CSV et écologie

Comment une petite fleur devient un symbole fort de la beauté de la biodiversité.

« Il s’agit du destin d’un village insignifiant dans un petit canton de montagne ; d’une entreprise d’aménagement comme toutes les autres qui veut poursuivre le « développement » du territoire main dans la main avec sa municipalité ; d’un projet d’extension de téléphérique sur un glacier qui fond à vue d’œil, comme tous les autres. » LGA

Mais l’enjeu est d’importance et voici un éclairage sur le sujet.

Haut tour des Écrins
Une merveille rare en altitude (l'Androsace du Dauphiné) et surtout un changement radical de notre manière de regarder et vivre en montagne. Crédit : Max Fiorani (sur l'arête Nord de l'Olan)

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"L’androsace du Dauphiné, alpiniste menacée"

« Cette primulacée, qui vit en haute altitude, crée son propre micro- environnement pour survivre dans des conditions extrêmes. Mais le changement climatique et les aménagements en montagne pourraient bien la mettre en péril. 

Jusqu’à peu, l’androsace du Dauphiné n’avait pas d’existence o!cielle. Du moins la prenait-on pour une autre, l’androsace pubescente, à qui elle ressemble à s’y méprendre. Mais la génétique a tranché et, en 2021, cette primulacée a accédé au rang de nouvelle espèce. Avec l’androsace de Saussure et l’androsace du Viso, ce sont trois nouvelles plantes alpines qui ont, tout récemment, fait leur entrée dans le grand club des espèces vivantes. Un fait devenu rare pour la flore européenne, aujourd’hui largement explorée… à l’exception des milieux de haute altitude. Car l’androsace du Dauphiné fait partie de cette flore des montagnes qui se joue du vertige : elle s’accroche aux falaises, se loge dans la moindre fissure verticale, fréquente les sommets escarpés et les fronts des glaciers… Elle est chez elle au-delà de 2 500 mètres, culminant jusqu’à 3 800 mètres, voire 4 100 mètres pour sa jumelle l’androsace de Saussure. Rares sont les plantes qui, en Europe, côtoient des cimes aussi élevées. Les chercheurs qui l’ont dénichée ont le goût de l’alpinisme autant que de la botanique, et ont su porter un autre regard sur ces écosystèmes aux conditions extrêmes, perçus jusqu’alors comme des déserts biologiques. 

Pour survivre, cette plante, endémique des massifs des Ecrins, de Belledonne et des Grandes Rousses, a su se faire discrète, sobre et autonome. Elle pousse en petits coussins denses, d’où émergent, au cœur de l’été, des fleurs blanches minuscules. Celles-ci sont pollinisées par les rares insectes de passage, des mouches, des papillons, et peut-être même, fait inédit dans le monde floral, des acariens. Sa forme en demi-sphère lui procure un volume maximal pour un minimum de surface en contact avec l’air. Une stratégie e!cace pour s’isoler, la différence de température pouvant dépasser 20 °C entre la surface et l’intérieur du coussin. Mais l’androsace pousse plus loin encore son ingéniosité, fabriquant par tous les moyens son propre micro-environnement : germant dans un univers minéral, elle crée son propre sol en piégeant et en recyclant sa matière organique. Ainsi, le coussin se nourrit lui-même, et s’hydrate en retenant l’eau. A ce rythme, avec un cycle de vie et des processus biologiques au ralenti, elle peut vivre plusieurs siècles, témoin immobile de l’évolution des montagnes. 

Or, depuis quelques décennies, cette évolution s’accélère. Le changement climatique aura-t-il raison de l’androsace, avec son lot de nouvelles menaces : pics de chaleur, sécheresses, réduction du manteau neigeux qui isole du froid et hydrate au printemps, remontée de nouvelles espèces plus compétitrices qui profitent des températures douces ? A court terme, cette plante pourrait gagner de nouveaux habitats, libérés par la fonte des glaciers. Ou bien trouver refuge dans les microclimats froids dont regorge la haute montagne, dans les plis de ses reliefs, ses ombres, ses faces nord… Mais, à plus long terme, les conditions climatiques risquent de lui devenir franchement hostiles. A moins que ces hauts sommets ne lui servent, une fois encore, d’asile. Pendant les derniers 2,4 millions d’années de périodes glaciaires et interglaciaires, ces cimes aux pentes abruptes, bombardées de soleil, ont émergé des glaces qui inondaient les Alpes. Sur ces îles minérales, certaines espèces, parmi lesquelles des androsaces, ont survécu pendant des millénaires dans des conditions extrêmes. Ces petites populations isolées ont ensuite pu réensemencer les montagnes alentour lors des périodes de réchauffement. Leur long isolement géographique a créé des divergences, des émergences de nouvelles espèces, faisant de la haute montagne une fabrique de biodiversité. 

Pour l’androsace du Dauphiné, les aménagements en montagne constituent une autre pression. A La Grave (Hautes-Alpes), un projet d’extension de téléphérique, pour monter les skieurs plus haut sur le glacier de la Girose, menace directement plusieurs spécimens de cette espèce, présents sur le site du chantier. Protégée au niveau national, cette petite plante entre ici en politique, servant d’alliée aux associations environnementales et citoyennes pour contrer le projet. »

Angela Bolis (in Le Monde Web)

Mais, envers et contre tout, les travaux de la SATG on commencé sur le rognon rocheux de l’Androsace. Et une nouvelle bataille juridique s’annonce, avec une manifestation sur le terrain le dimanche 24 Septembre 2023 et une chronique dans les médias sous la forme d’une lettre ouverte au préfet des Hautes Alpes.

 Un très beau texte à lire avec attention et qui retrace aussi l’historique de la lutte contre l’aménagement du T3 de La Grave.

Lettre ouverte au Préfet... (MW & LGA)

« Monsieur le préfet des Hautes-Alpes,

Vous avez jusqu’au 26 septembre pour statuer sur la nécessité d’une demande de dérogation pour destruction d’espèce protégée dans le cadre de la construction d’un troisième tronçon de téléphérique sur la commune de La Grave. Une plante rare et endémique, l’Androsace du Dauphiné, a élu domicile sur les lieux des travaux. Comment cette histoire de fleur est-elle parvenue jusqu’à vous ? 

Le cas, d’abord, si par mégarde il s’est perdu parmi les piles de requêtes en attente sur votre bureau. Il s’agit du destin d’un village insignifiant dans un petit canton de montagne ; d’une entreprise d’aménagement comme toutes les autres qui veut poursuivre le « développement » du territoire main dans la main avec sa municipalité ; d’un projet d’extension de téléphérique sur un glacier qui fond à vue d’œil, comme tous les autres. La raison d’être ce projet est, de manière tout à fait banale, économique.  Il a été stipulé par l’entreprise comme par la municipalité que le téléphérique ne pouvait pas survivre sans extension. Le projet qui doit sauver le petit canton montagnard est chiffré à 14 millions d’euros dont 4 millions d’argent public.

Ou sommes-nous ? Dans les Alpes cela va sans dire, mais pas n’importe où. A La Grave, un territoire qui a résisté depuis des années à l’appel du tourisme de masse, et dont la réputation s’est construite sur un modèle en marge des stations géantes qui l’entouraient : ici perdurait une économie mixte dans de petits hameaux qui conservaient leurs particularités. Dans ce milieu exigeant cohabitaient encore un monde agricole et pastoral avec un tourisme raisonné, attachés à une montagne non défigurée par des aménagements outranciers. Ce modèle a fait le succès de La Grave, justement parce que ni le téléphérique ni les villages ne ressemblaient aux géants alentours, les Deux Alpes, l’Alpe d’Huez, Serre Chevalier. Une culture hybride, locale mais aussi internationale s’y est développée, basée sur le fait qu’ici, même si on pratiquait intensément l’alpinisme et le ski hors-piste, la montagne était encore aussi autre chose qu’un parc d’attraction pour touristes fortunés.

Monsieur le préfet, vous n’êtes pas sans savoir que les écosystèmes partent en fumée dans le monde entier, que les montagnes s’effondrent, que les glaciers fondent, que la neige s’amenuise. C’est jusqu’à l’habitabilité même de la planète qui est menacée. Ayant pris acte de ces constats d’incertitude généralisée, nous avons cru bon de commencer par demander à la municipalité d’ouvrir la discussion en proposant un moratoire autour du projet de téléphérique. L’idée était simple : prenons du recul face à « l’urgence de construire » ; prenons le temps de débattre collectivement d’un projet qui s’est inventé dans l’entre-soi des murs de la mairie et de l’entreprise d’aménagement SATA/SATG. La mairie n’a pas pris la peine de répondre directement à la proposition du collectif citoyen, et en signe de profond mépris, la réponse est arrivée par voie de presse : fin de non-recevoir. 

Nous avons ensuite tenté d’en passer par la sensibilisation écologique, en montrant les raisons pour lesquelles ce projet allait contre le sens même de l’histoire. Puisque l’érosion du tissu vivant de la planète n’est plus à prouver et que les flux élémentaires qui soutiennent nos existences se détraquent chaque jour un peu plus, nombre de stations de ski ont été démantelées, de grands projets d’aménagement inutiles et surannés ont avorté. Ailleurs, le sens commun de la catastrophe qui vient et de la nécessité de préserver la vie l’a emporté. Ces territoires s’attèlent à chercher de nouveaux modèles sociaux-économiques plus à même de répondre aux exigences du monde de demain. C’est dans cette idée que nous avons contesté le projet d’extension de téléphérique, et la forme de monde qui le rend possible. A l’été 2022, nous avons ouvert un espace de débats et de discussions sur l’avenir des milieux montagnards, puisqu’il est devenu clair qu’il n’est pas souhaitable de confier nos territoires de vie à la seule économie du “tout tourisme” mécanisé. Avec les habitantes et habitants, nous avons mis en commun des pratiques, des savoirs et des attachements multiples à ce milieu de vie. Notre ambition était simple : créer collectivement une boîte à outils pour décrire les problèmes et nourrir nos imaginaires pour y répondre. Quel écho ? Aucun. L’entreprise d’aménagement a prévenu la police. C’est une accusation à la mode : il a été signalé que nous fomentions un projet d’ « écoterrorisme ».  

Monsieur le préfet, naïvement nous y croyions encore un peu, alors nous n’avons pas baissé les bras. Puisque des sujets comme la mise en péril de l’habitabilité de la planète ou la tentative de réfléchir au vide juridique dans lequel tombent tous les espaces qui sont peu peuplés d’êtres vivants (comme les glaciers et les hautes montagnes) ne semblaient intéresser personne, nous avons fini par nous tourner vers LA question qui, censément, devrait être l’unique préoccupation guidant nos vies : l’économie. Comment ne pas le comprendre ? Lorsqu’on vous dit que si une infrastructure touristique ferme, c’est tout le village qui doit fermer, et qu’il n’y a pas, qu’il n’y aura jamais d’alternative à ce modèle économique pour le village, il y a de quoi prendre peur. Prenant acte de cette terreur bien justifiée, nous avons mandaté une étude économique alternative. Plus de 600 personnes concernées par le destin de ce petit canton ont contribué pour lever 27 000 euros de financement participatif.  Les deux bureaux d’étude indépendants et reconnus pour leur expertise dans le domaine (Montagne Conseil et Versant Sud Développement) ont émis de sérieux doutes sur la viabilité économique de l’extension du téléphérique et sur l’intérêt touristique de ce troisième tronçon. Il a été démontré que « le projet d’aménagement proposé était tributaire d’incertitudes exogènes majeures et bâti économiquement autour de biais et d’interprétations ». Pire, les retombées économiques prévisionnelles sur trente ans pour le canton s’avéraient minimes, et qui plus est captées par les nouvelles résidences de tourisme édifiées pour financer le 3ème tronçon, d’ores et déjà en prévente sous la forme alléchante de clapiers pour gens fortunés. Que va-t-il rester aux professionnels locaux, aux habitants ? Rien, mis à part une grande question d’avenir, d’intérêt primordial pour les générations futures, au centre de l’attention des débats municipaux : comment va-ton financer le futur parking à étages au pied du téléphérique et des résidences de luxe ? Il faudra bien les garer les voitures des résidents de passage quelques semaines par an, sinon quelques jours.

Résultat des courses : néant, à nouveau. La question était économique ? Il fallait la prendre au sérieux ? Bel effort, mais ça ne change rien. Il y a trop de pouvoir en jeu, trop d’attachés-cases. Mieux vaut détourner le regard, s’occuper de sa famille, de son travail, de son jardin si on a la chance d’en avoir un, plutôt que de s’attaquer à trop puissant pour soi. On risque gros – harcèlement, dénigrement, marginalisation, perte de son emploi, de ses amis… mais ça, silence, on n’en parle pas.

Monsieur le préfet, l’histoire n’est pas finie. Est ensuite arrivée la saison bénie de l’enquête publique. Celle qui devait prendre les gens au sérieux, en leur demandant vraiment leur avis. Oui, vraiment, et de manière impartiale. Vous savez, cet enquêteur qui est censé, comme son nom l’indique, mener l’enquête sur un territoire avant de se faire un avis sur un projet d’aménagement. La saison a été bien déceptive. Parler de partialité serait insuffisant, face à un commissaire enquêteur convaincu avant même d’arriver sur place. La lecture de l’ensemble des réponses a été négligée, sans parler des 469 mails dénombrés non mis en ligne pendant l’enquête publique alors que, majoritairement défavorables, ils représentaient 89 % des contributions du public. Le commissaire a invariablement dénigré les avis d’opposants, validant systématiquement les observations favorables, paraphrasant intégralement les contributions en faveur du projet émanant de l’entreprise d’aménagement. Une prouesse de dévalorisation de l’avis des citoyens, cela va sans dire, aux accents de mascarade à peine camouflée. Comment ne pas perde toute confiance dans un processus censément démocratique ? 

Monsieur le préfet, atterrés, nous avons documenté les conclusions irrégulières de l’enquêteur, qui nous a laissé pour toute brèche un seul recours juridique. L’unique recommandation de l’enquêteur sur l’ensemble du projet et des réponses qui lui ont été adressées concernerait l’Androsace du Dauphiné. Sa seule « réserve ». La petite plante protégée ayant pris racine sur l’îlot de pierre d’où allait surgir le pilonne du troisième tronçon, il ne nous restait que ça, comme réserve.  C’est bien ironique, monsieur le préfet. Nous n’avions pas envie de faire porter à cette petite fleur l’ensemble des raisons pour lesquelles ce projet est aussi insensé que suranné. Ces raisons incluaient sans doute la préservation de l’Androsace, mais dépassaient très largement ce symbole. Aujourd’hui, à bien regarder cette petite plante nous pouvons, oui, avoir les larmes aux yeux. Le devenir de nos tentatives de dialogue démocratique et citoyen est symétrique au sien : petites couleurs pâles et vacillantes au milieu du flot de béton prêt à être injecté et vomi tout autour, stupéfaits dans l’attente du vrai projet futuriste qui, lui, nous fera tous bien vivre ensemble. Petite plante piétinée et encerclée, comme nous. Dénigrée et confinée au détail, comme nous. Vent de suffisance qui semble nous hurler :  Vous, qui êtes pour un monde un peu plus beau, un peu plus respirable, vous n’aurez pas le dernier mot. Comme la petite fleur sur son rognon rocheux, les bulldozers du progrès auront raison de vous. Vous, et toutes les petites plantes qui poussent là où on ne les attendait plus, allez au diable. Vous ne nous intéressez pas. Oui, à bien y réfléchir, le piétinement de l’Androsace du Dauphiné cristallise toutes les raisons pour lesquelles ce monde est malade ; Oui, tant pis si personne ne peut prendre un glacier qui fond au sérieux, une montagne qui s’effondre au sérieux, des humains qui se posent des questions au sérieux ; prenez-là au moins elle, la petite plante, au sérieux, et riez de l’ironie de la situation tant qu’il vous reste encore du souffle pour le faire.   

Ni l’écologie, la démocratie, et plus largement une réflexion sur le monde dans lequel nous voulons vivre, ni même l’économie n’ont fonctionné. Privés de tous nos leviers de pensée et d’actions, consignés dans les huis-clôt des hautes sphères du pouvoir politique et économique, nous avons saisi la juge des référés, dernier rempart possible contre ce projet des temps révolus. Nous lui avons demandé d’examiner le projet avec ses lunettes de juriste, puisque personne d’autre ne pouvait statuer sur l’affaire et suspendre un permis de construire passé en force. Il est indiqué dans l’article L. 521-1 du code de justice administrative que le prononcé d’une ordonnance de suspension de l’exécution est subordonné à la « réunion cumulative de l’existence d’une situation d’urgence et de doutes sérieux quant à la légalité de la décision attaquée. » Le cumul de nos doutes sérieux quant à la légalité de ce permis de construire et à l’urgence de la situation est-il significatif ? Voici ce que la juge des référés a répondu :

« En l’état de l’ensemble des éléments versés au dossier et des observations des parties formulées lors de l’audience publique, aucun des moyens soulevés par les requérants, et rappelés dans les visas de la présente ordonnance, n’est de nature à créer un doute sérieux quant à la légalité de la décision en cause. Par suite, et sans qu’il soit de se prononcer sur la condition d’urgence, il y a lieu de rejeter les conclusions de la requête aux fins de suspension de cette décision. »

O R D O N N E:

Article 1er : La requête de l’association Mountain Wildenress et autres est rejetée. Article 2 : L’association Mountain Wilderness et autres verseront la somme globale de 800 euros tant à la commune de La Grave qu’à la société d’aménagement touristique de la Grave sur le fondement de l’article L. 761-1 du code de justice administrative.

Monsieur le préfet, les travaux commencent donc dans la légalité morbide de ceux qui se bouchent les oreilles et ferment les yeux pour surtout ne pas regarder en face le monde qui vient, dans l’indifférence de tous ceux qui, comme nous et la petite plante, tentent de prendre racine là où une vie créatrice est rendue impossible. Nous disons dans la légalité morbide parce qu’en l’occurrence, la question n’est pas encore tranchée, un jugement de fond devant intervenir en 2024 : sûrs d’eux-mêmes, un regard confiant tourné vers l’avenir, les aménageurs piétinent, forent, et coulent le béton avant ce jugement, et avant le 26 septembre, date butoir jusqu’à laquelle vous pouvez enjoindre à la SATG de déposer une demande dérogation en vue de la destruction d’une espèce protégée. Après cette date, votre silence vaudra approbation. 

Monsieur le préfet les aménageurs de la montagne sont excusés. Après tout, « ils font simplement leur travail », comme on dit si bien. Mais vous ? Que reste-il aux collectifs citoyens, à part le droit, à part vous ? Mais justement nous a répondu Madame la juge des référés, en l’état de l’instruction et au regard du code de l’urbanisme, il n’existe pas de moyens suffisamment sérieux pour suspendre le projet. Evidemment, ils se sont entourés de juristes et d’avocats pour s’assurer de faire les choses « dans les règles », ce que nous avons contesté et que nous contestons toujours fermement. Le modèle court à sa perte, en toute légalité. Alors oui, un petit tronçon de téléphérique sur un petit glacier qui de toute façons va disparaitre, dans un village qui lui aussi doit s’« adapter », ça ne change rien. Mais si Monsieur le préfet, ça change tout, ça commence par-là, par la pile de dossiers sur votre bureau et cette décision qui vous appartient et que vous avez entre les mains depuis le 4 juillet 2023.

Vous avez un collectif citoyen et un bureau d’étude sur les bras, qui ne cessent de produire des données et d’alerter ; vous avez à répondre à un rapport de l’Office Française de la Biodiversité, à une agente assermentée et deux chercheurs du CNRS qui ont constaté la présence d’une plante protégée sur un rognon rocheux. Depuis le 16 juillet, vous auriez pu demander à la SATG de déposer une dérogation pour destruction d’espèce protégée. Vous avez jusqu’au 26 septembre pour rendre votre décision, parce que nous vous avons mis en demeure de le faire au titre du code de l’environnement et de vos pouvoirs de police en la matière. L’intérêt général d’un glacier avec ou sans téléphérique doit-il être démontré ? A vous de nous le dire.

Voilà comment la petite plante est arrivée sur votre bureau. Quelques grenouilles et herbes affectionnant les zones humides contre un aéroport et son monde en Bretagne, une petite fleur alpine contre un téléphérique et le même monde dans les Alpes : les outils de lutte contre l’indécence et l’absurdité des projets modernes ont de quoi faire sourire, ou pleurer, on ne sait plus. 

Alors monsieur le préfet, qu’allez-vous faire ? Nous sommes suspendus à votre verdict.  » MW & LGA

A suivre…

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