La Hidden Valley n’évoque pas grand chose pour la plupart des amateurs de trek ou d’ascensions au Népal. Tout au plus un lieu de passage obligatoire entre deux cols (le Dhampus Pass et le French Pass).
Pour les trekkeurs ces deux cols sont à la fois le graal et la délivrance ultime sur le Tour du Dhaulagiri.
Pour les alpinistes, c’est éventuellement l’itinéraire pour rejoindre le camp de base du Dhaulagiri. Tellement synonyme d’effort et de mal de tête que beaucoup prennent l’hélicoptère, sans porter intérêt à cette immensité ocre qui s’ouvre et s’écoule vers le Nord.
Et pourtant les sommets sont innombrables dans cette Vallée Cachée, plus de 30 dépassent les 6000 m. Certains, juste des bosses de neige, mais beaucoup d’autres sont dignes d’intérêt et mériteraient qu’on s’intéresse à eux.
Seulement X sont officiellement autorisés, et peuvent servir d’alibi pour une immersion sans limite dans un univers d’une rare wilderness. Je vous invite également à lire cet article sur la législation en vigueur au Népal.
Tout au Sud, les deux sommets du TUKUCHE PEAK devraient être les objectifs majeurs de la vallée. Des « presque 7000 » sans danger objectif avec un camp de base à plus de 5000 m et facilement accessible avec des mules. L’idée d’une traversée pour rejoindre le camp 1 du Dhaula semble grandiose, tout comme l’arête Ouest depuis le French Pass.
Un deuxième grand sommet, le SITA CHUCHURA est encore plus méconnu, malgré sa silhouette altière et une belle arête Est (gravi en XXX par XXX).
Hidden Valley Expedition, les "petits sommets"
Pour mieux comprendre la suite de cet article, il faut ouvrir une carte et s’intéresser aux différents systèmes de crêtes qui construisent cet univers. Un croquis, une simple esquisse permet déjà d’imaginer des points d’ancrages pour construire de nouveaux projets. Mais, qui viendra y consacrer suffisamment de temps, en une forme d’attirance obsessionnelle, pour réaliser ces différents morceaux du puzzle ? Seule la juxtaposition des expériences et la mise à disposition des informations permettraient de construire une cartographie interactive de l’exploration alpinistique de cette Vallée Cachée.
Le Mukot Himal (et l’arête de l’Eternité). Ce tout petit sommet a été ajouté récemment à la liste des sommets autorisés car il est le seul sommet permettant une traversée vers le Haut Dolpo et le village très retiré de Mu. Une traversée que nous avons réalisée à l’automne 2016, avec également un topo du Mukot Himal. Son ascension par l’arête Ouest est très simple et peut être couplée à un tour du Dhaulagiri.
Le parcours de toute l’arête qui part du col XXX, traverse le Bishal Peak puis le Mukot himal pour se conclure au sommet 6336 (qui a été nommé Eternity Peak, en clin d’oeil aux deux Alan du Nanga Parbat) est un beau voyage en altitude, relativement abordable et peu engagé.
Juste en face, le Hongde Himal propose une longue échine orientée au Sud et constitue avec le Mukot Himal un large fer à cheval. Malheureusement, son altitude supérieur à 6500 m nécessite un surcout important par l’obligation d’un Officier de Liaison.
En continuant l’arête vers le Nord, une belle pyramide (cotée 6419m) est bien visible depuis le Dhampus Pass. Dipen l’a d’emblée baptisée PHURBA KANG, tant sa forme ressemble au poignard sacrificiel de Guru Rimpoché et c’est devenu notre nouvel objectif en une Kora de la Hidden Valley passant par plusieurs sommets à 6000m. À partir du camp de base du Tukuche, cette boucle est particulièrement intéressante et propose de nombreuses variantes à partir d’un camp d’altitude vers 5900 sur le glacier du Phurba Kang. Seul le sommet 6264 a été atteint et nommé MANJUSHRI (il a été dédié à Jean, car c’est un superbe objectif à ski).
En installant un camp plus bas dans la Hidden Valley, vers 4800, il est possible de s’intéresser aux sommets du versant Est et en particulier la belle arête Sud du TASHIKANG (que nous avons gravi il y a bien longtemps) Deux autres sommets à proximité semblent vierges et une descente directe sur Marpha devrait être possible par la vallée de la Sechi Khola.
Sur la rive gauche de la vallée, un affluent conduit à deux glaciers entre le TONGU HIMAL et le HONGDE. Avec de belles ascensions à la clef. Des alpinistes ont-il déjà remonté cette vallée ?
En aval, impossible de suivre le cours de la rivière qui se termine par des gorges infranchissables. La solution pour rejoindre Sangda consiste à utiliser une sente fréquentée par les yacks qui débute juste après l’éperon le + marqué, en rive droite de la Hidden Valley . Puis s’élève en traversée jusqu’à une épaule vers 5300 m, pour aboutir en amont du pont de GHOK (attention, itinéraire très wild, réalisé en mode light en 2006 ?, trop bien !).
Dans cette vallée de Sangda et avant le Tuche La, un accès au lac de MULI TAL est possible, car le glacier au-dessus est le sujet d’étude d’un glaciologue allemand que j’ai croisé en traversant du Dolpo. Depuis le lac, en traversant un col glaciaire à proximité du TONGU HIMAL, il devrait être possible de redescendre dans la Hidden Valley et rejoindre le Dhampus Pass.
C’est un projet très wilderness pour réaliser une traversée inédite du Dolpo à Marpha.Peut-être un sujet à creuser pour mon dernier voyage dans cette Vallée Cachée.
Depuis la Hidden Valley, bien sûr le maitre des lieu, le Dhaulagiri
Et surtout n’hésitez pas à commenter ce topo ou à y ajouter votre contribution. Merci d’avance. par exemple en utilisant le mail perso ou mon tel 06 42 90 75 34.
Bon voyage dans cette vallée un peu moins inconnue !
3 réflexions sur “Hidden Valley Expedition, des idées de sommets…”
Sita Chuchura; sommitée le 8 octobre 1992 par Jean-Pierre Laurent (lead), Guy Hiron et Jean-Louis Guillet (moi-même), 1ère répétition et 1ère française après 1ère japonaise 10 ans auparavant d’après Ms. Elizabeth Hawley qui nous a accueillis à Kathmandu, cf. Himalayan database Ref. SITA-923-01 sur internet. Central S. ridge puis E. ridge (à gauche sur la photo). Meilleures salutations.
Ping : Les chroniques de la Hidden Valley
Magnifique, impressionnant la diversité
d’ascensions possibles dans cette région isolée , merci Paulo pour ce partage !
Sita Chuchura; sommitée le 8 octobre 1992 par Jean-Pierre Laurent (lead), Guy Hiron et Jean-Louis Guillet (moi-même), 1ère répétition et 1ère française après 1ère japonaise 10 ans auparavant d’après Ms. Elizabeth Hawley qui nous a accueillis à Kathmandu, cf. Himalayan database Ref. SITA-923-01 sur internet. Central S. ridge puis E. ridge (à gauche sur la photo). Meilleures salutations.