De Kathmandu à Jomsom, à l’automne 2019, voici un voyage un peu particulier…
Utiliser la route pour rejoindre le départ d’un trek est parfois un bon moyen pour se rendre compte des distances et de la vie népalaise ou plutôt les réalités du transport routier au Népal.
C’est véritablement un voyage dans le voyage
Mais, actuellement, c’est loin d’être une bonne idée car ce n’est pas vraiment une partie de plaisir pour se rendre à Jomosom.
Dans quelques années, quand la route sera terminée et goudronnée, tout ira mieux !
L’expérience fut intéressante (en restant résolument positif).
La route est un immense chantier et partout on s’activent pour l’élargir. Des pelles mécaniques et des bulldozer travaillent sans relâche. Le chantier est titanesque mais l’objectif est clair : construire une vraie route pour rejoindre la Chine. Et, le plus rapidement possible.
En deux jours, nous voici à Kagbeni, aux portes du Mustang.
Mais nous n’en avons pas fini avec la route, qui continue jusqu’à Lo.
The Kali Gandaki Corridor Road Project…
C’est le nouveau nom du trek au Mustang que réalise la grande majorité des trekkeurs !!!
Je n’ai jamais vu autant d’engins de terrassement à l’oeuvre sur un chantier (plus de 300, dixit un entrepreneur ! et 2000 ont été acheté cette année pour ce chantier). Pas de doute, c’est vraiment l’un des projets routiers prioritaires du gouvernement Népalais pour ouvrir un accès vers la Chine.
Mais, un peu prétentieux et fort de ma connaissance approfondie du Mustang, je pensais pouvoir proposer un itinéraire original et intéressant pour rejoindre Lo Manthang, à la fois en évitant la route, en réalisant de belles randonnées et en utilisant les jeeps de manière judicieuse.
C’est tout simplement impossible !
Avec Bishal, nous avons rapidement changé notre stratégie.
- Il est impossible de louer une jeep à la journée pour nous transporter à un endroit et nous reprendre à un autre, pour pouvoir randonner sur de véritable sentier, un peu loin de la route.
- La route en construction prend de plus d’importance dans le paysage. Au point, à certains endroits de prendre toute la place ! Par exemple, en descendant sur Geling, ce n’est pas une piste qui a été taillé mais au moins quatre (!) dont maintenant la principale de plus de cinq mètres de large.
- Et de Chele à Samar, la route principale a été taillé sur l’itinéraire de l’ancien sentier, à travers la falaise.
Conclusion.
Je pense qu’il n’y a définitivement bien peu de place pour le randonneur à pied de Kagbeni à Ghami.
Je ne sais pas comment les agences vont pouvoir vendre le Mustang dans sa forme actuelle, car l’expérience proposée, « marcher sur une piste poussiéreuse pendant des kms », est loin du plaisir de la randonnée, surtout quand cette piste est régulièrement utilisée par des véhicules.
Notre livre sur les itinéraires au Nord de Lo Manthang est donc plus que jamais d’actualité car le Mustang reste une très belle destination de trek. Il a été publié en Anglais, mais je peux vous envoyer gratuitement sa version française.
Pour notre prochain voyage à l’automne 2019 vers les sommets des Damodar Khunda, sans hésitation, nous utiliserons les jeeps jusqu’à Geling.
Et, au préalable, nous aurons pris l’avion de Pokhara à Jomsom.
Vous pensez que j’exagère… Pas de souci.
Je vous invite à me suivre dans une analyse précise de la réalité que j’ai vécu/vérifié en Novembre 2018. Puis à comparer cette réalité aux descriptifs des voyages proposés par quasi l’ensemble des acteurs du tourisme au Mustang, qu’ils soient français ou népalais.
Et j’en suis le premier désolé !
La route du Mustang…
Les infos pratiques
- De Jomosom à Kagbeni.
La vallée est occupée quasi complètement par la Kali Gandaki et depuis longtemps la piste existait et était utilisé en particulier pour se rendre à Muktinath. La différence actuelle c’est la taille de cette piste qui a été agrandit, avec le pont sur la Kali qui est terminé à la sortie de Jomosom et celui de la Luprak Khola qui est bien avancé. Sur le tronçon vers Muktinath, le goudronnage à même commencé !
- De Kagbeni à Chele.
Là c’est très simple, le sentier n’existe plus. A part 100 m pour couper les lacets de la route sous le village de Chele ! Et les piles du pont sur la Mustang Khola sont maintenant terminées.
Par contre, il est possible de faire une belle randonnée depuis Tangbe après avoir visité ce très beau village, en remontant la vallée pour passer un petit col et redescendre à Tetang. Là aussi un village exceptionnel (peut être le plus beau du Mustang). Vous retrouverez la piste en descendant à Chhusang et des deux côtés de la rivière.
De Chhusang, qui est aussi un changement obligatoire de véhicule pour le trajet Jomsom/ Lo, il est très facile de prendre une jeep pour Samar pour y dormir dans l’un des lodges (Himali ou Annapurna).
Rentrer au Mustang par le Gyu La depuis Jhong est certainement la meilleure option, surtout en passant par Luprak.
Mais il me semble qu’il faut bien valider le permit Mustang à Kagbeni avant de monter à Jhong.
- De Chele à Geling
Le tronçon Chele / Samar a été ravagé par les différentes pistes construites. Et malheureusement, la dernière reprend exactement le tracé du sentier principal qui passait en balcon dans la falaise au-dessus de la Ghyakar Khola.
Le détour par Ghyakar est bien sûr une alternative mais encore faut-il rejoindre le grand pont suspendu et pour cela marcher sur la route. Mais surtout le beau sentier qui rejoignait la rivière par un tunnel est maintenant quasi inutilisable car il a été détruit par les gravats de la route au-dessus. Seule solution, le sentier qui monte au milieu des champs de Ghyakar jusqu’à la bifurcation du sentier Samar / Kheku La, permet de traverser la Khola. Puis, le passage sur la grande route n’est pas très long.
Depuis Samar, il existe heureusement le sentier de l’ermitage de Chungsi. Un très bel endroit dédié à Guru Rinpoche. Une petite piste existe pour rejoindre Syangboche, mais ce n’est rien à comparer au désastre du passage du col et du versant Geling où les multiple pistes s’enchevêtrent et ne laissent aucune place pour un sentier.
- De Geling à Dhrakmar
La traversée du Nyi La est définitivement morte et les marcheurs devront trouver leur bonheur avec les chemins de chèvre indiqués sur la carte et qui contourne à flanc toute la montagne. Le cadre est très beau, mais l’itinéraire forcément plus long. L’ACAP pourrait d’ailleurs le baliser pour faciliter son parcours. Mais forcément, il rejoint « la Grand Route » après la traversée de la rivière et il faut vraiment faire un effort pour trouver le sentier qui traverse les champs de Ghami sans suivre la route.
De Ghami, traverser le village et après la Gompa descendre à un pont et remonter en face jusqu’à un chorten. Le sentier à flanc rejoint alors Dhakmar et une piste peu gênante.
Puis, en une journée de marche par Gar Gompa et le Chogo La, il est alors possible de rejoindre Lo par la Plaine de la Bénédiction. Il est également possible de rejoindre Tsarang par les crêtes de Dhakmar (« une randonnée jubilatoire », décrite dans notre livre) et un peu de route, mais il faut absolument éviter de prendre la piste principale pour Lo et consacrer une demi journée pour rejoindre et suivre les crêtes de Udi Danda (par le Dhi La). Superbe !
La route du Mustang.
Ce topo sera complété à notre retour de l’expé de l’automne 2019. Je suis impatient de voir l’avancée du chantier.
Et tous vos commentaires et informations sur cette route du Mustang sont les bienvenues. Surtout si vous avez inauguré des variantes intéressantes.
Merci d’avance
Paulo_le 25 Mai 2019
Au Namaste Lodge de Gokyo
Premier voyage au Mustang en 1994 .Aucune route à l’époque. Je les ai vu et emprunté plus tard Dernier voyage au Mustang en 2016.
Salut Paulo, merci pour toutes ces infos. Je serai au Mustang du 22 au 31/10. Tu me fais poser bien des questions sur mon itinéraire pour rejoindre Lo! Où puis-je me procurer ton bouquin? J’arriverais à KTM le 1/10. Bises. Thierry FRANCOU
Nous avons eu la chance d’aller six fois au Népal, et de passer quinze jours au Mustang en 2011. Il y avait déjà quelques véhicules à l’époque, mais sans doute pas autant qu’aujourd’hui, et moins que demain. En même temps, ne plus dépendre uniquement de la bonne volonté de l’Inde pour ses approvisionnements, notamment énergétiques, doit être essentiel pour les Népalais. Ainsi que la création d’un hôpital à Lo pour les premiers soins d’urgence.
Nous avons aussi acquis votre « Mustang, The Untrodden Trails » lors de sa parution en 2015. Bien que pratiquant un peu l’anglais, nous souhaiterions obtenir la traduction (ou l’original) du texte en français, par exemple sous la forme d’un fichier pdf ou txt.
Nous vous souhaitons un bon séjour au Népal, cordialement, depuis Briançon,
Mireille & Jean-Claude
Merci pour ces info…
Les pistes sont de plus en plus nombreuses au détriment des sentiers. Je suis heureux d’avoir fait l’Anapurna Mandala Trail au Mustang en 2017, avant que les paysages soient massacrés.
Cependant, pour être allé au camp de base de l’Everest en octobre 2018, on croise beaucoup moins de treckers au Mustang.
Cordialement Jluc
Bonjour
J’ai marché de Jomonson à Lo Manthang il y a dix ans environ…voyage inoubliable que je tenais à faire avant la construction de la route..bien que je mesurais l’ importance de celle ci pour les habitants de LM
Je veux bien la version française de votre guide
Grand merci
Bien à vous
Chantal
J’avais l’intention de découvrir le Mustang à l’automne 2022, mais après Les commentaires de Paulo et Les photos, je pense changer de destination et choisir le dolpo qui me semble encore préservé.
Ai je raison de changer?
Merci pour votre Avis.
Jacques
Bonjour. Bien que ton voyage date de 2018, sais tu si l’on peut se rendre au Mustang actuellement sans passer par une agence, accompagné par un pote Népalais et bien sur en prenant le permis de trek.
Merci
Alain
Bonjour,pour avoir le permis du mustang,comment vous faites ?merci Bernard
J’ai ‘fait’ le trek de Jomosom à Lo Manthang en Novembre 2016. Il a été difficile de faire comprendre à notre ‘guide’ – imposé et ignorant – que nous voulions marcher sur les sentiers traditionnels et non sur la piste-route. En dehors de cela, nous avons profité d’un temps magnifique, sans vent ou presque. Pays magnifique et paysages à couper le souffle. Je viens de relire le livre de M. Peissel … J’ai encore la tête là-bas et ses comparaisons ou réflexions avec notre vie … en 1965/1970 … étaient preuve d’un bon sens profond, comparant l’essentiel de vie des Lopas avec le superflu des français -musique et même machine à laver- Que dirait-il maintenant, en 2022 ? Quant à la densité routière qui se fait, que de cicatrices sur la montagne. on peut comprendre les besoins du Népal. Il n’a que deux voisins, l’ Inde et la Chine … ! Lequel choisir ? Je ne suis pas sûr que l’un ou l’autre soit d’une grande ‘gentillesse’. Qui vivra verra. Merci Paulo, vous faites passer votre amour de l’ Himalaya et envoyez jusqu’ ici l’ai de ces grands espaces.