ski de randonnée au Pays de la Meije

Comment utiliser la CSV pour l’initiation au ski de randonnée ?

L’objectif de ce texte est d’initier une discussion ouverte et décontractée au sujet de la CSV et en particulier sur son utilisation pour des sorties d’initiation au ski de randonnée.

 Il s’adresse autant aux encadrants de l’activité (déjà diplômés ou en cours de formation) qu’aux personnes qui débutent le ski de randonnée. Mais aussi aux formateurs ou aux personnes motivées par une réflexion approfondie.

Nous nous situons clairement dans une démarche de Recherche-Action où toutes les analyses, les remarques, les contributions, toutes les expériences contribuent à un enrichissement des connaissances.

Et nous comprenons que la démarche CSV puisse surprendre, déranger, questionner et tout simplement ne pas convenir à certain. Aucun souci…, parlons en !


ATTENTION, ce texte est actuellement en ligne sur mon site perso. Mais il sera dès que possible transféré sur un site web exclusivement dédié à la CSV. C’est le job pour le début de l’année 2024, avant la saison de ski de randonnée.

perfectionnement au ski de rando
Tout le plaisir d'une grande courbe...

La CSV hivernale et l'initiation au ski de randonnée

Une terrasse de café à Chambéry, en début d’hiver…

Michelle m’interpelle. Elle vient de terminer sa formation d’initiateur ski de randonnée FFCAM.

Salut Paulo, tu aurais un peu de temps pour discuter de la CSV.  Car je vais encadrer un cycle d’initiation au CAF et j’aimerais bien expérimenter la CSV pour ce premier encadrement. J’ai vue sur ton site que tu proposais de l’initiation au ski de randonnée à La Grave. 

  • Utilises-tu vraiment la CSV dès la première sortie ?
  • Comment fais-tu concrètement ? 

C’est super ton projet… Et t’en fais pas, la CSV est assez simple d’utilisation, juste un peu plus formelle, un peu plus complète et rigoureuse qu’une préparation classique. Et plus tu l’utilises, plus elle devient naturelle, en fait elle demande un apprentissage et ça prend du temps.

Alors, oui, j’utilise la CSV quotidiennement, dès la première sortie d’initiation et même avec des personnes qui n’ont jamais fait de ski de randonnée. J’adapte simplement la forme de ma CSV, je la simplifiePuis au fur et à mesure des sorties, je la complète tranquillement, en utilisant aussi les opportunité des conditions rencontrées. C’est comme un puzzle dont j’ai une vision assez claire au départ et que je construis avec les participants.

Pour moi, c’est devenu une routine qui m’aide à structurer mon intervention. Pour les participants, j’ai l’impression que la CSV (même dans une forme très allégée) leur donne des points de repère sur ce que nous faisons ensemble, en les impliquant directement dans l’action. Ils construisent ainsi une perception de l’activité qu’ils pourront utiliser ultérieurement.

 Mais, fais-tu une information préalable sur la CSV auprès des participants ? 

Sont-ils au courant ?

OUI, bien sûr. 

Je pense même que c’est indispensable d’expliquer que la sortie sera réalisée dans une démarche participative et de formation. Cette notion participative est l’élément le plus important d’une démarche CSV. C’est simplement afficher une réalité et une forme de qualité d’encadrement. Au moins, c’est clair, et les personnes peuvent choisir en connaissance de cause, en sachant que du temps sera consacré à la préparation comme au débriefing et que cela fait partie de la sortie sur le terrain, et qu’ils sont eux au centre du processus.

Pour toi, cette information préalable est simple à faire avec le formulaire en ligne du club qui présente ton cycle, tu peux même mettre des liens vers des documents expliquant ce qu’est une CSV (nous allons travailler là-dessus ce début d’hiver, et je te les enverrais). Et en particulier, dire que vous allez réaliser ensemble la préparation de chaque sortie, avec un document concret à la clef (le gribouillon), auquel il sera possible de se référer au débriefing.

Tu insistes beaucoup sur ce document concret, c’est vraiment indispensable ? Car c’est quand même contraignant à faire. Oralement c’est bien aussi ?

Justement non. 

Oralement, tu fais une préparation classique*1. En faisant, avec les participants, un document concret : écrit, dessiné, avec des cases, un croquis et des couleurs pour qualifier l’itinéraire, tu fais vraiment une CSV. Et vous mettez à plat, vous rendez visible ce que vous allez faire ensemble, la manière de le faire aussi. C’est un document qui implique tout le monde.

Par exemple, avant tu pouvais dire : « voilà, j’utilise le 3X3 dans ma préparation », mais il n’y a rien qui prouve que tu le fais et comment tu le fais. Maintenant avec la CSV, c’est l’inverse, tout est noté…, « voici ce que nous allons faire ensemble et comment nous allons le faire ». Mais cela demande des efforts, de la transparence sur les outils utilisés, et forcément plus de temps, car c’est un réel investissement.

Tu parles du 3×3, mais tu en fais quoi, toi, concrètement ?

Ben… Rien. 

C’est une référence importante dans l’histoire de la nivologie. Mais pour moi, le 3X3 est dépassé (et c’est normal, nos connaissances évoluent et les outils que nous utilisons aussi), à la rigueur j’utilise le terme de « 3X3 augmenté, amélioré » pour ne pas froisser les gens qui y font référence, mais pour moi le 3X3 originel n’est plus utilisable en l’état

Mais va dire ça en Suisse à des « chefs de course » du CAS qui l’enseignent encore ! Je me rappelle d’un échange houleux à la cabane du Trient avec des guides Suisse et en plus formateurs. Intéressant… !

Bien sûr, j’en parle dans les stages Neige et Avalanche de l’ANENA. Mais jamais en initiation, la CSV fait le job beaucoup mieux…

Un silence s’installe…

Je te vois bien dubitative, c’est ce discours un peu brut de forme qui te dérange ? Mais continuons, tu veux ?

Sais-tu qu’il existe deux types de CSV que tu peux utiliser pour ton cycle. 

Par exemple, à La Grave en début d’une semaine d’initiation, je fais une CSV globale qui pose l’ensemble des différentes journées, associée à différents contenus techniques et avec les courses envisagées. J’y intègre aussi les réalités des participants, leurs attentes spécifiques. Bien sûr, cette planification peut changer en fonction de la météo, des participants, c’est juste une première base concrète. 

Et, pour toi, c’est une représentation visuelle du cycle très structurante. Chacun se rend compte de ce qui va être abordé, dans quel ordre et comment. Et chacun peut donc mieux s’y préparer.

OUI, ça c’est une bonne idée. Ça va m’obliger à avoir une vision globale du cycle, et que je peux partager.

Mais, j’ai aussi l’impression que la CSV est un outil très complet, trop peut-être. Ça fait pas beaucoup de notions à aborder pour des personnes qui commencent le ski de randonnée ?

Effectivement, et c’est pourquoi il est intéressant de faire une CSV spécial débutant, avec toutes les étapes mais sans les approfondir. C’est cela qui est structurant et va permettre l’utilisation de la CSV tout au long de la carrière d’un skieur de rando, pour toutes ses courses, de la plus simple à la plus complexe. 

Si tu veux, on peut dérouler ce fil des différentes étapes et en discuter ?

Si tu as le temps, avec plaisir…

La 1ère étape : C’est bien sûr le groupe.

C’est quasi une vigilance a elle toute seule (surtout en initiation) et c’est le point fort de la CSV. L’Humain est au centre du processus avec une attention particulière aux interactions et aux fonctionnements de groupe.

De nouveau, le temps long d’un cycle avec ses rendez-vous successifs permet de créer une dynamique très intéressante et constructive. La 1ère rencontre du cycle permet d’ailleurs de remplir cette 1ère case de la CSV (par exemple en haut et à gauche de la feuille blanche). Ce sera déjà ça de fait. Un groupe n’est jamais homogène et c’est toute sa richesse. Perso, j’essaye d’être attentif aux compétences de chacun (par exemple, si quelqu’un connait et utilise IphIGéNie, il pourra aider d’autres participants moins aguerris), aux inquiétudes plus ou moins exprimées (car la CSV est aussi un outil pour limiter le stress, des participants comme du leader), et aussi à l’expression des attentes (ce qui fera que la sortie sera réussie). C’est aussi une phase où je m’exprime sur mes propres réalités (par exemple, je peux demander un soutien si le groupe est trop hétérogène).

Cette phase, qui est une sorte de cartographie informelle du groupe est particulièrement importante pour moi. Elle va déterminer la tonalité de nos échanges et la capacité du groupe à se construire en tant que groupe, et à devenir auto-apprenant.

Sur plusieurs sorties, il serait d’ailleurs intéressant d’observer l’évolution du groupe et de le noter au fil des CSV.

Faire une cartographie du groupe, c’est drôle ça…

2ème étape : La nature du projet et le choix de la course. Le pourquoi et le quoi.

C’est également une phase préliminaire importante de la CSV, car elle permet de valider l’adéquation entre le projet proposé et les attentes, les compétences des participants. Mais aussi d’évaluer le niveau d’adhésion, d’implication de chacun. Dans le cas d’un cycle d’initiation, la nature du projet est claire, mais il n’est pas inutile de préciser ce à quoi correspond une sortie d’initiation, c’est à dire : une sortie pas trop longue (max 700 à 800 m, sans passage complexe ni risque d’avalanche et donc complètement en mode DETENDU (en vert sur le gribouillon). Il est également intéressant d’expliquer ce choix de telle ou telle course.

Bien évidemment, en amont, tu auras fait une analyse des conditions météo et nivologiques annoncées pour bien choisir ta course. Ce qui signifie aussi qu’il n’est peut être pas pertinent d’élaborer un calendrier précis, mais peut être simplement une liste ouverte de courses dans laquelle tu choisis au dernier moment, éventuellement avec même un échange avec les participants. 

J’aime bien cette idée de pouvoir choisir la course au dernier moment. Les conditions changent tellement vite actuellement. Il serait d’ailleurs intéressant d’échanger cette liste de course idéale pour l’initiation, entre les encadrants d’un même club, je vais en parler en commission. 

Et aussi, quand tu dis que le leader en amont aura fait une analyse des conditions pour choisir la course, est ce que tu fais une sorte de CSV à blanc, pour toi. Bien avant de la faire avec le groupe.

OUI, effectivement, faire une CSV à blanc peut aider le leader à clarifier son choix, c’est d’ailleurs une stratégie pédagogique pour la CSV Alpinisme. Mais attention, c’est simplement une préparation classique par le leader et ce n’est absolument pas une CSV, qui reste un document concret co-construit avec les participants.

3ème étape : La cartographie de l’itinéraire.

Faire le schéma de la sortie nécessite un peu d’habitude et quelques compétences carto pour bien choisir ce qui va structurer le croquis, ce qui sera concret et parlant pour tous. Au début, il sera plus simple de partir du point de départ concret et de construire l’itinéraire au fur et à mesure; puis avec l’expérience, partir du global (les grandes lignes du relief) pour resserrer petit à petit le zoom facilite cet exercice. Il est bien sûr important de représenter les pentes à 30° qui concernent l’itinéraire, et se sera aussi une manière concrète d’introduire la nivologie.

Pour aborder la cartographie, un pré requis est indispensable : que chaque participant dispose sur son smatphone d’une application de carto (IphiGéNie ou Alpinequest) et sache à minima s’en servir. C’est ce que nous appelons une méta règle de la CSV.

C’est quoi déjà, ces méta règles ?

Oh pardon…, je vais trop vite. Ce sont les règles qui fondent la CSV, et qui ne nécessitent pas d’être remise en question.

 Il y a :

  • Une CSV utilisée pour les 4 étapes d’une sortie, et donc du temps pour la préparation ET pour le débriefing.
  • Une taille de groupe qui ne devrait pas dépasser 6 à 7 personnes, leader compris.
  • La préparation concrète avec un document (le gribouillon) réalisé AVEC les participants
  • Et donc les outils pour le réaliser (une feuille blanche, stylo et 3 feutres de couleur)
  • Une application de cartographie sur le smartphone, par chaque personne (même les couples !)
  • DVA/ Pelle/ Sonde bien sûr,

Pour la première sortie, l’objectif carto n’est pas très élevé, simplement que chacun :

  • Télécharge les cartes nécessaires (et aussi la carte des pentes).
  • Identifie le parcours envisagé.
  • Pose quelques points de repères sur l’itinéraire (les épingles ou waypoints).
  • Enregistre la trace sur le terrain (pour la comparer avec le positionnement de ses épingles et pour en discuter au débriefing).

Le message global est clair : il n’y a pas de prise en compte de la nivologie, sans cartographie précise.

Sur le terrain, l’enjeu sera de mettre en place un « Lead alterné » avec tous les participants. C’est le choix d’une méthode d’apprentissage par Learning by Doing. Pour que chacun expérimente ce choix de la trace (à suivre ou à faire), le rythme et bien sûr avec une réflexion sur la notion de qualité d’une trace.

Ah bon, tu fais un Lead alterné, déjà en initiation. Tu sais que ce n’est pas du tout ce qui se pratique. Perso, j’ai du quasi me battre pour arriver à faire la trace et même encore après plusieurs saisons de ski. Il y avait toujours un grand gaillard qui passait devant. Alors de là à faire faire la trace à des débutants, c’est la révolution pour certains encadrants.

Oui, je sais. Chacun fait comme il le sent, comme il peut. 

Mais il n’empêche, la CSV permet de faire cela car elle s’inscrit dans une démarche participative et pédagogiquement dans un Learning by Doing affiché. 

Comment veux-tu qu’une personne se rende compte de la réalité du plaisir et de la difficulté à faire la trace ou à être devant si elle n’a jamais l’occasion de l’expérimenter et reste toujours derrière. Et plus elle le fera tôt, dès les premières sorties, plus vite elle progressera dans sa prise de conscience des réalités d’une course, plus, aussi, elle appréciera le ski de randonnée. Que ce soit pour la question du rythme ou de la qualité d’une trace, on peut apprendre très tôt à faire une « belle » trace et je trouve très agréable de partager la tache du leadership avec d’autres et de voir que ça fonctionne. 

Cela me permet aussi de prendre un peu de recul et d’être plus observateur de ce qui se passe.

Et pour la descente, comment tu fais… ?

Ben la même chose ! 

Je laisse dès que possible un débutant ouvrir la trace, en lui expliquant encore mieux au préalable comment faire. Et même (surtout) si c’est un peu une luge à foin. C’est forcément plus compliqué qu’à la montée, car tout va plus vite, mais c’est aussi un beau lieu d’expérimentation et cela me permet d’être soit en serre-file soit au milieu du groupe. Bref, là où il y a besoin que je sois.

Quel challenge que de proposer cette expérience ! 

si je veux faire ça, il va falloir aussi que je choisisse avec attention mes co-encadrants.

Ou au contraire, que tu sois seule, sans co-encadrant. 

Pédagogiquement, c’est beaucoup plus riche et intéressant pour toi, et surtout cela n’augmente pas la taille du groupe (qui est une Méta Règle indispensable de la CSV). Par exemple, pour la Master Class de Nivologie que j’encadre au CAF de Chambéry (en tant qu’instructeur), je ne souhaite pas intégrer de co-encadrant (même si c’est un encadrant actif du club), mais plutôt inviter une personne en observation participante et peut importe qu’elle soit diplômée. L’important, c’est qu’elle soit motivée à la fois pour participer et pour observer, avec un rendu de son observation, auprès des participants comme du leader. C’est, il me semble, une autre manière de concevoir le co-encadrement, et la notion d’observation participante a des fondements scientifiques solides qu’il serait aussi intéressant d’expliquer et d’approfondir.

Tu pourrais donc faire la même chose dans ton cycle, et tu bénéficierais alors d’un retour sur ton encadrement, ce qui n’est pas négligeable.

4ème étape : Le BERA

Il est simple de consulter le BERA la veille d’une sortie et de le partager, avec tous les participants. Par contre apprendre à le lire précisément, passer d’une lecture à l’échelle d’un massif à une analyse locale, puis encore plus précisément à l’échelle des pentes de la course envisagée nécessite un apprentissage progressif. Dès les premières sorties le BERA fait partie des documents utilisés et il sera commenté le plus simplement possible.

Il existe une petite case dans cette partie de la CSV particulièrement intéressante à remplir : la qualité de la neige que l’on va trouver sur les différentes pentes et sa skiabilité. C’est aussi une réflexion sur le plaisir attendu à la descente (et les compétences à ski des participants).

Les objectifs en nivologie seront donc limités à une 1ère compréhension du BERA pour construire une observation nivo sur le terrain, avec les avalanches (les SAT), l’état de surface du manteau neigeux, l’action du vent. 

Avec une question cruciale sur le terrain :

  •  La situation observée correspond-elle aux prévisions, à l’idée que je me faisais du manteau neigeux ?
  • Que n’ai-je pas anticipé ?

Ce qui ouvre à des discussions passionnantes sur la neige, avec une identification des cristaux et une compréhension des phénomènes de métamorphoses (qui sont les connaissances de base, indispensables pour comprendre le BERA et les strates fragiles).

C’est surprenant et intéressant ton idée d’aborder les avalanches par la notion de plaisir du ski, et de l’observation de la neige. Je n’y avais pas pensé. 

Mais j’ai l’impression d’avoir beaucoup de mal à mettre des mots précis sur la qualité de la neige. Pas certain aussi que je sois au clair avec l’identification des cristaux, ni les métamorphoses…

5ème étape : La vigilance encadrée (Cristal).

 C’est l’interaction entre la nivologie et la cartographie, il s’agit de séquencer l’itinéraire avec la vigilance encadrée et ses trois modes de vigilance que nous avons modifié : DÉTENDU (ou zone sans risque), MÉFIANT (ou zone à risque modéré) ET ALERTÉ (zone à risque).

Pour une sortie d’initiation, cela devrait être très simple car tout l’itinéraire devrait être en vert pour désigner un mode de vigilance DETENDU (zone sans risque). ET si une portion de l’itinéraire nécessite un mode MÉFIANT (zone à risque modéré), pour contourner une zone à risque, celui ci se transforme en une vigilance cartographique précise.

D’un point de vue pratique, la vigilance encadrée est très simple à expliquer et à comprendre, mais ce qui est intéressant c’est sa dimension pédagogique qui n’est pas du tout abordée dans Cristal. Et c’est bien dommage, car le mode DÉTENDU(ou zone sans risque) exprime pour le leader la possibilité d’utiliser toutes les posture pédagogiques possibles (sans retenu puisqu’il n’y a pas de risque d’avalanche), depuis le laisser faire, le faire faire, le faire avec. Et avec beaucoup de nuances d’intervention.

Mais, il est aussi important que le groupe comprenne que c’est sur ce style de parcours en mode DÉTENDU (ou zone sans risque) qu’il peut se permettre d’expérimenter des choses, comme le Lead Alterné et l’apprentissage de la trace et qu’il peut donc le demander au leader (et au leader de le proposer).

Oui, j’ai bien vu ton article sur le sujet et la pyramide inversée. Mais pour moi, j’aurais besoin de vivre ça en direct car nous n’avons pas du tout abordé ce chapitre pédagogique dans ma formation d’initiateur ski de rando FFCAM, qui pourtant est toute récente.

C’est un peu compréhensible, car on ne peut pas tout aborder dans le stage initiateur (j’ai encadré ce stage pendant 17 ans, du temps de la FFME !). À chacun de continuer sa formation en fonction de ses affinités. Tu as raison, ce serait bien que la CSV soit réellement utilisée durant ces stages et pas simplement présentée rapidement. Mais il faut du temps pour que les choses avancent.

6 ème Étape : Un retour sur la Météo. Puis le matériel…  

 

Les prévisions météo ont déjà été abordées avec le BERA, mais je voudrais juste rappeler qu’il existe une vigilance Mauvais Temps qui permet de mieux prendre en compte les différents types de mauvais temps. Mais cela ne concerne à priori pas l’initiation qui devrait toujours se dérouler avec un temps clément (ou acceptable). Mais on peut aussi choisir de sortir quand même avec une météo pas trop perturbée en adaptant la course choisie (en Chartreuse par exemple, moins en altitude, ou plus court etc). La CSV sera adaptée à la sortie avec alors  un contenu cartographie renforcé et sur l’équipement.

Et c’est une bonne porte d’entrée pour aborder la partie matériel et organisation pratique qui est identique à une préparation classique, sauf que les choix sont discutés entre tous et inscrits sur la feuille. L’organisation pratique du débriefing est aussi abordée : le lieu, le temps disponible.

OK, la partie organisation est assez classique et je n’aurais pas beaucoup de soucis pour intégrer tout ça dans ma feuille.

Attention, il reste une dernière étape pour clore la partie préparation de la CSV. C’est un retour vers les participants, car la CSV fonctionne de manière circulaire.

  • Il s’agit de poser la question des biais décisionnels, éventuellement en rappelant l’acronyme  RHOSES pour Rareté, Habitude, Obstination, Social, Expert, Séduction.
  • Puis de définir le fonctionnement du groupe et le fonctionnement du leader. Et enfin de questionner l’ensemble des participants sur leur compréhension et leur adhésion à ce qui a été décidé.

Souvent, je remarque que les participants prennent en photos la CSV, ou demande de récupérer le croquis original. C’est une manière intéressante de garder une trace de ce travail de mise en commun de la préparation. Mais de toute façon, après la sortie, la CSV sera utilisée pour le débriefing et posée sur la table pour analyser à la fois la pertinence de la préparation et le déroulement de la sortie. L’idéal étant de clore cette phase de débriefing par une question sur la capitalisation. 

  • Qu’avons nous appris en tant que groupe durant cette sortie ? 
  • Et vous, qu’avez-vous appris personnellement durant cette journée ?
  • Mais aussi, et moi, que vais-je capitaliser de cette sortie ?

Oh mince, ça fait maintenant des lustres qu’on papote. Ça va ? Je peux te poser une dernière question ?

J’ai vu aussi sur ton site que tu utilisais beaucoup DCMR. C’est vraiment nouveau pour moi, l’utilises-tu aussi pour l’initiation ?

 

J’aime beaucoup DCMR comme outil de prévention, en hiver comme en été. 

Mais je ne l’utilise pas pour une sortie d’initiation car l’itinéraire ne comporte pas de zone à risque d’un point de vue avalanches (donc en mode ALERTÉ ou Zone à Risque). 

Par contre, j’en parle plus en fin de cycle pour les autres vigilances, quand, par exemple, il faut mettre les couteaux pour un risque de glissade (c’est donc une Mesure). Et surtout parce que DCMR sera un outil indispensable à utiliser ultérieurement avec un public initié.

Je ne maitrise vraiment pas DCMR, faut que tu m’expliques mieux son utilisation. Mais bon, on a sacrément aborder de sujets, je n’en espérais pas tant. On essaye de se retrouver cet hiver sur les skis, je participerais bien à une de tes sorties Mater Class CSV et Nivologie au CAF Chambéry.

Pas de souci, avec grand plaisir et on pourra ainsi expérimenter l’observation participante.

Juste quelques recommandations :

  • L’enjeu de la CSV en initiation est de donner envie aux participants de faire ensemble, 
  • de donner de l’importance à la qualité de ce qui est fait plutôt qu’à la quantité. 
  • Surtout de prendre le temps de bien faire les choses 
  • et de prendre plaisir à encadrer des sorties.

Bon début de cycle et à bientôt.

mauvais temps et CSV
Le ski de randonnée, c'est aussi du mauvais temps, à vivre le mieux possible !
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Nous sommes à votre disposition pour en discuter, échanger et vous pouvez nous contacter directement au 06 42 90 75 34, utiliser le mail ou faire un commentaire sur la page de mon site.

Novembre 2023. Dominique Ansel & Paulo Grobel (avec l’aide de Michelle, bien sûr)

Notes et commentaires.

*1: « Pas sur que dans une prépa « classique » toutes les phases de la CSV soient présentes. Autrement dit la différence entre classique et CSV ne se réduit pas à un passage par l’écrit. » Dom.

 
CSV exemple
L'exemple d'une CSV personnalisée. Tout est possible ! L'important étant de produire un document réalisé avec le groupe.

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