Cette belle photo de Marc, exprime la dure réalité de cette aventure à la Putha Hiunchuli, une expédition très mouvementée sur un 7000 du Népal.
Dès le camp de base, nous savions tous que les probabilités d’atteindre le sommet sera très limitées, mais surtout forcément complexes et dangereuses.
Pourtant nous n’avons vu aucun nuage en quatre semaines, nous avons fait les choses le mieux possible, l’organisation a été au top et nous avons été beaucoup à partir du dernier camp.
Mais nous nous sommes tous arrêté en chemin.
Et malheureusement, Eric est redescendu avec de graves gelures,
qui ont nécessité des amputations !
J’en suis boulversé car ce n’est pas cette réalité de la montagne que je voulais vivre et partager avec mes compagnons de voyage et de cordée.
Qui a dit que la Putha Hiunchuli était un sommet facile ?
Dolpo, de Tarakot à Dhorpatan… Une page sur ce trek est aussi en ligne.
Au retour d’un grand voyage, l’exercice qui consiste à ne choisir que cinq photos pour exprimer ce qui nous a personnellement le plus marqué est d’une infinie complexité. Et d’une richesse incroyable…
En juxtaposant ces différentes cartes postales, en les imbriquant, apparait alors une nouvelle perception, plus subtile, de ce qui a été vécu, de ce qui a été construit ensemble, progressivement, au fil du temps et de notre itinérance, par les contributions des uns et des autres, bousculés par les soubresauts de cette tranche de vie partagée, dans un environnement d’une extrême rudesse.
C’est ce que j’aimerais exprimer dans ce compte rendu de notre ascension à la Putha Hiunchuli, « beaucoup à pied et pas beaucoup à ski », tellement ce voyage me semble d’une incroyable diversité.
Avec aussi beaucoup de questionnements, tout va tellement vite là-haut.
Putha Hiunchuli 2016. Le regard d’Alain
En haut : Bishal, Jangbu, Rajan, Dorje, Dan.
En bas : Deepen, un jeune yak man de Kakot, Jeeban, Dharma et un autre yak man de Kakot
Au centre : le versant Sud de la Putha Hiunchuli, du Churen Himal et tout à droite du Gurja Himal (c’est aussi le projet de l’automne 2018).
Jangbu avec les skis, qui sera à La grave pour apprendre à skier dès le 9 Février 2017 ! Et Dhan en arrière plan.
Une montagne qui sera certainement au programme un jour et qu’il est indispensable de faire inclure à la liste des sommets autorisés par le ministère népalais.
A other job…
Putha Hiunchuli 2016. Jacques…
Putha Hiunchuli 2016. Les images de Marc
Fidèle à lui même, Marc et son regard d’artiste. Mais impossible pour lui de proposer seulement 3 ou 5 points de vue. Ce sera donc 10 regards aussi différents que sensibles…
Putha Hiunchuli 2016.
Philippe pour son premier voyage au Népal et en Himalaya.
Muletier esquissant un sourire heureux: doudoune protectrice et chaussures de sécurité.
Une mule soucieuse de marcher au pas avec son compagnon de route
Cette photo exprime une vie paysanne si éloignée de nos repères de la vie rurale,
les femme y tiennent une place centrale .
Menhir népalais
Nos compagnes de trek avec en toile de fond la Putha Huinchuli résume notre déambulation.
Le bonheur d’être là est immense.
Putha Hiunchuli 2016. les sourires de Véro !
Putha Hiunchuli 2016, la sélection de Jean-Pierre.
Pour sa première expédition Himalayenne.
Quelques extraits de mon carnet de voyage.
Une marche d’approche exceptionnelle et un timing irréprochable.
Un petit sentier escarpé et au loin des sommets enneigés, les yaks avec tout notre matériel qui nous dépassent rapidement.
Quelle belle image.
Elle illustre merveilleusement bien notre réalité himalayenne.
Nous nous enfonçons au plus profond des montagnes du Dolpo.
Partout les versants sont escarpés, il y a juste cette petite sente dans des alpages bien raides qui nous relie à la vallée, au village de Kakkot. Une ambiance merveilleusement himalayennes.
Les deux journées que nous venons de vivre et qui nous ont conduit à notre camp de base sont elles aussi himalayennes et bien peu adaptées à une acclimatation en douceur.
Mais c’est comme ça !
Il y a les contraintes du terrain et aucun emplacement de camping avec de l’eau avant Panzi. Plus haut, à Yak Kharka aussi, il n’y a pas d’eau en cette saison.
Mais les Yakmen de Kakkot sont d’une efficacité redoutable. Ils ont maintenant aménagé le sentier après Le German Base Camp pour pouvoir passer avec leurs yaks et éviter ainsi une rupture de charge qui était très compliquée à gérer. Tout est beaucoup plus simple maintenant et pour l’année prochaine, ils ont prévu d’agrandir le sentier de l’arête, un peu trop vertigineux pour des yaks lourdement chargés.
Cette année, grâce à l’équipe de Jangbu qui était montée quinze jours avant notre arrivée avec une partie du matériel (pour réaliser aussi la première ascension officielle de la Potha North ou Peak Hawley ), tous les yaks étaient prêt à notre arrivée au village pour un départ immédiat.
Le groupe précédent, des allemands que j’avais croisé à Kathmandu à mon arrivée pour le Mukot Himal, il y a un mois, a été obligé d’attendre 5 jours pour que les yaks soient rassemblés et pour pouvoir démarrer leur expédition. C’était la pleine période des moissons et forcément les villageois avaient d’autres choses à faire. Avec en plus une petite période de mauvais temps, ils n’ont pas été beaucoup plus loin que le camp de base.
Dure réalité, quand on connait le coût d’une expédition.
Pour nous, tout va bien.
Il fait merveilleusement beau, nous avons prévu une journée de repos au camp de base et nous avons même une journée d’avance sur notre planning.
Tout irait bien, si seulement le vent en altitude daignait se calmer durant les prochains jours.
Mais l’hiver est déjà là.
Le ciel est immensément bleu et limpide.
Aucun nuage à l’horizon.
Pourtant les panaches de neige qui couronnent les plus hauts sommets indiquent une toute autre réalité.
Tout là-haut, à plus de 7000 m, le vent souffle avec une rare violence, peut être 100 à 120 km/h.
Les jetstreams de l’hiver se sont installés précocement en descendant à proximité des sommets et en interdisant définitivement leurs accès. Une situation qui se produit habituellementplutôt vers la mi ou fin décembre et qui rend les ascensions himalayennes monstrueusement difficiles.
Mais en cette fin octobre, il fait beau et nous sommes au camp de base. Tout est en place et une journée de repos va nous permettre de mieux nous préparer.
Mais pour aller où ?
Les prévisions météo sont catégoriques et catastrophiques.
Ce temps est stable pour au moins 10 jours. et c’est justement la durée dédiée à notre ascension de la Putha Hiunchuli.
Alors que faire ?
Y croire qu’en même et espérer une accalmie, un cyclone au large de Ceylan avec un décalage des jets, même provisoire, qui nous laisseraient passer ? Mais surtout, il faudra nous préparer à des conditions difficiles, avec un froid bien réel et infiniment dangereux pour le visage, les mains et les pieds.
Ce matin, j’annonce clairement la situation à tout le monde, car je ne sais vraiment pas quoi décider.
Pourtant, en fin de briefing, pour réchauffer l’atmosphère, Véro lance un tonitruant « Moi j’y crois, ça va le faire ! ».
Et nous décidons de poursuivre notre ascension vers le haut en essayant d’aller le plus haut possible.
Le soleil s’invite au camp de base à partir de 9 h, c’est la bonne heure pour le petit déjeuner. Nous partirons donc le lendemain à 10h.
Avec une question en suspens, l’équipe de Jangbu a-t-elle positionné le premier camp d’altitude au bon endroit, avec toutes nos affaires d’altitude ?
Réponse demain à l’arrivée…
Le vent c’est levé en tempête cette nuit, secouant le camp de base en tout sens.
Nos tentes plient comme des roseaux dans un bruit d’enfer. Il est clair que tout mes compagnons n’ont pas vraiment bien dormi cette deuxième nuit au camp de base.
La délivrance du matin et du premier rayon de soleil se fait attendre.
Si c’est un avant-goût de ce qui nous attend là-haut, l’expérience risque d’être rude, surtout pour un premier voyage en altitude. Pour continuer vers le haut dans de bonnes conditions, il faudrait surtout que le vent se calme car nous allons exploser toutes nos tentes, et nous avec ! La tente mess va elle aussi définitivement s’envoler, comme un grand parapente.
Que faire ?
Faut-il quand même monter au camp 1 dans ces conditions ?
« Comme une mer démontée qui aurait gelé »
Plus nous montons, plus la situation se dégrade, avec des conditions de neige exécrables pour ne pas dire apocalyptiques.
Quelle saison d’automne surprenante.
Il a peu neigé durant la mousson et quasi pas durant tout l’automne. À part la journée de neige que nous avons eu au Mukot Pass et qui nous a d’ailleurs coûté le sommet. Les dix jours de grand beau avec des vents très violents que nous venons de vivre ont radicalement ravagés, laminés les pentes de neige, surtout la grande pente régulière qui conduit au sommet.
« Tout a été parfait….sauf la journée du sommet ! »
Tout les petits détails qui dérèglent une machine pourtant bien rodée.
Pourquoi avoir insister sur le choix ski ?
Les Népalais : Jangbu, Dhan, Rajan et Dhorje.
Que faut-il retenir ?
Ski d’Himalaya, quelle réalité ?
Les routes au Dolpo.
Un jour prochain, certainement avant cinq ans, une piste carrossable rejoindra Dho depuis Dunai, par la vallée principale de la Tarap Khola (soit avant 2020). Les chantiers sont déjà bien avancés et visible dans la vallée, même si aucune agence de trek n’en parle.
Mais pour Kakkot et la vallée de la Barbung Khola, le terrain est tellement compliqué et difficile que cette éventualité d’une route remontant la vallée vers Chharka est peu probable, au moins avant une dizaine d’année.
Pour la Putha Hiunchuli, dans quelques années nous pourrons au moins venir à Laisicap en jeep !
Et ce compte rendu est encore en travaux alors que la neige s’installe enfin à La Grave.
A suivre donc…
Paulo_un week end de février 2017 au coin du feu