Avec des conditions d’enneigement exceptionnelles et un camp de base situé à plus de deux jours du lieu prévu, impossible d’envisager le projet initial de la traversée du Mukot Himal. Il nous a fallu construire d’autres objectifs en tenant compte de ces réalités et, le plus possible, de l’esprit du projet.
Et nous avons donc largué les amarres en partant en progression continue, avec un seul jeu de tente.
Voici donc quelques clefs pour mieux comprendre ce qu’est réellement la progression continue et comment la mettre en place.
Une progression continue que beaucoup d’équipes népalaises, d’agences ont bien du mal à concevoir et à concrétiser, que les alpinistes occidentaux ne réussissent pas forcément à proposer comme méthode alternative, plus économe en moyens et en efforts.
La progression continue... Quelques précisions (ou évidences).
La progression continue est caractérisée par une économie de moyens radicale, en limitant le nombre de tentes utilisés. Avec un seul jeu de tente par binôme de deux ou de trois, qui sera déplacé de camp en camp au fur et à mesure de la progression. Alors que la technique népalaise nécessite autant de jeux de tentes que de camps utilisés.
Il est difficile d’imaginer la traversée d’un sommet, d’un col ou d’un massif, quelque soit son altitude, sans un déplacement en progression continue.Il est impossible d’envisager une ascension en « technique népalaise » sans un soutien logistique pour le portage. C’est donc le choix de progression de toutes les réalisations actuelles des alpinistes de haut niveau. Et, si l’on envisage une ascension « By fair means » Il est nécessaire de bien comprendre le fonctionnement et les contraintes de ce style de progression (comme par exemple pour le Manaslu sans ox).
En progression continue, la distance entre les camps est variable, alors qu’elle est fixe et la plus éloignée possible, pour limiter le nombre de camps, en technique népalaise. Bien sûr, en tenant compte du terrain pour l’installation des camps.
Le temps nécessaire pour déplacer un camp dépend de la quantité de matériel à transporter et il sera souvent nécessaire de faire des aller-retour. Ou d’avoir recours à un soutien logistique pour ce portage…, et parfois les deux.
Le calibrage (et le contrôle) de la charge transportée est une notion fondamentale de la progression continue, pour les occidentaux comme pour les népalais. Avec comme critère, la capacité physique de chacun et surtout la notion de plaisir, qui sont bien évidemment très personnels. Et, un pesson devrait forcement faire partie de l’équipement du leader de l’expédition.
L’implication de tous les participants dans le portage fait partie d’un « Faire Ensemble » qui va bien avec la progression continue avec, en plus, une attention à une Slow Attitude. Cette Slow Attitude correspond simplement à une attention de tous les instants aux détails de la vie quotidienne en altitude qui pourrait provoquer une dépense d’énergie superflue, synonyme de mal-être et prémices de MAM. C’est donc une attitude hautement préventive qui permet d’envisager des séjours prolongés en altitude (et dès 3000 m).
La progression continue en himalaya, avant le départ...
Il s’agira :
d’optimiser le poids de chaque rubrique : tente, matériel de couchage, matériel de cuisine, carburant, vêtements personnels, matériel technique, sac à dos, nourriture.
De connaitre précisément le poids de chaque élément, et de calculer le poids total à transporter en fonction de la durée.
De calibrer le poids total que chacun est capable de porter, tout en restant dans une zone de plaisir, durant 4 à 6 h de montée (et aussi de s’entrainer pour cela). Bien évidemment, ce poids diminuera en fonction de l’altitude.
D’analyser le trajet à parcourir, avec une position optimale des camps. Sans non plus vouloir augmenter la distance entre chaque camp.
Toutes ces taches sont forcément contraignantes dans des emplois du temps forcément déjà bousculés par une absence prolongée. Ils n’en sont pas moins indispensable et font partie de la préparation de l’expédition. La réussite de la progression continue envisagée est à ce prix !
Des Samaya en Himalaya ou, "les tentes, un élément clef du matériel".
Nous avons eu la chance de pouvoir utiliser et tester de nouvelles tentes SAMAYA. Des tentes particulièrement légères et malgré tout très confortables à vivre en altitude. Cette légèreté est un avantage indispensable pour envisager une progression continue sans soutien logistique pour le portage.
La nourriture en progression continue et en Himalaya.
Ce sujet de la nourriture en altitude mériterait un chapitre complet tellement il est complexe et multi factoriel. En progression continue, le poids est bien évidemment fondamental et la question est peut être de savoir quoi faire avec les plats lyophilisés. Y a t il une alternative ?
La Kora de la Hidden Valley.
Nous voici donc au Col du Dhampus Pass. Nous sommes un petit groupe de 6 alpinistes (dont 2 népalais), avec 3 tentes Samaya en partance pour 6 jours d’alpinisme vers le Phurba Khang.
Nous allons expérimenter plusieurs styles de progression continue avec plus ou moins de réussite et le vent ne va pas nous faciliter la tache. Mais aussi, nous n’avons avant le départ pas vraiment optimisé notre matériel.
Encore en travaux…
En guise de conclusion...
Nous avons vraiment de grands progrès à faire pour optimiser toute la préparation de cette progression continue et ce sera notre challenge pour les deux projets de l’automne 2022, vers le Lamjung Himal et pour la traversée des Bhrikuti au Mustang.