Ce « petit » sommet juste en face de Kyangjin restera la plus belle découverte alpinistique de notre voyage au Langtang de l’automne 2016.
Il pourrait largement remplacer le Naya Kanga (Nekang, pour les Langtang pa) qui, avec le recul glaciaire, est devenu beaucoup plus difficile techniquement, avec une approche sur des éboulis peu agréables.
Techniquement, le Gangja La Peak est une course uniquement neigeuse avec une approche glaciaire simple et intéressante, pouvant être côté II/PD en cotation himalayenne.
La partie finale est une arête de neige très esthétique.
Il n’y a pas de camp d’altitude ni de danger objectif, et la vue du sommet est somptueuse, au Nord vers les grandes montagnes du Langtang et le Shisha, au Sud sur l’Helambu et des collines à perte de vue.
Le glacier de Phamu Depke est également utilisé par la NMA pour ses stages de formation d’alpinisme et nous avons naturellement nommé, sur la prochaine carte, le camp de base du Gangja La Peak, «NMA Training Camp». Il est plutôt confortable avec beaucoup d’emplacements de tente disponible et de l’au à proximité.
Malheureusement, comme trop souvent, il y a aussi des poubelles.
C’est un autre sujet, dont voici une contribution très personnelle.
Que pensez-vous ?
Gangja La Peak. L’accès au Camp de base
Depuis Kyangjin, avec un camp intermédiaire à XXXX c’est le sentier de la traversée du Gangja La jusqu’au Hight campXXXX.
Depuis ce camp, sur la gauche, un peu avant la station MTO norvégienne, il faut prendre une petite sente assez raideur dans des pierriers, puis une combe et une croupe à droite (cairns et traces) xxx m de montée.
Le camp de base («NMA Training Camp») se situe dans un petit vallon avec de l’eau à proximité dans un lac derrière la butte à droite.
En venant du Gangja La, l’accès est assez court et simple mais un peu hors sentier dans des blocs peu agréables.
L’idéal serait que les sentiers d’accès à ce camp de base soient améliorés lors de la rénovation du sentier principal du Gangja La prévu en 2017/2018 par les habitants de Kyangjin.
Gangja La Peak. L’ascension
4 à 5 h de montée et 2 h de descente.
Juste en face du NMA Training Base Camp, la langue terminale du glacier de Phamu Depke est bien visible.
Rejoindre la base de ce glacier par une sente bien marquée qui part à flanc vers la gauche (c’est aussi l’itinéraire pour chercher de l’eau au lac), puis contourner par la droite un éperon avant de revenir en traversée dans le vallon glaciaire par des éboulis.
La première pente en neige ou en glace (pas sans crevasse) est un peu raide, (25 à 30°) mais ne pose pas de problème de progression pour déboucher sur le grand plateau glaciaire, qui lui est un peu crevassé.
Remonter une pente régulière en direction du col de Phamu Depke La, puis obliquer vers la droite vers le Col du Dôme, qui sépare le Snow Dôme avec sa belle arête et le Gangja La Peak.
L’Arête Est du Gangja La Peak fait un bel arc de cercle et se redresse vers la fin (environ 30/35°).
Le sommet se situe sur la gauche de l’arête sommitale (Lungtar et superbe vue…).
Bien évidemment, c’est une course qui se réalise très bien en technique alpine.
Elle ne nécessite aucun matériel à part piolet/cramons et une courte corde d’attache.
Ce serait une faute de goût majeur et un bien piètre travail de guide que d’y installer des cordes fixes et de progresser en se tractant à la corde avec une poignée autobloquante.
Mais je sais aussi que cette remarque ne sert à rien, vu l’évolution actuelle !
Quelques remarques et propositions.
Par bon enneigement, le couloir Sud du Col du Dôme est un bel itinéraire d’alpinisme PD+/AD, depuis le versant Helambu et le Black Rock Camp.
C’est alors une superbe course de neige en traversée, avec le sommet du Gangja La Peak en prime !
Pendant la journée d’ascension, l’équipe népalaise peut déplacer le camp de base versant Langtang…, pour le lendemain, faciliter la descente à Kyangjin.
Une autre traversée existe, celle du Phamu Depke La, mais nécessite versant Helambu un autre camp de départ, un peu plus bas et en aval des bergeries de Geltang. La progression sur les éboulis est également plus longue.
Du côté de la réglementation. A big problem !
En l’état actuel de la règlementation népalaise, ce sommet n’est pas autorisé !
Son ascension est donc interdite…
Mais l’intérêt du sommet étant réel, à la fois pour les alpinistes et pour les habitants du Langtang, il existe trois solutions pour faire évoluer cette situation. Elles correspondent à trois niveaux de décision (le ministère, la NMA et les Langtang pa).
1… Le Ministère du Tourisme reste le plus haut niveau de législation.
Il peut décider :
- de rendre l’ensemble des sommets de – de 6000 m du Langtang, totalement libre d’accès.
Ce serait la solution la plus souhaitable (et exemplaire) pour promouvoir le Langtang durement touché par les tremblements de terre du printemps 2016. - d’ajouter le Ganga La Peak à la liste des sommets d’expédition par décision du «Cabinet ministériel».
Ce qui serait plus contraignant pour les alpiniste mais identique au BP Peak avec le risque d’une très faible fréquentation (et donc d’un intérêt très limité). - En confier la gestion à la NMA comme nouveau sommet autorisé de la région du Langtang.
2… Deuxième niveau de législation, la NMA.
Elle peut soit :
- décider de le rendre autorisé et payant, en l’incluant dans le permis Naya Kanga, ou en l’identifiant séparément.
- Ou le rendre gratuit, comme le Yala Peak. Vu son altitude modeste.
3… Troisième niveau de législation, en l’absence de prise de décision des deux autres niveaux: les habitant du Langtang et plus précisément de Kyangjin.
Les habitants du Kyangjin par le biais du « Hotel Management Commity » peuvent décider d’une règle locale et eux-même autoriser les alpinistes étrangers à gravir ce sommet, moyennant une redevance d’un montant à définir (par exemple identique au coût d’un permit NMA) et au bénéfice de la communauté.
Ce serait une initiative vraiment surprenante et novatrice, qui permettrait de débloquer rapidement la situation. Mais tellement transgressive par rapport à un pouvoir centralisé.
Bien évidemment, ma préférence va à la 1ère solution : l’ouverture de tous le sommets de moins de 6000 m, sans royalty ni formalité. Mais si rien ne se passe, la solution locale, avec un contrat/contact réelle avec les habitants de Kyangjin me semble particulièrement intéressant.
Plus il y aura de groupes d’alpinistes souhaitant gravir ce petit sommet, plus vite la situation se débloquera…
Alors n’hésitez plus…
Car c’est vraiment un très beau sommet, malgré son altitude modeste.
Paulo_un 15 décembre 2016
Depuis Boudhanath