Faire un premier pas, se retrouver un jour sur le quai de la gare et commencer un nouveau voyage.
Au retour, devant une feuille blanche, que retenir de ce temps partagé à découvrir d’autres montagnes, une autre culture ?Simplement une envie impérieuse de repartir, de continuer immédiatement le chemin et d’arriver un jour à Wien.
Alpiniste avant tout, je ne me rappelais plus que la randonnée pouvait être aussi jubilatoire, que marcher ensemble sur un sentier ou un itinéraire escarpé ouvrait des perspective infinies. Et encore plus dans cet entre-deux si particulier, entre randonnée ++ et alpinisme facile.
Peut être aussi « ce regard par delà le col » dont parle si bien Bernard Amy, et qui invite à la découverte, et surtout à regarder différemment.
Cette année, il a fallu surtout nous adapter car la neige c’est invitée dès le premier jour. Nous avons donc avancé en mode randonnée puis, depuis la Lindauer Hutte nous avons parcouru une via ferrata exceptionnelle qui traverse une grotte à mi paroi. Avec le beau temps revenu, ce fut un très beau moment en montagne qui a été le point d’orgue de notre itinérance.
Un voyage pour souligner la réalité des refuges autrichien, « la bière est juste à la bonne taille » dixit Duche avec sa belgitude tranquille…
L’année prochaine, nous repartirons donc de Gargellen, in Montafon, pour rejoindre les glaciers de la Silvretta avec comme objectif de traverser la Dreilanderspitze et de basculer au Tyrol.
Le voyage continue et vous êtes les bienvenues…
Grande Traversée de l'Autriche... au fil des jours.
Top départ.
De Malbun à la Pfalzer Hutte 2108 m.
La nature nous joue des tours.
Ce matin, il pleut à Malburn et cet après-midi il va neigé à la Pfalzer Hutte, perchée entre Lichtenstein et Autriche. Nous allons commencer notre grand voyage avec humilité, pas d’arête aérienne ni de sommet panoramique, la cape de pluie est de rigueur. Nous prendrons au plus simple, le chemin des randonneurs et des alpages.
A Malbun, au Liechtenstein, nous découvrons pour la première fois cette petite principauté. Un territoire minuscule collé à la Suisse. Il faut se plonger dans la présentation sur Wikipédia pour se rendre compte qu’au delà d’un niveau de vie très élevé, ce territoire est vraiment très conservateur : les femmes n’ont toujours pas le droit de vote pour les affaires locales, l’avortement est encore interdit et le pouvoir du prince a été largement plébiscité.
Et que dire de la Pfalzer Hutte, un petit refuge un peu décalé avec son grand écran plat dans la salle de séjour. Nous y avons regardé avec bonheur le match de la coupe du monde féminin et la victoire de l’Australie.
De la Pfalzer Hutte à la Totalphütte 2381 m par la Schesaplanahütte 1908 m, et les cols de Hochjoch 2358 m, et Gamsluggen 2374 m.
Aujourd’hui, nous entrons véritablement en Autriche. Et tout est blanc !
Il a beaucoup neigé cette nuit et le gardien a largement déconseillé aux différents groupes de randonneurs d’aller trop haut dans la montagne. Nous révisons aussi notre programme à la baisse avec comme 1er objectif la Schesaplana Hutte en Suisse, en versant Sud.
Il fait un grand ciel bleu et le paysage est splendide. Mais la neige est vraiment présente et nous interdit définitivement d’envisager d’atteindre la Mannheimer Hütte 2679 m en traversant la paroi du Salaruel Koptf 2841 m par un itinéraire très alpin. Nous n’irons donc pas non plus au Brandner Gletscher, le premier glacier de notre traversée de l’Autriche, qui avec le réchauffement climatique se meurt doucement.
Mais, contre toute attente, nous voici vers midi à la Schesaplanahütte. Nous avons bien avancé ! Et quelques Apfelchorle plus tard, nous repartons vers la Totalphütte par le Gamsluggen. Nous espérons y trouver de la place et, sinon nous descendrons à Douglass Hütte au bord du lac. Quel confort cette profusion de refuge de part et d’autre de la frontière.
A la Totalphütte, après une longue journée de marche, l’accueil est excellent et l’organisation du refuge au top. Il faut dire que le refuge est tout neuf, après avoir été bousculé par une avalanche en 2019.
De la Totalphütte à la Lindauer Hütte 1744 m
par le Verajoch 2330 m et le Öfapass 2291 m.
Pluie et brouillard.
Décidément nous n’irons pas non plus au sommet de la Schesaplana 2965 m ! Encore un changement de programme, malgré une CSV bien construite. Nous décidons de descendre au bord du Lunersee à la Douglass Hütte et d’essayer de modifier notre réservation sans trop de dommage financier et de trouver de la place dans le prochain refuge, Lindauer Hütte ou Carschinahütte. La Lindauer a notre préférence, pour continuer cette expérience autrichienne et les tarifs y sont aussi moins élevés qu’en Suisse.
La gardienne de la Douglass Hütte sera particulièrement agréable et compréhensive. Nous n’avons rien à régler pour notre désistement de dernière minute.
Sous un petit crachin nous continuons notre chemin, en changeant de vallée. Nous voici à la Lindauer Hütte pour deux nuits.
Depuis la Lindauer Hütte,
la traversée de la Sulzfluh 2801 m et la Klettersteig Gauablick Höhle.
Il n’y a pas beaucoup de connexion au refuge et il est donc un peu compliqué de bien préparer cette journée avec la CSV associée.
Nous optons initialement pour une traversée classique sur des sentiers alpins, mais nos compagnons de table nous suggèrent plutôt de faire la via ferrata de ce sommet. Celle que j’avais d’ailleurs documenté sur la page de présentation de ce voyage alpin.
Ce fut une découverte incroyable, car comment imaginer qu’il existe un boyau qui relie deux vires en pleine paroi. Que pour l’atteindre il faut parcourir une première partie équipée et qu’à la sortie de la grotte la via n’est pas terminée. L’équipement est aussi très différent des via ferrata à la française. Ici, très peu de barreaux pour les pieds, il faut vraiment utiliser le rocher et grimper.
Au sommet, une croix gigantesque et un panorama immense. Quelle belle dernière journée, avec au loin, une profusion de plans de montagne dans la brume et, très très loin, Wien. Comme une promesse.
Un petit détour vers la Tilisunahütte 2208 m nous propulse dans le monde des alpages. Nous sommes au milieu des vaches ! Et le sentier de retour à la Lindauer Hütte est sublime…
Klettersteig Gauablick Höhle !
Le retour à la Lindauer Hütte...
Le retour en train à Malbun.
Une grande journée nous attend et nous avons peu d’expérience des transports en commun en Autriche pour rejoindre notre point de départ, le Liechtenstein.
Mais quel plaisir quand tout fonctionne parfaitement ! Nous avons cinq changements, deux trains et trois bus, et aucun ne dépasse les 10 mn d’attente, avec des horaires très précis et facilement disponibles. Quand je pense à la galère en France pour le Haut Tour des Écrins, pour relier La Chapelle en Valgaudemar à Vallouise ou à La Bérarde.
Malbun nous montrera son plus beau visage : un village de montagne avec une histoire, sans aménagement excessif et avec une agriculture de montagne bien présente.
Les refuges des Alpes Autrichiennes.
C’était l’un des objectifs affiché de ce premier séjour autrichien : documenter la réalité des hébergements en montagne des Alpes Autrichiennes.
Généralement, on imagine les refuges autrichiens comme de grands hôtels de montagne, mais dans la réalité, ils sont tous différents, des grands et des petits, et parfois très loin de ce cliché réducteur d’un confort excessif.
À nous surtout d’y vivre une expérience originale et de bien profiter de notre itinérance, sans stress.
La Pfalzer Hütte
La Totalphütte
La Lindauer Hütte
Et la Tilisunahütte
Vers une mobilité douce.
Quel plaisir de voyager en train, presque un voyage dans le voyage ! Malgré un coût plus important, à la fois en durée et financier.
Notre expérience du départ en train avec Duche pour retrouver Dom sur la route, puis surtout le retour entre Schruns et Malbun nous a permit de reconsidérer nos modes de transport.
Serons-nous capable de construire notre prochain voyage à l’été 2024 sur de nouvelles bases ?
Nous essayerons de prendre le train et il nous faudra aussi trouver un lieu de rendez-vous simple à l’arrivée pour changer de panoplie et se transformer en randonneur et en alpiniste.
À suivre…
Une idée pour la suite du voyage, beaucoup plus alpin.
Depuis Gargellen… Vers le massif de la Silvretta.
- Madrisa Hütte
- Tubinger Hütte
- Saarbrücker Hütte
- Gross Seehorn, Gross Litzner
- Wiesbadener Hütte
- Pitz Buin
- Chamona Tuoi
- Dreilanderspitze
- Jamtalhütte
C’est pas fini… Il manque encore plein de photos !
Mais pour l’instant, en route vers les Dolomites.
A bientôt !
Bonjour,
je suis tombée par hasard sur votre site en cherchant des infos sur la Pfälzerhütte. L’été prochain on va faire en rando la traversée du Rätikon, et c’est la dernière cabane où on a prévu de dormir. On fera dans l’autre sens que vous, au départ de Sankt Antönien avec arrivée à Malbun. C’est rigolo, car j’ai prévu quasiment le même itinéraire que vous – j’espère qu’on aura du beau temps pour faire les sommets au passage. Et encore plus rigolo, c’est que cet été 2023, on a fait une partie de ce que vous allez faire l’été prochain dans la Silvretta !
Du coup je me permets 2 petits conseils vu les noms des endroits où vous comptez passer :
– le Piz Buin est sur le point de s’écrouler (700.00 m3 attendus), et toute une partie sur son flanc sud-est est interdite d’accès.
https://www.engadin.com/sites/engadin/files/2023-06/Felssturzgef%C3%A4hrdung%20Piz%20Buin%20Pitschen.pdf
Vérifiez bien les infos mises à jour auprès des gardiens et sur l’appli Swiss Mobile et l’appli Swiss Topo. Elles sont gratuites et permettent de savoir les sentiers en travaux, effondrés, avec des patous, etc… Je rêve d’avoir la même chose avec l’IGN.
– au sud-est de la Jamtalhütte, le Fluchthorn s’est lui bel et bien écroulé en juin 2023, plus de 2 millions de m3 de roche sur 2 km de long… mi-juillet 2023 il était donc impossible de passer les cols vers la Suisse (Futschöl, Kronenjoch, Zahnjoch). Mais peut-être que maintenant c’est possible, cela vaut le coup de se renseigner car la traversée sur les crêtes entre le Futschöl et le Kronenjoch en faisant le Grenzeckkopf au passage a l’air géniale. Et cela permet de rejoindre la Heidelbergerhütte (où on mange divinement bien avec une vraie chef avec une toque et tout et tout), puis la vallée en Suisse, et c’est dans la continuité pour poursuivre vers l’Ötztal pour après (j’imagine la suite de votre traversée des Alpes autrichiennes).
Je vois un énorme avantage à poursuivre vers la Heidelbergerhütte, que ce soit en redescendant du Dreiländerspitze, après une étape à la Jamtalhütte, ou via un détour par Galtür et la vallée de Larein (Ritzenjoch) : cela permet de descendre versant suisse.
Comme vous dites réfléchir à la logistique pour la prochaine étape, peut-être que plutôt de passer par l’Autriche, passer par la Suisse est préférable. La Madrisahütte est facilement accessible depuis la Suisse (train pour Klosters, de là car postal pour Schlappin où il y a des hébergements, puis passer le col Schlappinerjoch). Vous pouvez aussi partir de Sankt Antönien, accessible aussi en car postal (train jusqu’à Küblis, et car postal ensuite), et passer le Gargällerjoch. Mais je pense que Klosters est nettement plus pratique (c’est d’ailleurs ce que nous avions fait l’été dernier).
On avait laissé notre voiture à Klosters, puis fait notre rando sur plusieurs jours, avec une arrivée à Vnà où il y a un car postal qui nous a ramené à Scuol en 45 min, et de là, il y a le train vers Klosters en 1h (il passe sous un long tunnel qui fêtera ses 25 ans l’été prochain, auparavant il fallait compter 3h).
Bon à savoir : dans la plupart des vallées suisses, quand vous passez une nuit, vous obtenez une carte d’hôte valable du jour où vous arrivez jusqu’à votre départ. Et bien souvent, cette carte vous offre la gratuité des transports en commun. Donc pour nous, au départ de Klosters, on pouvait prendre le car postal pour se rapprocher du départ de la rando. Et à la fin du trek, quand on est arrivés à Vnà, comme on avait reçu par mail notre carte d’hôte de Scuol 48h avant, on a pu prendre le car postal gratuitement jusqu’à Scuol. On y est restés quelques jours, avec gratuité de tous les transports et des remontées mécaniques d’été. Retour à Klosters pour récupérer notre voiture en 1h de train.
Il existe même quelques « taxihütte » comme en Autriche pour atteindre des fermes d’alpage ou des refuges en 4×4 – bon à savoir s’il pleut des cordes… se renseigner sur internet ou auprès des gardiens.
Pour info, à Scuol il y a des bains thermaux qui valent le coup après une grosse semaine de marche. L’auberge de jeunesse est un excellent point de chute à côté de la gare, on y mange vraiment très bien en 1/2 pension, et on peut y faire faire sa lessive (délai 12 heures, on a payé 10 francs pour 4 personnes). Il n’y a pas que des jeunes, comme son nom ne l’indique pas ! Attention repas aux horaires alémaniques, 18h00 le soir…
Pour trouver le meilleur moyen de transport côté suisse, l’appli CFF est à l’opposé total de la SNCF : simple, fiable, pratique. Ca vaut le coup de la télécharger même pour un seul voyage en Suisse. En plus l’appli calcule automatiquement le meilleur tarif pour l’ensemble des passagers enregistrés dans l’appli (pratique pour les familles ou les groupes). Et… il est possible en achetant son billet lonnnnngtemps en avance (ouverture des ventes 6 mois avant) d’avoir un billet dégriffé, ou un billet journalier dégriffé. On peut donc voyager une journée datée sur toute la Suisse pour 52 francs ! D’ailleurs l’été prochain on va partir de Grenoble en train et on fera tout en train et car postal. Ce sera moins fatiguant que de conduire, et comme les transports sont fiables et vont partout en montagne, il n’y a pas de stress.
Peut-être que vous saviez tout ça, mais ça peut servir à d’autres personnes qui lisent ce commentaire.
Dernier petit détail : quand vous irez à la Wiesbadenerhütte, en arrivant au lac Silvretta, ne restez pas sur la piste ennuyeuse pour faire les 400 m jusqu’au refuge, mais récupérez au plus tôt le sentier qui passe par le point 2208 et est en balcon bien au-dessus de la piste. Il est magnifique. Pour le récupérer, on peut couper à travers les myrtilliers sur 50 m, ça passe très bien (les vaches ont fait des sentes). Si vous avez faim à l’heure du goûter, n’hésitez pas à commander leur excellent Kaiserschmarrn, mais 1 pour 2 ou 3 ça suffit largement car attention le repas étant à 18h00, vous risquez de n’avoir plus faim si vous en prenez 1 chacun!
Et si vous allez à la Jamtalhütte, faites un petit détour d’une heure vers le Fluchthorn, le sentier rive gauche est praticable un bon moment… les dégâts sont impressionnants à voir !!!! Le sommet a perdu 100 mètres de hauteur !!! Il y a des vidéos (en allemand) qui sont impressionnantes si vous tapez « Fluchthorn Felssturz » sur votre moteur de recherche préféré. Par miracle personne n’a été emporté, c’était pas encore la haute saison.
Bonne traversée de la Silvretta l’été prochain ! On y a eu du beau temps, et on a été très surpris de voir que les refuges étaient loin d’être complets, et qu’on était souvent quasiment seuls sur les sentiers (sauf autour du lac Silvretta). Pourtant mi-juillet !
Merci infiniment pour cet échange et ces informations.La réflexion sur les trajets en train est particulièrement intéressante.
Bonne continuation et au plaisir de continuer cette conversation.
Paulo Grobel