Notre trek, ce fût celui de l’autre, du silence, des sentiments.
Le plaisir d’être ensemble.La joie des retrouvailles au retour à Katmandou.Les sourires et les rires des enfants de Kimri.Le dos en « compote » dans la jeep après Gamgadhi.La rencontre improbable avec le guide pakistanais et sa compagne de voyage.Ce fût aussi l’attente à l’aéroport, le ciel que l’on scrute en se demandant si l’on va voler.Le trek c’est aussi l’eau tumultueuse ou rare parfois.Ce trek c’est comme si un prestidigitateur avait posé sa baguette dessus,Il était magique.C’est la vie dans ce qu’elle peut nous donner d’exceptionnel.C’est les bijoux des femmes à Ura gompa.C’est les enfants portant le bois en remontant vers Mugu.C’est Pho, ses habitants ,le partage des pomme de terre dans les champs
qui fait oublier la peur du haut col le lendemain.Les ciels étoilés, les camps toujours prêts.Les souvenirs pour lorsque nous ne pourrons plus partir.C’est Guru Etienne, sa connaissance du bouddhisme Bon, que je croyais disparu.Merci à tous pour ce moment de grâce.Anne Marie.
Mugu Dolpo, à l’envers…
Toutes les photos sont de Julien Fumart, sauf indication contraire.
Retrouver un autre regard sur ce trek dans le blog de Julien.
Et merci à Jean, pour l’effort d’écriture…
28/09:
Camp de Taro, grande discussion avec Paulo, Marie-Christine, Anne-Marie et Julien, sur nos possibilités de parcourir le trek nord de Bhijer à Gamgadhi, avec en plus une possible escapade vers Mugu (GHT high route), exposer ce qui nous attend : être coupés du groupe Danphe Shail (donc sans Paulo, sans les 2 médecins, sans Jeff le kiné, se priver de la formidable ambiance vécue tous ensembles depuis 11 jours).
De plus, si nous nous y lançons, seul Karma a reconnu l’itinéraire.
Je sens Paulo pas très chaud…



Le 29/09:
nous voila à Bhijer, c’est décidé on s’engage, et le mot « engagement » n’est pas galvaudé: on devra être solidaires, connaître nos limites, savoir que le chemin ne sera pas facile.
Anne-Marie est partante, attention à ne pas griller toutes ses réserves, Guru Étienne a rassuré Marie-Christine sur ses inquiétudes et je la sens solide, Julien avec ses 34 ans, le baroudeur est taillé pour ça, et moi je devrai faire avec ce genou gauche qui a des faiblesses!!!
Merci Paulo. En nous souhaitant « Bon Everest », seul le téléphone satellitaire nous réunira tous les 3 jours.



Le 30/09:
c’est parti: Bishal notre chef, Karma l’exceptionnel compagnon bosseur, Urpa notre dévoué cuisinier, les 2 aides, Changkhe, Wangjé, et nos 2 muletiers Sher Bahadur le jeune, Man Bahadur l’ancien, et 11 mules, 2 chevaux qui n’ont jamais fait ce parcours. Le soleil est toujours là et ne nous quittera jamais durant ces 18 jours jusqu’à KTM. Un premier col le Yambur La à 4813m après 4h30 de montée, et première surprise: pas possible de faire un camp à Pho Kharka, pas d’eau! On continuera donc la descente pour un camp improbable bien plus bas.


Le lendemain, journée donc plus aisée avec Pho pour terminus (14 maisons, 70 habitants), superbe village accueillant, plein de vie pour la récolte de 4 céréales différentes, mais là aussi, la source du haut village est tarie!
Une journée de repos dans les petits champs dont certains à l’abandon, voir la gompa de 800 ans transformée en réserve à foin. Malgré la rencontre d’un couple de hollandais venant de Rara mais ayant perdu leur guide depuis 2 jours dans les cols, cela ne nous traumatise pas pour la suite!


Le 03/10:
une grande journée nous attend, 3 cols à plus de 4800m dont le Nyingma Gyanzen La à 5563m.
Partis à 5h30 de Pho, un chemin pas si difficile mais de longue haleine, admirables mules bien traitées par les muletiers, paysage grandiose, soleil tenace, on croise à 5230m un grand groupe d’Australiens de 70 ans en moyenne, valeureux qui marcheront bien plus que nos 11 heures de périple. Une descente très raide en caillasse (900m) où je prendrai mon temps jusqu’à ce 11ième camp rocailleux à 4700m. Tout notre groupe va bien, mais on sera couché tôt dans les duvets!








Jusqu’à la rivière Mugu khola, 6 jours de bonheur, sans village, sans vie, mais des camps inespérés dont celui sous les Palchung Hamga Himal (6236 à 6405 m, bel objectif mais quelle approche), un camp du bout du monde heureux.
Nous passerons donc 9 cols plus haut que le Mont-blanc depuis notre départ de Juphal, une seule journée plus compliquée le long de la Chyandi Khola, une traversée à flan pas mal exposée, où l’on n’avait pas droit à l’erreur du mauvais pas ! En plus, une remontée depuis la rivière à peine tracée, mais Bishal et Karma assureront tout ce trajet sans faute.


Le 09/10
On retrouvera une lodge avec bière chinoise et cola du Bangladesh, légumes frais locaux , beau retour à la civilisation, dans un coin boisé.
A partir d’ici, après le voyage minéral, les grands espaces, les 5000, les nuits toujours sous la voie lactée, on entre dans le trek « humain »: les villages, les familles, les caravanes et les pèlerins, on retrouve aussi les détritus des produits chinois. On peut marcher côte à côte, fini le chemin pas plus large d’une ou deux chaussures, je ne pense même plus à mon genou…
En remontant sur Mugu, on croise de nombreux locaux qui reviennent d’un rassemblement bouddhiste (puja?) à Duchigomba ou Tongtong Hyar, un enseignement par un grand Rinpoché (arrivé par hélico), c’est vivant, nombreuses tentes comme un village de sioux, gosses espiègles, feux de cuisine, tas de sacs de riz pour donations aux moines. Et puis au pied de la gompa, des vieilles femmes tatouées sur le visage, avec tous leurs bijoux d’argent nous font partager leurs rires, sourires alors qu’elles trient les haricots. Les femmes d’ailleurs n’ont pas le droit d’entrer dans la grande tente pour l’enseignement, pourquoi? Mais elles sont aux gamelles pour assurer la pose déjeuner! Et puis le village de Mugu (3430m) dans une large vallée plate, lieu évident de passages, d’échanges vers le Tibet, la route n’est pas loin. Errer dans Mugu est étonnant, village ayant souffert d’un tremblement de terre il y a longtemps, c’est fait de bric et de broc, murs penchés, gros tas de bois mais électricité et poste de police. On boit, grâce à Bishal, du tchang chez l’habitant, moment magique.


Le 11/10,
on redescend pour rejoindre la forte rivière Mugu Nadi, cette journée aurait dû être courte, surtout dans des passages magnifiques, mais pour un problème de riz non anticipé, on laissera passer de superbes lieux de camp pour un bien plus moche(Gilang Khola), au milieu d’une aire de mules, vaches, mouches et odeur de pisse. Seul fausse note du voyage de la part de Bishal/Karma qui en sortent un peu désappointés!
Le lendemain, journée de découverte du village de Kimri (2900m, 20ième camp), 3 ruelles superposées à flan de colline, après une agréable montée à travers champs et forêts. C’est ici qu’on aurait dû retrouver le groupe Paulo, ils loupent cet écrin de bonheur, mais ce n’est que partie remise. En effet, l’accueil du village est formidable, plein d’activité avec les récoltes, les gosses curieux. Karma nous défriche le seul endroit possible pour camper, juste sous la source. Ce n’est que sourires, offre de pommes, cache-cache avec les chiens et les mômes, invitation à monter sur les toits pour les photos.

Le 13/10,
bon chemin vers l’Humla, on change, par un pont moderne pour l’autre plus belle rive de la Karnali, un autre camp dans un champ de maïs, où les mules se rouleront de plaisir dans la poussière, et en plus, Urpa nous trouvera des œufs frais, et l’équipe cuisinera une soupe d’orties digne d’un 3 étoiles, juste pimentée à mesure.
On fait baisser le rythme à Bishal, sachant que Paulo nous laisse notre liberté, pas besoin d’arriver trop tôt à Gamgadhi. Je sens Anne-Marie fatiguée, Marie-Christine aurait bien voulu aller sur Dolphu, Julien semble indécis sur la fin du parcours… je choisis la sagesse du pas lent.
On finira ce parcours par 2 villages intéressants Mangri le haut (2400m et 450 élèves à l’école) et Chhaila (2180m, 22ième et dernier camp) , avec une centaine de femmes allant aux champs avec leurs serpettes, toutes en joie, certaines tatouées, même 2 jeunes. On traverse de grands champs de maïs, d’amarantes rouges, jaunes, oranges, on commence à voir des petites rizières. Chhalia, c’est déjà la piste sans voiture, la route (en attente de subventions) qui rejoindra d’ici quelques années le village de Mugu. Ici le monde bouddhiste, tibétain s’estompe pour l’hindouisme, mais c’est encore très mélangé, l’habitat est beau, plus sculpté, plus coloré, l’eau est abondante, et dans notre camp de la cour de l’école, l’eau y est même chaude pour la douche. Dernier dalbath d’Urpa au poulet.





Le dimanche 15/10,
Karma partira en éclaireur nous réserver le seul « hôtel/lodge » digne de ce nom à Gamgadhi. Il fait chaud, la poussière est bien présente sur cette large piste, sans trace de véhicule, sans chantier, un peu d’ombre parfois avec de grands conifères, les grillons nous accompagnent. Cultures de plus en plus riches dont le riz, on voit Gamgadhi au loin, mais nous n’y serons seulement qu’à 14h30 après une désagréable montée dans une poussière trop fine qui rentre partout.
Tous, on est heureux de boire une bonne bière méritée pour fêter ça, sacré groupe!
Le village rue est plein de couleurs , extrêmement vivant, village de commerces, d’échanges entre le sud et le nord. Bishal nous propose de retrouver Nepalgang par la route, l’avion à Rara étant plus qu’hypothétique, option adoptée à l’unanimité par le groupe, pas envie d’attendre x jours dans ce lieu! En plus, il trouvera une jeep en bonne état, ce qui ne nous épargnera pas 415 km en 20 heures de tape-cul sur 2 jours, mais le massage à KTM n’en sera que plus divin.
Julien aura même la délicatesse de ne tomber malade que le dernier jour de route, en effet, nous sommes tous rentrés en bon état, juste quelques kilos de moins.
Et la joie de retrouver le groupe Paulo au Padma, indescriptible!
Toute cette partie du voyage nécessitait de marcher sans chrono, le seul but était d’arriver en bonne état, quitte à étirer le temps. On aura toujours cheminé ensemble, même si le dernier, moi, j’arrivais au camp du soir 30mn après les autres. Le moral a toujours été haut, le staff attentif et compréhensif avec nos attentes. Pourquoi ça l’a fait, comme disent les jeunes: par le respect mutuel de l’indépendance de chacun, et cette solidarité réelle dans les décisions, l’attention portée sur chacun le long du chemin.
Merci à tous, du staff de Bishal, Karma, aux muletiers et leurs bêtes.
Ni une aventure, ni un exploit, juste un grand trek, sans oublier la chance d’un soleil quotidien.
Jean, dit Tchang Bagé.


C’est un trek très peu fréquenté actuellement, avec une grande diversité de paysages, de cultures, de spiritualité, de découvertes, et d’accueil. Il faut savoir aussi prendre son temps, surtout dans la partie du bas, tant les villages sont différents, plein de surprises.
- Il sera certainement proposé à l’automne 2018 par Tamera, dans le cadre d’une grande traversée au Nord du Dolpo.
- Et, nous y retournerons à l’automne 2019 pour visiter Mugu et nous concentrer dans la partie centrale de ce trek Mugu Dolpo. Avec un groupe d’alpinistes pour aborder les sommets très secrets entre aperçus depuis le sentier principal.

En ligne le 22 décembre 2017
Paulo
Merci Paulo, c’est très bien illustré avec les photos de Julien. On en reparlera pour les sommets du nord de ce trek exceptionnel, il y a des camps de bases qui méritent le voyage.
Amitiés à notre équipe lors de ton prochain séjour népalais.
Tchang Bagé
Bravo Jean, pour ce très beau voyage aventure.
Encore une belle expérience vécue pour toi et tous tes compagnons.
Tu as encore la forme et serait-ce réellement l’ultime ?
bien beaux paysages qui font rêver et envie !
Ah ! si Paulo compte y retourner, j’y serai bien du voyage
en amitié pour toi, mon premier compagnon du Népal
à bientôt Tchang Badgé
Jean Paul
Salut compagnon Jean Paul, quand les 7000 ne sont plus que des illusions pour soi, prendre de grands plaisirs sur du réalisable, alors oui, pas de limite d’age, et ce type de trek, loin, et ouvert à tant de découvertes, est formidable. C’est pour toi en plus des régions arboricoles bien différentes, des sentiers à peine tracés, donc la où Paulo nous entraîne, le pied!!! et peut-être avec toi sur un autre voyage;
Tchang Bagé