement et surtout très dangereux, avec un risque de gelures important.
Je suis encore très traumatisé par la mésaventure d’Erik à la Putha, à l’automne dernier et je ne veux absolument pas que mes compagnons s’exposent volontairement à cette situation. Tout va tellement vite et tout peut devenir tellement compliqué.
La décision est prise: nous redescendrons demain en profitant d’une courte accalmie.
Le sommet s’éloigne définitivement.

J’en informerai tout le monde demain matin. Mais pour l’instant il faut passer la nuit.

« Le vent se lève
Il faut tenté de vivre… »

Assis dans mon duvet, j’écoute avec angoisse le vent qui forcit de plus en plus. Notre situation n’est pas idéale, un dôme de neige dure où les tentes sont juste posées avec un peu de blocs de neige sur les rabats, impossible de faire mieux. C’est un peu une épreuve du feu pour Alain pour qui c’est la première expérience si haut.
J’ouvre de temps en temps l’absisse pour vérifier l’évolution de la situation en écoutant attentivement les tentes d’à côté. Tout va bien mais la nuit va être longue pour moi !

L’arrivée du soleil est comme une délivrance et le vent se calme un peu. Il est temps de descendre.

Après avoir expliqué la situation et ma décision, je propose juste de gravir le petit sommet du Leila Peak (6425 m) juste à côté. Mais l’énergie n’y est plus, il fait vraiment froid et le démontage du camp n’est pas une mince affaire. Quelques photos… et il est temps de redescendre définitivement.

La descente pour les skieurs sera d’anthologie, malgré le sac. Un pur instant de plaisir pour les bons skieurs que sont Bernard et Charlie. Arrivé au camp 2, je descendrais directement au camp de base pour retrouver Philippe et organiser le transport du matériel.
Au camp 2 où tout le monde dormira, la nuit fut particulièrement difficile et confirmera (si besoin était) la pertinence de la décision.

Mais renoncer, si près du but, est tellement difficile.

Panbari Expedition
Le Panbari, un « presque 7000 » accessible et sans danger objectif.
Fabrice sur le Dôme du Hindu Himal

 

Panbari Expedition
Le début de la descente pour les alpinistes. Une belle ambiance…
Charlie et Bernard encordés au début de la descente, car il y a une grosse crevasse à franchir avant de pouvoir chausser.
La difficulté de skier avec un sac quand celui-ci est un peu chargé… La technique Suisse ?

Panbari Expedition 2017 et la progression continue.

Le sujet semble dérisoire tellement ce choix d’une progression continue m’est familière, presque obligatoire.

Si nous avons été quasi tout le groupe (8 alpinistes sur 9 et 5 Nepali Leader) présent au dernier camp, en ayant même un jour de repos en altitude avant le sommet, c’est forcément grâce à ce style de déplacement.

C’est pourtant un style «alpin» en progression continue peu utilisé par les autres expéditions car difficile à mettre en oeuvre avec les équipes népalaises classiques (qui préfèrent limiter la durée des séjours en altitude et surtout privilégier le confort du camp de base et un bon Dhal Bath).

Être toujours et tous encordés est également pour moi un critère important de sécurité et de meilleur gestion du groupe. Et cette année, les alpinistes et les Nepali leader ont vraiment bien joué le jeu.
Félicitations.

Panbari
L’ambiance d’un camp d’altitude…
Crédit Bernard Faber

Un nouveau camp de base.

C’est la bonne surprise en descendant du Camp 3. Notre camp de base a été déménagé et c’est une très belle initiative de Bishal et de Bahadur avec toute l’équipe. Ce New Base Camp est simplement plus confortable, plus longtemps au soleil, avec plus d’espace et surtout avec de l’eau à proximité. Il sera bien sûr indiqué sur les nouvelles cartes.

Le topo du Panbari

 

Panbari Expedition
La marche d’approche est maintenant bien balisée…
Panbari Expedition
Samdo Tower.
Panbari expedition
Le Laila Peak

L’équipe népalaise des Népali Leader d’Himalayan Travellers

Pour améliorer l’isolation des chaussures de ski. Bilan d’expérience.

C’est un sujet très important pour l’avenir du Ski en Himalaya. Il nous faut absolument une protection complémentaire contre le froid. Et les échanges ont été nombreux entre nous, mais aussi avec Jean-René Minelli ou Frédérique Faure. Et je garde surtout en mémoire les récentes gelures contracté à la Putha Hiunchulli.
Eviter cela à tout prix.

3 solutions sont possible :

  • Les sur-bottes, soit de marque américaine , « Forty below » soit de marque française «
  • Une chausson plus chaud et une augmentation du volume de la chaussure plastique.

Tout sera expliqué dans une page spéciale, Ski d’Himalaya.

bernard, à l’arrivée au camp 1. Mais oui, nous avons aussi porté nos skis…
Panbari Expedition
Une superbe ambiance de ski. Ça donne surtout envie de continuer cette exploration et de réussir enfin la Haute Route de Samdo !
Bahadur Rai, qui met aussi la main à la pate. Crédit Philippe Colson
La corvée d’eau. Heureusement, pour le New Base Camp elle est directement à proximité. Crédit Philippe Colson

« L’équipe de l’ombre. » par Philippe Colson

« Mobilisée bien avant que l’on ait mis un pied dans l’avion, déjà elle s’affaire à préparer notre aventure.
Confortablement installés à l’Hôtel Padma, nous n’avons pas la moindre idée du travail déjà réalisé. Son challenge : mettre toute les chances de notre côté pour  réussir notre expédition. Sans elle, c’est l’échec assuré. Il s’agit de l’équipe de cuisine. 

Objectif opérationnel ; 20 bouches à nourrir pendant le trek aller et le trek retour soit environ une vingtaine de jours avec  pour particularité de prévoir pour nous occidentaux, une palette de menus  peu éloignés de nos standards  alimentaires et  servir à l’équipe népalaise le Dal Bat à tous les repas.

Coté  matériel : c’est  impressionnant : énormes  réchauds qui fonctionnent au kérosène, des  fait-tout, des cocotes minutes, des poêles.  

Coté denrées : un stock impressionnant de sacs de riz, pâtes, farine, PDT. Des boites de conserve de légumes, sardines, thon, viande mais aussi du frais, des œufs, des pommes,  des légumes achetés au fur et  mesure de notre déambulation. 

La cuisine ; un tente d’environ 15m². Particularité, les cuisiniers travaillent accroupis  puisque le plan de travail consiste en une bâche posée à même le sol et les réchauds sont également  au sol. Cette tente sert également de lieu de repas pour l’équipe népalaise qui mange assise au sol. La vaisselle  est faite à l’extérieur de la tente  selon une organisation hyper efficace. 

Le point névralgique de toute cette organisation est  l’approvisionnement en eau. Il en faut des quantités importantes pour cuisiner, faire la vaisselle et nous hydrater, parfois voire peu souvent nous laver… Le lieu de bivouac est donc conditionné par cet approvisionnement. Cette année au camp de base, l’eau fait défaut à proximité. Faut 1h aller-retour et ce sont beaucoup d’effort s supplémentaires  pour l’équipe.. Ceci conduira Bishal à déplacer le camp de base à notre retour. 

Durant ces 20 jours, ils réalisent pour nous des petits déjeuners  complets avec du salé et du sucré : des chappattis, des nans, des pitas, œufs sur le plat, omelette, fromage, bacon, des beignets aux pommes. Le midi consiste en une énorme salade et un fruit avalés en cours de rando. Le diner est un vrai repas où durant ces 20 jours, l’équipe s’attache à nous faire des plats différents. Pas facile et pourtant l’équipe de cuisine réalise en plus des prouesses culinaires quand on voit les conditions dans lesquelles tout cela est confectionné (pizzas, frites, feuilletés de légumes, tarte aux pommes).

Un grand merci à Bahadur et toute son équipe tout sourire et  d’une humeur  inégalable. »

panbari expeditionCrédit Philippe Colson

panbari ExpeditionCrédit Philippe Colson

Panbari Expedition
Urpa de Rosuwa… compagnon de multiple expéditions. Crédit Philippe Colson

Panbari Expedition 2017, quelques chiffres pour l’Himalayan Data Base.

  • Arrivée au Camp de base (old) à 4800 m, le 1er Novembre.
  • C1 à 4250 m, le 3 Novembre 2017.
  • C2 à 5850 m, le 5 Novembre 2017.
  • C3 à 6350 m, le 7 Novembre 2017 et sommet de l’Hindu Himal (mais est-ce vraiment un sommet ?)
  • Le 8 Novembre 2017 : arrêt aux environs de 6400 en chemin pour le Leila Peak pour prendre des photos avant de redescendre
  • Arrivée au New Base Camp, le 9 Novembre 2017.
Les mules sur le chemin du retour. OUF le Larkya Pass est derrière nous !

Une petite contribution au chapitre « Annapurna Revisited »
et une information utile pour les trekkeurs du tour du Manaslu.

Depuis Tilje, le détour par le petit monastère de Tangbra et le village de Nachai est tout simplement exceptionnel et permet de terminer le voyage par une impression plus positive que le parcours d’une piste sans intérêt jusqu’à Dharapani.

Depuis Binthang le découpage est alors le suivant :

  • Bimthang / Soti Khola (lunch)/ Goa
  • Goa / Tilje / Tangbra Gompa / Nachai (lunch)/ Kotro.

Même les lodges à Kotro sont une plus belle expérience que ceux du bord de route à Dharapani (avec en plus le sentiment d’avoir valoriser d’autres lieux en dehors des circuits classiques).

Un pont incroyablement haut perché et seulement visible quelques instants depuis la piste avant d’arriver à Dharapani. Mieux qu’une invitation… Une obligation. Crédit Charles Dubuis

Panbari expedition
The Japanese team on the way to the summit of Panbarit. Félicitations…

Un peu d’histoire pour la 1ère ascension.

A Japanese expedition has made the first ascent of Panbari Himal, a remotely situated 6905-meter snow peak in the Nepal’s Peri Himal, very close to the Tibetan border north of Manaslu. The mountain, which was only officially opened to climbers in 2002 and has received no previous attempt, lies immediately north of the 5135-meter Larkya La, a relatively spectacular pass that forms the high point on the increasingly popular Manaslu Circuit. This whole area was closed to foreigners for many years due to its proximity with Tibet, but it was surreptitiously opened in 1991 and it took several years before trekkers caught on.

In 2004 the Japanese Alpine Club Student Section made the first ascent of Chivv Himal (6650m) in Mustang’s Damador Range. The Panbari expedition in the autumn of 2006 was the follow-up. The five-member team, under the leadership of Miss Yoshimi Kato, approached from the west through the Marsyandi Khola and crossed the Larkya La. Descending the normal trekking route on the east side of the pass, they turned north and established a base camp at 4865 meters on the Fukan Glacier, which rises west to towards the east face of Panbari Himal. Though this glacier looked gentle and relatively benign, it presented complex icefalls with unstable seracs and hidden crevasses. Route finding proved difficult but by late September the team had established Camp 3 at 6280 meters below the northeast ridge.

On the 29th Kato, Gakuto Komiya, Miss Sayaka Koyama, Kenro Nakajima and Yousuke Urabe reached the col between the base of the ridge and the unnamed 6767-meter peak on the Tibetan border immediately north. The ridge proved to be broad, technically straightforward, though deep in snow. The five Japanese ploughed their way upwards till they came to a plateau, which took them by surprise when they realized it was the summit. The time was 9:40 a.m. Over the next two days they removed all their ropes and camps from the mountain. This was another innovative expedition by young Japanese climbers, who achieved success on a high and little-known mountain without the support of Nepalese helpers above base camp. This was one of only three new summits to be climbed during Nepal’s post-monsoon season.

Panbari expedition
Philippe découvre les poubelles de nos jeunes amis japonais, à proximité de leur tente cuisine.

Et notre expédition de 2011.

Nous y avons ouvert la voie d’accès actuelle. Mais l’enneigement était un peu différent.

Panbari expedition
Kishor Gurung…(Crédit Jean Milteau)
Panbari Expedition
Jacques… à notre déposition de 2017
(Crédit Jean Milteau)
panbari expedition
« Vers le camp 2, bravo aux ouvreurs! » (Crédit Jean Milteau)

Panbari Expedition 2017. La fin de l’histoire.

Lundi 20 Novembre…
Le soleil éclaire délicatement le dôme blanc du grand Stupa.
Quel calme ce matin sur la terrasse de l’Hôtel Padma !
Encore tout imprégné du concert de la veille d’Ani Choying Drolma « Songs of the Himalayas », le petit déjeuner est un vrai moment de paix, de célébration du lieu et de l’instant présent.
Tous les rescapés du Panbari sont partis hier… Pas de sommet en poche mais une très belle expérience partagée de l’altitude, pleine de rebondissements et d’instants sublimes de ski.

Quel plaisir intense ce ski d’Himalaya à plus de 6000 m.

Il est temps maintenant de me concentrer sur la préparation des prochaines expéditions du printemps 2018 et surtout travailler avec Pawan et HMH sur la nouvelle Climbing Map des sommets Phu avec l’Himlung, puis celle du Limi Himal. 

A bientôt…
Paulo_au bureau de Boudhanath


 

Mise en ligne le 25 Novembre 2017,
depuis la maison de Bishal et Yangzi à Kopan

4 réflexions sur “Panbari Expedition 2017”

  1. jean-francois lilti

    Merci pour ces superbes images et ce récit.
    Une entorse du genou à 8 semaines du départ m’avait obligé à renoncer et à abandonner Bernard.
    Mais voilà, le genou est réparé d’hier, alors pourquoi pas l’année prochaine ?

  2. Sympa Paulo pour ce rappel d’octobre 2011!
    Nous avions fait notre dernier camp juste sous le dôme de l’Hindu Himal (150m) en dessous), il y eut quelques courageux pour faire les derniers 100m à la pelle à neige, à 6200m, les Jackie, Benoît, Sven, Paulo. Pour moi, 5 à 8m pas plus, mais quel souvenir, une histoire d’un groupe qui en voulait. Ne pas oublier le froid lors du montage de ce dernier camp.
    Bravo à tous.
    Tchang Bagé

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