L’arête Ouest du Grand Mont est certainement la plus belle arête du beaufortain.
C’est aussi la plus célèbre et la plus photographiée des arêtes d’alpinisme hivernal, grâce à l’étape mythique de la course de la Pierra Menta au Grand Mont.
Ce topo de l’arête Ouest du Grand Mont traverse mes préoccupations actuelles à la fois dans ma pratique amateur, professionnelle et bénévole.
Il s’agit donc d’un topo particulier avec plusieurs dimensions. Technique, photographique et pédagogique.
Avec l’objectif de promouvoir la CSV bien sûr, et aussi une pratique douce de l’alpinisme hivernal avec une approche en raquettes (que l’on nomme parfois Raquette Alpine).
La CSV de l'arête Ouest du Grand Mont.
La Cartographie Systémique des Vigilances (CSV) fait partie intégrante de ma pratique et de ce topo. Si vous n’êtes pas familier de cette préparation de course graphique qui s’inscrit avant tout dans une démarche participative, vous trouverez toutes les informations nécessaire dans ce document PDF.
Dans ce topo du Grand Mont, voici les cases de la CSV…
1… Les participants : 2 personnes (Isa & Paulo). Et donc pour moi, dans le cadre d’une pratique amateur.
2… La nature du projet : Un itinéraire d’alpinisme hivernal « facile » avec un accès en raquette. Avec une dimension pédagogique : réalisée par Isa en tête sur l’ensemble du parcours.
3… L’objectif : L’arête ouest du Grand Mont, depuis le refuge de l’Alpage.
4… La cotation (raquette + alpinisme) : R5, III/PD neige et rocher (40° et 2)
5… Le point de départ: Arêches et le refuge de l’Alpage.
Le refuge de l'Alpage, pour un départ sans stress.
Pour cette sortie d’alpinisme hivernal en raquette, l’accès est forcément plus long et plus compliqué. Nous avons privilégié un départ confortable, sans stress d’horaire, en dormant au refuge de l’Alpage.
Le refuge de l’Alpage est idéalement situé au pied du Grand Rognoux.Confortable et vue superbe. Très tranquille dès la fermeture des pistes.
Il s’agit d’utiliser la carte des pentes pour l’accès (sur IphiGéNie) et surtout de rechercher des informations techniques (le topo).
Une remarque : les topos disponibles sont forcément techniques, mais souvent ils ne permettent pas d’avoir des informations claires sur les différentes Vigilances présentent dans une CSV. Il faudrait donc sensibiliser les auteurs à une rédaction un peu différente de ce type de topo.
Les différentes Vigilances présentes dans cette CSV.
NIVOLOGIE : c’es le passage délicat n°1, juste au départ de la descente dans la combe de la marche d’approche. Des pentes à 35° mais avec aucun risque d’avalanche. Donc en mode DÉTENDU.
RISQUE DE CHUTE : bien réel dans ce même passage. Mais avec une exposition limitée et une mesure simple : mettre les crampons. Plutôt un mode MÉFIANT (juste faire attention). Ce risque de chute est très présent sur certaines portions de l’arête, qui est par nature EXPOSÉE.
ALPINISME : la difficulté technique de l’arête n’est pas très importante. En utilisant la CSV Estivale, nous avons caractérisé le mode d’encordement. Soit DÉTENDU si nous n’utilisons pas la corde, soit MÉFIANT si nous nous encordons en corde courte (avec bien sûr, les compétences d’assurage associées). Dans la phase de préparation de la CSV, nous avons estimé qu’il ne devrait pas y avoir de nécessité de faire des longueurs, au mieux peut être faudra-t-il progresser à corde tendue en utilisant les spits en place ou des becquets. Nous avons donc pris le matériel technique nécessaire.
L’utilisation ou non de la corde pourrait également être débattu dans le cadre d’une réflexion sur la responsabilité du leader et de la co-responsabilité des participants. En groupe d’amis, dans une pratique associative (FFCAM) ou professionnelle (guide).
L'horaire... ?
Lors de la préparation, nous avons largement surestimé l’horaire nécessaire.
Et au final, avec les conditions du jour et sans se presser, nous avons mis environ 2 h pour l’approche et moins d’1h30 pour l’arête.
Choix pédagogique et posture du leader...
C’est peut être l’une des cases les plus importantes (ou la plus exigeante) de la CSV car il s’agit de définir nos manières de faire, nos manières d’être et nos objectifs de relations. C’est surtout l’intérêt de la CSV, avec l’humain au centre du processus et une démarche participative.
Pour Isa : l’objectif était de réaliser une course en tête, en étant à l’aise mentalement dans des passages exposés. Et sans stress perturbant.
Pour moi : l’objectif était d’être présent, de laisser faire (tout en étant garant de la sécurité et des techniques utilisées). Et d’être au bon endroit pour réagir en cas de besoin.
Une remarque : dans une pratique de la montagne en couple (et quelque soit le genre du leader), la CSV permet de mieux prendre en compte les attentes et les émotions (inquiétude/angoisse) de l’un ou d l’autre, et rend le déroulement de la course plus fluide et plus agréable…
L'arête Ouest du Grand Mont, le topo en photos...
Pour une prochaine fois, au Grand Mont... une autre arête.
Paulo & Isa, le 5 Février 2023… Juste de retour du Grand Mont d’Arêches…