Ce sujet peut surprendre, tellement la randonnée est une activité éloignée des problématiques de gestion de risque. Et pourtant, les accidents existent en randonnée et les facteurs humains sont bien présents dans le processus de décisions des groupes, même sur un sentier.
L’implication de tous les participants dans le déroulement d’une sortie en montagne est forcément un facteur de sécurité, et la randonnée est aussi une composante de l’alpinisme pour la marche d’approche et a donc toute sa place dans une CSV alpinisme.
Nous voici au coeur du sujet d’une CSV adaptée à la randonnée.
Nous l’avons expérimenté et utilisé quotidiennement pour la première étape de notre Grande Traversée des Alpes l’Autrichienne dont nous ne connaissions aucun sentier, aucun sommet.
Cette réflexion est dédiée à tous les initiateurs randonnée et aux groupes de randonneurs des clubs de la FFCAM (et les autres aussi, bien sûr). Avec une spéciale dédicace pour Pascale et Marcel.
C’est quoi une CSV ?
La Cartographie Systémique des Vigilance est un outil de gestion du risque, pour les activités de montagne et de pleine nature, elle est centrée sur les participants, les interactions et les fonctionnements groupales. Elle s’inscrit dans une démarche participative visant à favoriser une implication réelle des participants dans la préparation, la conduite et l’analyse de la sortie.
Elle est matérialisée par un document concret comprenant un schéma de l’itinéraire et des annotations, qui aura été réalisé avec tous les participants. C’est aussi, pour les formateurs, un outil de structuration du contenu et pour le groupe, un outil de compréhension, de réflexion sur l’activité.
Cette importance du groupe, des participants (leader compris) est aussi la première étape concrète d’une CSV, avec la définition du projet commun, une mise à plat des attentes et des compétences de chacun et le choix d’un objectif précis. Forcément, cette phase nécessite de se retrouver tous ensemble pour préparer la sortie envisagée. La taille du groupe, comme en ski de randonnée, ne devrait pas dépasser 6 à 8 personnes, pour pouvoir tous se retrouver autour d’une table et d’une feuille blanche à compléter.
Une CSV se prépare, se construit à l’avance par le leader pour compiler les informations sur l’itinéraire et pour pouvoir les partager, elle nécessite du temps et un certain apprentissage pour que chacun comprenne bien les modes de représentation utilisés.
La CSV est aussi un outil permettant de diminuer le stress chez certaines personnes et contribue ainsi à un déroulement apaisé de la randonnée.
Que peut-on, que faut-il représenter dans le croquis d’une CSV ?
Il est possible d’aborder beaucoup de sujets dans la préparation d’une randonnée, par contre comment faire concrètement ?
Déjà, avec tout le groupe autour de la table, faire un croquis très simple de la randonnée, pour que chacun mémorise le tracé, les points de passage, le ou les itinéraires de repli. Avec les dénivelées clairement notées.
On peut y ajouter un surlignage de couleur pour indiquer les passages plus difficiles (éventuellement la cotation), l’exposition ou l’équipement, le caractère hors sentier. L’objectif est de rendre immédiatement visible, lisible les caractéristiques de l’itinéraire et de pouvoir en discuter.
Comme chacun dispose d’un téléphone avec une application de cartographie (!…) , les cartes sont téléchargées avec les points de passages en waypoints, pour anticiper une lecture de carte et une localisation sur le terrain.
Au fur et à mesure de l’élaboration du croquis chacun aura pu s’exprimer sur son ressenti, ces interrogations sur tel ou tel passage. Le leader peut alors aborder la gestion globale de la sortie, son rôle, les attentes de chacun et qui veut faire un lead alterné. Le rythme de marche et les écarts possibles, les points de regroupement peuvent être évoqué et tout ce qui concerne la manière d’envisager le déroulement de la randonnée.
Plus la CSV sera complète avec beaucoup d’annotations, de remarques, plus il sera possible au retour d’en faire le débriefing et une analyse constructive.
La météo annoncée est un sujet en soit qui est traité séparément, tellement les conditions météorologiques peuvent avoir des conséquences sur le déroulement de la sortie. C’est aussi une occasion d’aborder les problématiques de navigation sans visibilité. Mais c’est tellement simple avec les outils modernes.
Les aspects pratiques sont également abordés et notés en marge de la CSV : le point de rendez-vous, les transports et la mobilité douce, les horaires estimés, éventuellement le matériel, l’environnement et les choses à observer.
Mais ça sert à quoi, une CSV randonnée ?
Tout simplement rendre une sortie en montagne encore plus agréable, plus sereine, en la préparant tous ensemble. En y consacrant tous un peu de temps et d’énergie.
Et, par cette dynamique collective, faciliter à la fois le déroulement sur le terrain et l’engagement de la personne qui organise et encadre la sortie au sein du club.
La CSV randonnée est un éloge du Faire Ensemble et d’une responsabilité partagée. Et le caractère convivial de la randonnée pédestre à la fois renforce mais aussi, est renforcée par la CSV.
Ce texte est simplement une première ébauche, car j’ai peu d’expérience en encadrement de randonnées pédestres. Et je suis très impressionné par l’activité randonnée au sein des clubs, et l’implication des cadres bénévoles (mais qui sont malheureusement trop souvent dans un guidage classique).
Merci d’avance pour vos commentaires et compléments d’expérimentation. Vous pouvez aussi utiliser le mail perso.
Bonne randonnée à toutes à tous.
Très belle initiative pour diminuer le stress avant un départ. Une petite suggestion : à coté des éléments topographiques, météo ……. rajouter des informations sur les milieux naturels traversés : espace protégé ou non, faune et flore, voir contacter pour cela une association de protection de la nature ou des copains naturalistes, et emmener des jumelles.
Marie-Paule de Thiersant
Bonjour Marie-Paul
Et merci de ce rappel important. Il rejoint un précédent article,
http://www.paulogrobel.com/csv-ecologie/
et cette dimension naturaliste est encore plus importante en randonnée.
Bel fin d’été à vous.
Paulo, qui essaye de mieux regarder les petites fleurs d’altitude !