En ce début d’automne, je suis là. Au milieu du glacier de la Girose.
Je me déplace doucement. J’écoute. Je m’arrête et je regarde. Je me pose et je médite. Je regarde aussi mes compagnons. Et ils sont beaux mes compagnons de montagne. Je les remercie infiniment de m’avoir invité, initié à un merveilleux voyage sensoriel et émotionnel, au coeur d’un monde qui est pourtant le mien.
- Natacha marche précautionneusement en regardant, en écoutant le glacier avec sa caméra.
- Laurent s’immisce dans les fentes et cherche un lieu propice pour être, pour vivre à l’intérieur du glacier une expérience d’une corporalité singulière.
- Sophie a dansé face au soleil puis s’est allongée comme épousant la forme du glacier qui s’écoule. Dans sa main levée vers le ciel un morceau de glace fond et s’écoule goutte à goutte.
- Olivier, lui, est debout. Il a entonné un chant, une mélopée douce et grave, qui vient de loin, du plus profond de son envie de rencontre, de son intuition de cette rencontre particulière avec le glacier.
Le cadre est somptueux. L’instant magique.
Il n’y a aucune présence humaine, pas de téléphérique, de piste ou de pelle mécanique, nous sommes seuls, le glacier et nous, en une déroutante intimité. J’observe mes compagnons, le glacier, et leurs beautés conjuguées me comblent, me bouleversent. Ma carapace d’homme, de guide et de technicien de la montagne s’est comme dissoute, évaporée.
Depuis ce jour là, ma manière d’être en montagne a changè, ma relation aux glaciers, aux sommets, aux rivières, à la montagne dans son ensemble, et aux autres se modifie doucement. Je ne vois plus mon métier de guide de la même manière.
Peut être vais-je arriver a me débarrasser définitivement de mon carcan de techniques et de certitudes, mon langage sécuritaire et cette injonction à toujours faire, toujours plus.
Une autre vie commence…
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