Vous connaissez maintenant de mieux en mieux la CSV, la Cartographie Systémique des Vigilances.
Un bref rappel… La CSV est une représentation graphique d’une sortie, co construite par les participants. C’est un 3 x 3 augmenté qui intègre les outils de la nivologie choisis par le leader.
Et justement, en ce début de saison d’hiver de nouveaux outils sont disponibles.
- Il s’agit de la méthode DCMR, présentée par Chris Semmel, Ben Reuter et Walter Wurtl, dans le cadre de la chaine « Safety Academy Lab Snow » d’ORTOVOX.
- Mais aussi du Winter Journal, par les mêmes auteurs
- et de la Méthode Guidoss, développée par l’ENSA..
Le Winter Journal
- Le Winter Journal est un carnet de nivologue. Il est fait pour tous ceux qui s’intéressent à la neige.
- Le format de poche est pratique pour les observations, l’interprétation et la prise de décision en terrain avalancheux.
- Les informations essentielles sur la neige et les avalanches sont facilement disponible lorsque vous en avez besoin.
- Le Winter Journal est conçu pour partager des standards communs. Il est disponible en anglais, français et allemand chez Ortovox. C’est un outil utilisé par l’ENSA, l’ANENA et Météo France.
La méthode DCMR
Une première réflexion suite à un stage de l’ANENA de Nivologie Avancée, avec Ben Reuter & Seb Escande le 17 & 18 Janvier 2023.
- Dans la mise en place de la CSV pour la préparation, pour aborder la partie nivologie, classiquement nous utilisons les pentes à 30° et le BERA, pour définir les zones à risques au niveau local.
- Puis, avec la vigilance encadrée, nous pouvons représenter les modes de vigilance des différentes sections de l’itinéraire.
- Pour les parties en mode Détendu et Méfiant, la réflexion pédagogique proposée dans le cadre de la CSV est relativement claire à mettre en place, à cause de la quasi absence de danger.
Pour le mode Alerté (le passage clef), la méthode DCMR apporte un éclairage nouveau et très structuré. Elle apporte également un outil pratique pour passer d’une Estimation global du Risque d’Avalanche (le BERA) à une estimation en local, puis plus précisément pour la course choisie et le (ou les) passage clef. La complémentarité entre observation du terrain, tests et leur représentation dans une grille récapitulative est particulièrement pertinente. C’est le chapitre « Évaluer le danger local » du Winter Journal, qui sert de base pour évaluer chaque passages clefs avec les cases Dangers et les Conséquences.
Ce qui est nouveau, c’est :
- La construction avec des tests et de l’observation) de l’estimation du Danger au niveau local, et non pas seulement une lecture attentive du BERA. Avec la nécessité de mieux conduire des tests complets selon une méthode rigoureuse, et avec comme pré-requis une bonne connaissance des cristaux.
- Une utilisation concrète des SAT, mieux documenté.
- Des questions précises sur la probabilité de déclenchement.
En conclusion, pour les passages clefs, nous devrions être mieux à même d’observer et d’exprimer nos conclusions (et de les argumenter), pour mettre en place les mesures adéquates ou un renoncement. Et bien sûr, cela dans le cadre d’une co-construction avec le groupe…
Voici une manière d’intégrer la méthode DCMR dans la CSV.
DCMR pour Danger, Conséquences, Mesures, Risque
Les quatre éléments constitutifs de la méthode DCMR sont :
- identifier et estimer les dangers,
- évaluer les conséquences,
- envisager des mesures
- et évaluer le risque.
La première chose à faire est d’identifier les passages clés, c’est-à-dire de déterminer les pentes où il faut s’attendre à des avalanches.
Dans le déroulement d’une CSV, nous sommes juste après avoir fait le gribouillon cartographique de la partie centrale (la représentation du terrain de la sortie) en y ajoutant les pentes à 30°, sur l’itinéraire et au-dessus. L’étape suivante est donc de représenter « le coeur de risque » du BERA sur ce croquis, en activant ou en désactivant les zones critiques identifiées et indiquées sur le croquis. Le Winter Journal nous propose aussi une méthode pour mieux évaluer le danger local en combinant observations du terrain et tests de colonne (simple ou étendu).
Pour ces zones critiques (en mode ALERTÉ), la méthode DCMR nous invite ensuite à considérer les conséquences d’un départ réel d’avalanche. Avec des mesures mieux positionnées.
D pour danger
Il s’agit d’identifier et de documenter clairement les SAT (2 au max), d’analyser les observations de la structure en plaque avec des questions précises sur la probabilité de déclenchement :
- Au sujet de la couche fragile : Est-elle active et sollicitable ?
- Au sujet de la plaque : Sa structure est-elle propice à la propagation ? Existe-t-il une forte variabilité dans le manteau neigeux ?
C pour Conséquences...
Pour ces zones critiques (le mode ALERTÉ), la méthode DCMR nous invite ensuite à considérer les conséquences d’un départ réel d’avalanche. Et pour cela, il faut nous préoccuper de 4 critères :
- L’importance de la pente
- Le volume de neige concernée
- Les pièges du terrain
- Les points de regroupement possible, en sécurité
Une feuille mémo regroupe ces questions dans le Winter Journal.
Cette phase nous permet d’aborder la criticité de la situation. Et de se poser la question ( par tous et tous ensemble), s’il est pertinent ou non, de s’engager sur cette sortie au moins jusqu’au point de décision, pour confirmer cette analyse par une observation sur le terrain
Concrètement, dans la CSV, ces critères d’observation seront notés dans la case Stop, Think & Share.
Peut être, remplaceront-ils les 6 critères de la Vigilance Encadrée que j’utilisais précédemment ? Et c’est justement ce que nous allons expérimenter cet hiver. Ces observables sont ils pertinents ?
La CSV et Guidoss...
La CSV et Guidoss ont beaucoup de points communs, il reste maintenant à présenter Guidoss avec un mode d’emploi précis. Et forcément, avec une expérimentation cet hiver. Affaire à suivre donc…
Paulo, le 19 Janvier 2023
Cet article est en cours de rédaction… Et vos commentaires sont les bienvenues !
Un message de Jérome, dans les Pyrénées
« J’ai bien aimé ton article dans ton blog sur la méthode DCMR. Le winterjournal est plein d’info mais presque trop. Il n’est pas facile de s’y retrouver. Les vidéo sont vraiment très claires et bien faite.
La CSV est vraiment le chainon manquant de toutes ces démarches et méthodes en permettant de relier toutes les infos, de classer et synthétiser. J’ai encore du mal à comprendre les freins à l’utilisation de la CSV par les pros ou dans les clubs.
Je suis impatient de pratiquer la CSV 2023 2.0 et de tester sur le terrain la DCMR. »
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