Un quart d’heure seulement après le départ, je tombe dans une crevasse, une simple fente d’un mètre de large dans un endroit plat, mais bien profonde. Je m’arrête en surface mais avec une forte contusion à la poitrine et de problèmes pour respirer. Ce qui n’est pas vraiment pratique en altitude !
Notre traversée, s’arrêtera-t-elle avant d’avoir commencé ?
NON, pas question de renoncer encore. L’itinéraire semble relativement simple techniquement et je vais essayer de me préserver le mieux possible. Mais les conditions de neige rendront l’exercice plus complexe et engagé que prévu !
À cause du vent, la pente d’accès au cirque glaciaire sous le Phurba Kang présente des accumulations localisées qu’il nous faut un peu contourner. Mais la pente est raide, supérieure ou proche de 30° et nous sommes tellement vulnérables. La tension est palpable dans ma cordée, plus avertie sur les risques d’avalanches de plaque.
Puis, sur le glacier, les crevasses sont bien visibles et la neige profonde ne simplifie pas notre progression. Sans compter sur la gène respiratoire provoquée par ma chute en crevasse. Bref, l’accès à l’arête est un peu laborieux et nous demandera plus de temps que prévu. Une dernière rimaye se passera plus simplement et nous voici enfin au premier sommet, Chenrezig à 6292 m. La suite est maintenant beaucoup plus simple, juste de grands dômes de neige à traverser.
Mais nous n’avons pas vraiment le temps de flâner à la cime, la traversée est encore longue et le vent de nouveau est bien présent. Avec nos gros sacs, le Kin Step nous obligera à deux petites longueurs en neige. Ouf, tout s’enchaine plutôt bien. À 16 h, nous voici à un grand col après le Manjushri et avant la Cima Giannetti.
- Faut-il s’arrêter là ?
- Ou au contraire continuer pour des altitudes plus clémentes ?
L’endroit est plat et notre fatigue bien réelle, ce sera donc notre camp 3.
Merci beaucoup Paulo pour ce beau retour. Une belle aventure remplie, d’attention , de partage et d’improvisation… prenez soin de vous..