mont Blanc

Le mont Blanc, les agences et la CSV alpinisme.

Le mont Blanc est assurément un beau sommet et sa Voie Normale mérite un peu de considération.

Entre les velléités de réglementation et de permis, un équipement de l’itinéraire plus ou moins concerté et conflictuel, des refuges à gérer le mieux possible, la question de sa fréquentation concerne tous les acteurs.

Pourtant, une stratégie de formation et de pédagogie, une implication des alpinistes eux-même dans leur pratique pour plus d’autonomie et de conscience a peu été évoqué. Par exemple, avec l’utilisation de nouveaux outils de gestion du risque, comme DCMR ou la Carto des Vigilances. Pour que le mont Blanc ne soit pas simplement un sommet à cocher, mais une expérience forte d’alpinisme, avec une compréhension des enjeux et des rouages de l’activité.

Est-il utopique de voir un jour au mont Blanc, la CSV être un outil de prise de conscience et de valorisation d’un alpinisme serein ?

Voici une réflexion, qui s’adresse au premier de cordée mais aussi à tous les alpinistes désirant gravir ce sommet emblématique.


Belle ascension…

Le mont Blanc, les agences et la CSV.

Allibert, Terdav, Azimut ou Roc Écrins…


Dans le bureau d’une de ces agences, la discussion s’engage entre guides et chef de prod sur les séjours d’alpinisme et en particulier les stages mont Blanc.

– « Ça devient ingérable, les clients ont de plus en plus d’exigences incroyables, et sont de plus en plus consommateurs ».

Plus la discussion se prolonge, plus les exemples s’accumulent.

– « Mais, concrètement, avez-vous pensé à expérimenter la CSV alpinisme pour mieux impliquer vos clients dans ce style de séjour ? »

Un grand blanc…

– 
« La CS quoi ? Pour impliquer nos clients ? Ça va pas la tête, impossible ! »

– « Et pour quoi faire… ? »

La sentence semble définitive et unanime. Même l’idée de simplement essayer semble inacceptable.

– « Nos guides ne voudront jamais essayer »  

– « Et nos clients, encore moins… »

Puis, doucement l’intérêt s’installe, car tout le monde sait que le sujet est complexe et mérite toute notre attention.

– « Mais c’est quoi au juste cette CSV ?

 – Pourquoi sembles-tu si convaincu ? 

– Et pourquoi serait-elle particulièrement adaptée aux séjours que nous organisons. Et encore plus pour les stages Mont Blanc ».

Commençons par le commencement,
avec une explication la plus concrète possible de la CSV Alpinisme.

Tout le monde est d’accord ici pour dire que préparer une course en alpinisme est nécessaire, voir indispensable. 

La CSV est simplement une préparation de course, mais sous une forme graphique, centrée sur les participants et effectuée tous ensemble. Elle est d’ailleurs particulièrement adaptée aux petits groupes (de 4 à 6 personnes), sans grande expérience ; car elle permet à chacun de s’exprimer sur ses attentes, son expérience, ses compétences, et même ses inquiétudes. Cette mise à plat des compétences permet au guide (mais aussi à tout le groupe) d’avoir une première vision des réalités à prendre en compte et à organiser entre elles pour construire des formes de coopération, d’entre aide forcément utiles.

Cette présentation de chacun, bien que succincte, nous dit beaucoup (pour qui sait écouter entre les mots) de la personnalité des protagonistes à cette ascension à la fois engagée et dangereuse.

le mont Blanc
l'itinéraire de la voie normale. Crédit : C2C, modifié by Paulo...

Schématiser la course, pour mieux la comprendre.

La seconde étape de la CSV est de faire un croquis de l’ascension, d’en expliquer les réalités et donc de séquencer l’itinéraire en autant de parties distinctes. 

A chaque séquence est associée une vigilance particulière, car c’est le type de terrain qui permet de décrire ces vigilances : les pentes de neige, le rocher facile, le terrain glaciaire. Et, avec trois feutres de couleur, en exprimant leurs complexités progressives.

Chacun, au fur et à mesure de la réalisation du dessin, peut se rendre compte des difficultés à prendre en compte, des techniques de progression à utiliser. La forme graphique permet de mieux visualiser l’ensemble de la course, de la mémoriser. Bien sûr ce n’est pas facile et il faut aussi apprendre les manières de représenter les différentes vigilances. Il est d’ailleurs possible de faire une CSV globale pour présenter le déroulement complet d’un stage mont Blanc, puis d’en faire des CSV quotidiennes.

La CSV, pour rendre compte d’un monde d’interactions sociales et groupales.

L’alpinisme est par essence un monde d’interactions. 

Interactions entre les membres d’une cordée, interactions entre plusieurs cordées engagées sur le même itinéraire. Interactions entre la météo et les conditions de la montagne.
Concrètement, mieux connaitre et comprendre une ascension comme la voie normale du Mont Blanc c’est aussi être capable d’imaginer les interactions et les conséquences entre les phénomènes météorologiques annoncés et l’évolution des conditions de la montagne, par exemple le vent plus ou moins fort, une chute de neige passée ou à venir, le froid ou au contraire une élévation de la température. La CSV permet donc une meilleure compréhension de la course et un partage de ces informations entre tous les participants. La rédaction du gribouillon donne un cadre concret à chacun, auquel il sera possible de se référer et ultérieurement qui permettra d’analyser le déroulement de l’ascension et en particulier les interactions groupales positives ou perturbatrices.

le mont blanc

Un outil d’implication des participants.

La solidité d’une chaine se mesure à la solidité de tous les maillons et non pas à la solidité unique et maximale d’un seul, le premier de cordée. 

Plus les compétences des membres d’une cordée peuvent être complétées, enrichies, plus la solidité de la cordée sera augmentée. Ce qui nécessite à la fois : une information préalable, une posture d’enseignement du guide et une attention des participants à cette dynamique participative.

C’est un changement de paradigme important : nous allons « Faire Ensemble » le Mont Blanc, si c’est possible et le mieux possible. 

Cette implication des participants dans la réalité de l’ascension, bien dosée, bien vécue, est forcément un facteur de plaisir et de sécurité fondamentale.

La CSV, un outil de réduction des risques ?

Avec la CSV, mieux comprendre la course, tous s’impliquer dans son déroulement, prendre des décisions concertées, sont des manières, parmi d’autres, de limiter les petits incidents, les insatisfactions, mais aussi de diminuer les accidents en montagne, et en particulier au Mont Blanc. 

C’est aussi une manière de s’inscrire dans une démarche qualité pour une ascension de plus en plus perçue comme un produit très concurrentiel.

Quelle agence osera la première systématiser cette pratique sécuritaire dans son offre commerciale, comme un « plus » produit ? 

Verrons-nous un jour, au refuge du Goûter ou de Tête Rousse, une ou plusieurs cordées se réunir autour d’une feuille blanche avec un stylo et trois feutres de couleur pour préparer tous ensemble cette ascension mythique, si belle et si inspirante ?

A suivre…

Mais, qu’en pensez-vous ?

Possible, intéressant, utopique… ?

Merci d’avance pour votre commentaire…

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