Voici le compte rendu d’une expédition très particulière.
Rien ne s’est déroulé comme prévu !
Certaines mauvaises langues diront même : « Comme d’habitude, pas la peine de lire le programme ».
Mais cette fois, nous n’avons même pas mis les pieds au Mustang !
Par contre, nous avons bien réalisé l’ascension du Lugula et de plus, par une nouvelle voie.
Que s’est-il passé,
pour cette expédition au frontières du Mustang?
Le Népal est un pays merveilleux, avec des surprises, des émotions à tous les coins de rue. Un pur bonheur pour les amateurs d’imprévus et d’aventures !
Mais là, le gouvernement a fait fort. En annonçant le 18 août, et sans préavis, une modification importante de la réglementation des permis de trek dans les restricted area de l’Upper Mustang et de l’Upper Dolpo. Justement les régions que je fréquente le plus. (Merci David, de m’avoir prévenu aussitôt !).
Je ne peux m’empêcher de penser que cette décision du ministère de l’Intérieur est la conséquence de l’utilisation abusive d’un «avantage» qui avait été concédé aux expéditions : l’exonération du coût des permis. (Je pense à Pierre, JP ou à Laurent et à bien d’autres).
J’avais même souri, à l’époque, en voyant que certaines agences demandaient à leurs clients de régler en espèces sur place, une somme importante pour ce permis Upper Mustang, dont ils étaient exonérés en ayant transformé leurs treks en ascensions de sommets (qu’ils ne faisaient pas, bien entendu…)
Mais là, je ne ris plus du tout, car cette histoire représente plus de 1500 $ par personne et nous sommes un groupe de 12 alpinistes. Soit la bagatelle de 18 000 $ !
Bref, impossible d’imaginer aller au Mustang dans ces conditions. C’est du racket pur et simple.
Le temps de vérifier l’exactitude de cette information, de comprendre la marge de négociation possible avec notre ministère de tutelle, et nous sommes déjà début septembre. Le départ est dans moins de deux semaines.
Je décide de tout modifier.
Il faut tout changer…
Mais pour aller où ?
Et pour faire quoi ?
Tout d’abord, voici la présentation du projet initial qui se compose de 2 parties (avec en bonus, la traversée des Bhrikuti) et avec aussi une belle réalité culturelle, la visite de Lo et du mustang :
Après concertation avec SERAC, Noëlle me rappelle la réalité administrative.
- 1… Impossible de demander une augmentation du coût du voyage, car la somme nécessaire dépasse le % autorisé.
- 2… Et si quelqu’un n’adhère pas au projet de substitution, il est obligatoire de rembourser les sommes déjà versées, alors que les billets d’avion sont déjà payés. Ce qui signifie d’emblée la perte de cette somme, plus tout le reste. Avec des problématiques d’équilibre financier (et même de faisabilité) si, par exemple, une partie du groupe se désiste.
Damned… j’ai intérêt à bien construire mon histoire.
Heureusement, je connais la majeure partie de mes voyageurs.
Au final :
- Nous irons sur les mêmes sommets, ou au moins sur le Lugula, le plus haut.
Puis, pour remplacer la traversée des Bhrikuti, je ne sais pas encore. L’idée est de conserver une traversée en altitude. Car j’adore ça et je voudrais confronter les népalais de l’équipe à ce style de problématique. Je connais suffisamment les lieux pour être confiant; nous trouverons bien un projet motivant et certainement plusieurs (pour s’adapter aux différentes réalités de chacun), après l’ascension du Lugula.
Car d’emblée, celui-ci est positionné comme le sommet prioritaire. Le Bhrikuti Shail sera simplement gravi « en passant », 6400 quand même… - Nous passerons par l’autre versant, la vallée de Phu.
Par un itinéraire au Bhrikuti Shail que j’ai déjà gravi il y a bien longtemps (avant le premier Mustang Phu !), avec une petite équipe, Denis et Mister De Hults Himself. Il y avait aussi Bikram Singh. Et par Renaud et Julie, quelques années plus tard.
Et pour le groupe plus trek du Bhrikuti Shail avec visite de Lo Manthang, ils traverseront le Saribung Pass, en gravissant au passage le Sonam Himal et le Saribung. - Il n’y aura pas de supplément demandé.
Même si nous aurons le coût du permis Naar Phu à rajouter au budget et surtout les Special Porters de la traversée du Saribung avec le permis de l’Upper.
Il est intéressant de comprendre que ce Saribung Trek coûtera au final plus cher que l’expédition au Lugula, un sommet de presque 7000 m avec un officier de liaison.
Bref, je m’attends à quelques reproches acerbes de Bishal devant cette explosion des budgets et j’ai accepté d’avance que cet automne sera une opération blanche pour moi. Je serais déjà content si nous arrivons à boucler à l’équilibre. Car juste après le Lugula, je vais partir au Dolpo avec la même réglementation du coût des permis mais, avec en plus, une modification des frontières de l’Upper Dolpo. Kakkot est maintenant dans le Upper.
Ils ont vraiment de l’humour au ministère de l’intérieur.
Au-delà de toute l’énergie nécessaire pour modifier totalement le programme de l’expé, je suis vraiment déçu, presque désespéré de ne pas retourner au Mustang. J’imaginais que c’était pour moi la dernière fois que j’irais aux lacs de Damodar Kunda, en réalisant deux vieux rêves d’ascension :
- Le Lugula, un presque 7000, encore plus esthétique versant Mustang
- Et la traversée des Dôme de Miage, pardon la traversée des Bhrikuti. La belle princesse népalaise qui est aussi Tara Blanche…
Mais, c’est promis, j’y retournerais un jour.
Et du côté de mes voyageurs, toutes et tous ont accepté cette modification radicale du voyage.
Merci à tous !
Lugula Expedition 2019, le compte rendu…
Un jour, le soleil reviendra…
Depuis plus d’une semaine, depuis Phu (et même un peu avant, depuis Koto) nous cheminons dans une brume tenace, ponctuée d’averses de neige. Ce n’est pas vraiment de la pluie ni des chutes de neige, mais les montagnes ont disparu laissant la place à un paysage cotonneux. Nous avons avancé le mieux possible, sans nous presser, jusqu’au camp de base, et même plus haut, au camp de base avancé. La suite s’annonce plutôt bien, un passage existe dans les grandes pentes du glacier et l’itinéraire pour y parvenir est plutôt simple. Au fil des passages, une vraie trace se formera même entre le camp 1 et le glacier.
Puis, la nouvelle est tombée, aggravant encore la situation : « 3 jours de neige avec le passage d’une perturbation tropicale et 1 m de neige en cumul en fin de période ».
Tout le monde décide de redescendre au camp de base après avoir déposé quelques affaires au camp 1. Sauf Isa et moi !
Nous préférons rester en altitude et notre binôme est bien rodé à la progression continue. La tente est confortable, nous avons toute la nourriture nécessaire (de la lecture et de quoi écrire) et le terrain ne présente aucun risque d‘avalanches même par fortes chutes de neige. Mais surtout, ce ne sont que des prévisions et nous préférons rester en altitude, au cœur de l’action. Peut-être pourrons-nous même avancer un peu ou, du moins, mieux observer les conditions de la montagne pour pouvoir prendre les bonnes décisions.
Je préfère surtout le silence de la montagne et son ambiance un peu rude, plutôt que les bavardages au camp de base, avec un pseudo repos ou un confort relatif.
Mais, chacun peut choisir avec ses arguments et ses raisons personnelles ! En tant que leader de l’expé, j’apprécie particulièrement ce fonctionnement différencié. Choisir et assumer les conséquences de son choix, dans le cadre d’un fonctionnement collectif, of course.
De toute manière, il faut attendre…, que ce soit au camp de base ou à ce camp d’altitude. Même peine…
Au final, la dépression passera plus au sud et les chutes de neige se limiteront à quelques cm !
Et nous resterons deux jours dans les nuages et les bourrasques de neige.
Un beau moment en montagne…
Le 3 ème jour, avec Dipen et Karma qui nous ont rejoint la veille, l’objectif est d’ouvrir l’itinéraire jusqu’au camp 2 et d’y déposer un peu de matériel. Mais l’amélioration est de courte durée, impossible de rejoindre le col pour y installer une tente. Les nuages nous ont rattrapés et un manque total de visibilité nous oblige à nous arrêter à une centaine de mètres du col. La poisse…
Nous déposons nos affaires en pleine pente avant de redescendre rejoindre tout le monde au camp 1 (sauf Sergio, qui a préféré rester au camp de base).
L’après-midi est fortement perturbée avec de fréquentes averses de neige.
- La trace va-t-elle être recouverte ?
- Et pire, retrouverons-nous notre dépôt de matériel ?
Mais au moins, le début de la matinée a été superbe avec de belles éclaircies et nous aura permis de tracer les grandes pentes du glacier. C’était le passage clef de l’ascension.
Il reste maintenant à installer ce camp 2 perdu dans les nuages. Un contact avec mon ange gardien météo et me voici rassuré.
Demain, il fera beau !!!
Mais cette période de mauvais temps nous aura quand même coûté presque 3 jours…
Pour comprendre l’itinéraire, voici le topo complet du Bhrikuti Shail et du Lugula.
Lugula Expedition 2019
Surtout, accepter qu’il y a plusieurs nuances de beau !
Au petit matin, aux premiers rayons de soleil, saupoudré de blanc, le paysage de montagnes, de glaciers et de moraines est féérique. L’instant est sublime et je peux accueillir en moi la première de toutes les aubes. Je sais et je ressens profondément pourquoi j’aime tant être en altitude.
Notre cordée avec Isabelle ouvre la trace et il faut tout refaire. Je reste très attentifs à la situation nivologique. Une pente soutenue particulièrement propices aux accumulations de neige, avec ses combes et bosses.
Plus haut, nous nous arrêtons pour garder un peu d’énergie pour plus haut. Karma et Sajjan nous rejoignent et nous changeons la constitution des cordées. Je m’encorde avec Sajjan (c’est la première fois qu’il travaille pour Himalayan Travellers et il est un peu en formation) et Isa avec Karma qu’elle connait bien. (C’est vraiment dommage qu’il ne veuille pas apprendre plus l’Anglais. Mais je comprends aussi que ce n’est pas facile pour lui, nous échangeons donc en Nepali).
Au cœur des nuages qui ont maintenant noyés le paysage, nous retrouvons à tâtons notre déposit. Plus haut, un large replat se dégage dans une trouée de ciel bleu. Le col, notre C2…
Nous installons une petite tente déposit et y entassons notre matériel, avant de vite redescendre au Camp 1.
Un col que j’avais nommé sur la carte Damodar Himal d’HMH : Tirhawa La.
Hawa, c’est le vent en Nepali et pour un col c’est plutôt pertinent.
C’est aussi un clin d’œil à toute l’équipe de Tirawa, Christian & Guillaume. Pendant quelques années, avec Tirawa, nous avons proposé des voyages très originaux au Mustang, qui ont permis de défricher toute la région des lacs de Damodar et en particulier le Bhrikuti Shail.
Une période radicalement révolue avec la nouvelle réglementation des permis du Mustang.
Le lendemain, rebelote…
Les cums nous rattrapent à mi-pente et malgré tout nous installons définitivement le camp 2 dans le grand blanc, entrecoupé de belles échappées vers les étendues ocre du Mustang.
Nous en profitons, avec Isa et Luc, pour gravir le Bhrikuti Shail et faire un début de trace vers le camp 3.
Nous sommes maintenant au cœur de l’action et nos tentes Black Beard sont de vrais palaces, surtout à deux. Et grâce à Bishal, mon matelas EXPED est d’une épaisseur scandaleuse !
Cette première nuit au Camp 2 est belle, nous avons enfin franchi une étape, nous voici dans le monde de l’altitude, concentrés uniquement sur notre ascension du Lugula. Demain, une équipe ira installer le prochain camp, et avec une autre cordée, j’aimerais gravir le Julie Himal et un peu plus loin, le Selka Kangri (qui est encore vierge…).
Au matin, grosse désillusion… il neige de nouveau !
Que se passe-t-il ?
J’ouvre mon téléphone satellitaire pour découvrir les messages de la veille qui justement annonçaient un changement de prévisions et une journée de neige avec des cumulus actifs. Ensuite, tout ira mieux.
Une journée d’attente commence, et ce n’est vraiment pas le plus facile en altitude, confinés sous la tente. Tout est blanc et il neige à l’horizontal avec des rafales. Impossible de sortir de la tente, sauf jusqu’aux toilettes matérialisées par une pelle plantée dans la neige.
Je suis surtout un peu inquiet pour la suite.
Sergio et Philippe sont au C1 avec Dorje, Anil et Sonam. Pour eux aussi, impossible de bouger.
- Mais que se passera-t-il demain avec cette neige et surtout ce vent qui provoquera forcément des accumulations ?
- Les népalais, qui feront la trace, seront-ils capables d’attendre un jour de plus ou de déjouer les pièges de la neige ?
- Et nous, qu’allons-nous faire ?
Hugues et Stan n’ont que deux jours pour réussir l’ascension du Lugula, alors que de notre côté nous avons le luxe de disposer encore de 8 jours.
Mais à condition de faire le deuil d’une quelconque traversée ou d’un sommet complémentaire. Notre expédition est organisée sur 5 semaines et c’est un très bon choix.
Neige et brouillard, again and again.
Est-ce à cause du début de saison ?
Du changement climatique, aussi visible et présent dans l’Himalaya que chez nous ?
De notre situation géographique, à la limite entre les plateaux du Tibet et les grands sommets des Himalayas ?
- Attendre
- Savoir attendre
- Apprendre à attendre
- Valoriser l’attente
- Savoir vivre et accepter l’attente
- En clair… Conjuguer à tous les temps le verbe attendre
Nous n’avons pas d’autre choix, alors autant vivre cette situation le mieux possible. Pour moi, ce n’est pas trop difficile, j’ai l’habitude, mais certains laissent exprimer leur impatience et ras le bol.
Demain, il fera beau.
Même si nous avons de plus en plus de mal à croire les prévisions.
Nous allons quand même tenter un sommet pour les uns et installer le camp 3 pour les autres. Et, de nouveau, les nuages nous rattrapent avant midi.
Nous n’irons pas au Selka Kangri, à qui j’aurais beaucoup aimé rendre visite en mémoire à Michel Peysel, car c’était le nom tibétain qu’on lui avait donné au Mustang mais l’ascension du Julie Himal nous a fait un peu d’exercice. Pour ceux du Camp 3, la situation est plus complexe. Impossible d’avancer, il leur faut improviser un deposit à l’arrache et rentrer à la maison à tâtons dans les bourrasques qui se sont installées en après-midi.
Une journée compliquée pour eux, qui laissera aussi des traces pour la suite.
L’ascension du Selka Kangri. Par Sergio et Karma.
Lugula Expedition. Vers le sommet, enfin…
C’est le grand départ, il nous faut maintenant installer le camp 3 et imaginer la suite de notre histoire. Et forcément la situation nivologique est préoccupante. Un peu d’un point de vue des avalanches, mais aussi (surtout) à cause de la difficulté à faire la trace et à progresser.
Je voudrais profiter du beau temps annoncé (ou d’une relative accalmie) et je décide de ne pas respecter une règle pourtant importante pour moi : « Ne pas tout vouloir faire en même temps… ».
Mais, le job a été fait à 50% la veille et notre équipe népalaise est solide. Je vais donc la solliciter car je voudrais à la fois déterminer l’emplacement du camp 3, faire la trace, terminer le portage du matériel nécessaire et nous y installer pour y dormir. Et essayer in situ de nouvelles tentes particulièrement légères, des SALEWA xxxx
Pour une fois, tout se passera bien !
Nous nous installons définitivement en début d’après-midi. Même si la neige a été particulièrement profonde pour faire la trace. Et tout le matériel est aussi rassemblé. L’équipe des Hollandais conduite par Reinier et Dhane, nous suit à une journée de décalage et Dhan a fait un dépôt de matériel avant de retourner au camp 2 dans l’après-midi.
Nous sommes juste au pied du Lugula et je peux enfin observer de visu les conditions de neige qui nous attendent sur la montagne.
Quel itinéraire choisir ?
J’aimerais éviter la grande combe qui conduit au col de l’arête Sud-Ouest et qui me semble gavée de neige profonde.
Mais envisager des pentes plus raides et en versant plus Sud est-il judicieux ?
Une petite balade aux pieds des pentes pour faire la trace du lendemain et valider l’hypothèse confirme ce choix.
Nous allons donc gravir le Lugula par les pentes Sud-Ouest de l’Arête Nord. Le départ est matinal mais sans excès, juste au lever du jour.
L’objectif de la journée est bien sûr de réussir le sommet, mais aussi de faire une trace optimale pour faciliter l’ascension des deux autres groupes (JP et Sergio et le groupe de Reinier).
C’est aussi le cadeau d’anniversaire de JP pour ses 70 ans ! Et il sera accompagné de Dipen et Karma.
Le résultat est plutôt à la hauteur de mes espérances.
Nous arrivons tous au sommet même si de nouveau les cumulus nous rattrapent juste au sommet et la trace est optimale.
Même si le manque de visibilité à la descente nous oblige à reprendre la même trace de montée. Ce que nous évitons absolument d’habitude, en séparant trace de montée et trace de descente.
Une belle réussite ponctuée par un incident, heureusement sans conséquence : une glissade de Philippe dans la première pente de neige un peu raide (un deuxième REC à lire dans la page dédiée).
En début d’après-midi nous sommes tous de retour au camp et la deuxième équipe s’installe également. Ils devraient maintenant réussir le sommet sans trop de difficulté…
Mais qu’allons-nous décider pour la suite ?
Il y a maintenant 4 équipes distinctes et autonomes sur le terrain. (Plus celle de Reinier et bien sûr Hugues et Stan qui sont déjà en route pour Koto avec Kumari).
Le lendemain, JP et Sergio avec l’équipe népalaise réussissent le sommet. Et également, toute l’équipe de Reinier.
Difficile de faire mieux !
La vidéo panorama sommet est d’ailleurs un petit cadeau de Reinier (Merci encore, car pour nous, le versant népalais était déjà dans les nuages).
Puis, tous redescendront au Camp 1, avec de nouveau une fin de journée sous la neige ! Il rejoindront le camp de base le lendemain.
Notre équipe va se diviser en trois petits groupes.
Luc et Philippe, avec Sajjan vont descendre directement au camp de base, en partant relativement de bonne heure. Luc a hâte de retrouver son père qui a du abréger son séjour en altitude.
Dipeen s’occupe de la journée du sommet pour Sergio et Jean Pierre.
Puis rentre seul au camp de base dans la foulée !!!
« Encordé tout seul, bien sûr ? »
Isabelle voudrait continuer l’expérience de l’altitude et des traversées et me demande de trouver un itinéraire pour les 3 prochains jours jusqu’à retrouver tout le monde au camp de base après leurs ascensions.
De mon côté, j’ai envie de gravir le Selka Kangri, qui reste un superbe belvédère sur les étendues du Nord et aussi l’arête vers le Kunlung.
Nous savons également que si nous descendons immédiatement au camp de base, il y a peu de chance que nous ayons l’énergie nécessaire de reconstruire un projet d’ascension. Alors autant en profiter quand nous sommes encore si haut, sans être encore trop fatigués.
Un nouveau planning est élaboré :
- J1 : déplacer notre camp d’altitude vers le bas (sans être trop visible depuis la plaine chinoise…) et préparer la trace de l’ascension du lendemain.
- J2 : gravir l’arête Nord-Ouest du Lugula, (Dzong Ridge) pour rejoindre la dernière partie de l’itinéraire de notre précédente ascension. Le cadre devrait être splendide avec des vues sans limite vers le Tibet. Et, l’intégrale de cette arête était l’un de nos objectifs initiaux.
- J3 : traverser le Bhrikuti Shail pour rejoindre le camp 2 au Tirhawa La, avec le soutien des Nepali Leader de l’équipe, qui nous auront rejoint sur le trajet.
- J4 : éventuellement, si c’est jouable pour le reste du groupe déjà au CB, gravir le Selka Kangri et descendre au Camp 1, puis au Camp de base dans la foulée.
Seul problème : personne n’est au courant car notre radio est en panne.
Plus de batterie !
Sauf l’équipe népalaise, qui doit nous récupérer vers 8h en J3
Heureusement, en J3, Karma et Sonam vont faire la jonction avec nous et nous en apporter une. Ce qui va me permettre d’organiser un peu les différents retours.
Mais, avec le mauvais temps, ils n’auraient jamais du venir à notre rencontre (Un autre RETEX à partager)
Si le premier jour se déroulera plutôt bien, en improvisant une pulka, malgré une trace très profonde, par contre la suite sera de nouveau bousculée par le mauvais temps et des chutes de neige. Puis, elle ressemblera plus à une retraite d’urgence dans le mauvais temps.
Il faut absolument rentrer à la maison…
L’immersion en pleine montagne, un peu hors du monde et du temps, juste une petite tente sur un grand glacier…, (et en Chine !), fut une expérience intéressante de vie et de déplacements en haute altitude et en autonomie. Malheureusement, rendue plus difficile à cause d’une panne de radio !
La fin de l’expé va se vivre « à la carte ».
Avec 4 projets différents que chacun a choisi en fonction de ses aspirations. Nous avons tous rendez-vous le jour J à Koto, pour rentrer ensemble en jeep et en bus :
- JP et sa descente tout tranquille après s’être offert le sommet pour ses 70 ans, avec Sergio
- le retour express de Philippe qui souhaite découvrir la ville de Katmandou, avec Philippe
- la complicité père-fils d’Alain et Luc qui s’organisent quelques jours de trek,
- un détour au-dessus de Meta pour trouver le nouveau camp de base du Kang Garu…
Les chapitres encore en cours d’écriture :
- Quelques mots des uns et des autres sur le retour
- Les RETEX de l’expé… Tout simplement indispensables.
- Le topo du Lugula
La descente de Hugues et Stanislas, accompagné de Kumari
Hugues et stanislas avaient choisi le format 4 semaines, ils sont donc partis plus tôt durant la période de notre ascension, qui fut un peu perturbé (avec une instabilité chronique dans l’après-midi). À Meta, Hugues décide de faire un repérage Pour le prochain Kang Garu en passant par le haut, par les alpages de Namqyu pour redescendre à Cha Cha.
La journée ne se déroulera pas vraiment comme prévue.
Un récit à retrouver dans l’article dédiée à notre récit sur la reco pour trouver le nouveau camp de base du Kang Garu.
Et Stanislas de commenter :
« La « nuit torride » avec Kumari et Hugues ne fut qu’une nuit dans le froid humide, accompagnée du vacarme de la khola, à moitié assis, à moitié allongé, calé contre un arbre sous un bout de plastique.
Une nuit à attendre le lever du jour, entrecoupée par les assoupissements.
Bref, le pied, une nuit vraiment inoubliable… »
A lire également dans la page RETEX Lugula 2019…
Vers Naar, le Kang La et Ngawal (Luc et Alain)
Pour nous, le retour a été un pur bonheur, partage père-fils dans l’intimité, mais pas remarquable quant au parcours ( comme celui d’Hugues, Stan et Kumari ! ).
Un itinéraire connu, mais toujours splendide et peu fréquenté.
Naar en plein battage de l’orge et les labours. Moments exceptionnels. Une découverte pour Luc. Kang La Phedi occupé par un opportuniste, qui attend le trekkeur de passage pour le plumer ! ( pas eu de chance avec nous … )
Rencontré personne, sauf 3 habitants de Naar qui remontaient depuis Ngawal avec leurs mules.
Et les pistes qui montent maintenant depuis la Marsyandi vers tous les villages….avec les risques que cela comporte !!!
Phu et Naar en mode slow par Jean Pierre, Sergio et Dorge.
« Un immense bonheur d’avoir réussi ce beau sommet, mais voilà il faut rentrer !!!!
Retour au camp de base, qui se vide petit à petit de ses occupants. Il nous reste quelques jours et je ne suis pas pressé de quitter ce beau pays.
Avec Sergio, nous mettrons six jours pour rejoindre tranquillement Koto, en prenant le temps de visiter deux beaux villages. À Phu, Dorje m’a accompagné à la rencontre des villageois. L’accueil est chaleureux, et je peux déguster thé au beurre de yack, fromage de yack, pommes de terre bouillies et autres boissons à base de riz dont j’ai oublié le nom.
Ensuite ce fut Naar et une journée de battage sous un soleil magnifique: grandiose !!!! »
Vers Meta et les alpages de Namqyu (Isa, Paulo, Karma et Sajjan)
Le récit est à retrouver dans le compte rendu du Camp de Base du Kang Garu.
Une belle aventure où nous avons été très attentif à ne pas nous perdre…
Il nous faut trouver un nouveau camp de base.
Et j’espère au somment de cette petite pointe. « La montagne, c’est pointu » dixit LE Chaps
Un clin d’oeil pour Hugues et Stan : le paysage qu’ils n’ont pas vu et le point décisionnel clef, pour le RETEX !
Mais comme dit Alain…
ʺ Tout m’arrange, rien n’me dérange ! ʺ
Alain…
Vous avez tout parcouru ?
Et même lu ma prose laborieuse… ?
Damned !
J’espère que cela vous a plu ?
Car ce fut pour moi un vrai plaisir de vivre , mais aussi de partager cette expérience du Lugula.
Et bien sûr, vos commentaires, avis et remarques sont les bienvenues juste en dessous dans la rubrique commentaire.
Bel hiver à tous, avec ou sans skis
Paulo_Entre Kathmandu, Chamonix et La Grave
Fin novembre-début décembre 2019
Crédit : Peter Ackroyd (AAJ 2015)
Lugula, un peu d’histoire…
Lugula (6,899m): First official ascent, by south couloir and west ridge
On April 10, 2014 an eight-member expedition from the Hankuk University of Foreign Studies Alpine Club from Korea, led by Lim Il-jin, arrived in Phu. Here they hired a local guide to lead them to base camp (5,050m) on the Bharchapk Glacier.
Lugula is the highest point of the Lugula Himal in the most northerly section of the Annapurna Conservation Area. Seen from base camp to the south, it stands between Bhrikuti Sail (6,361m) on the left and Chako (6,704m). The east-west ridge connecting Bhrikuti Sail to Chako forms the Nepal-Tibet border.
The team climbed steep moraine hill and narrow valley for three kilometers to reach the left side of Lugula’s south face. Here they established advanced base at 5,450m and then set about climbing the couloir falling from the col between Bhrikuti Sail and Lugula. They placed Camp 1 on the ridge leading into the couloir. (The friable rock on this crest led them to dub it Biscuit Ridge.) Fixing ropes, they moved upward until the 18th, when they were forced down to base camp to collect the equipment needed to break through the final 80°, 60m ice face leading to the col.
On the 22nd climbing leader Hong Seung-gi forced the route to the col, and the team established Camp 2 on the crest of Lugula’s west ridge. The dry Tibetan plateau was visible to the north; a large snowfield, dubbed Minerva (the university motif) unfolded above.
At 2:30 a.m. on the 23rd, five members, including Lim Il-jin and two Sherpas, set out for the summit. Due to strong wind and snow it was hard to see, but by the time the sun came up they had reached the point where the west ridge turns more toward the northeast. A slip from this narrow ridge would have resulted in a fall of ca 1,000m in either direction. As the wind increased, Lim and two other members decided to retreat from 6,550m.
The remaining climbers surmounted the steep Hong’s Step, and at 9:10 a.m. Hong Seung-gi and Feme Sherpa reached the top. They were joined five minutes later by Bum Won-taek and Lakpa Sherpa. All returned to Camp 2 that afternoon and were safely back in base camp the next day.
Provided and translated by Lim Sung-muk, Man and Mountain, Korea
Editor’s note: This team may not have been aware of an unauthorized ascent of Lugula in 2010. In autumn that year a French party climbed Bhrikuti Sail by the south face and upper southwest ridge. The three French went to the summit on November 1 from a bivouac halfway up the face at 6,070m, and returned to this bivouac the same night. On the 2nd one of the French reports moving east from the bivouac, gaining the west ridge of Lugula, and following it to the summit. He descended to the bivouac, and the same day all three climbers went down to their lower camp at 5,500m.
By Lindsay Griffin, AAJ contributor.
Et c’est la photo de Renaud avec le tracé, présente dans ce compte rendu.
Merci Paulo,
Fabuleux reportage, des photos magnifiques, un récit précis, vraiment une belle envie de vivre ce type d’expérience!
La retraite pour moi dans 1an et demi donc pourquoi pas!
Bravo et merci Paulo pour ce chouette partage, texte et photos !!
On a bien vécu avec vous l’immersion en haute montagne comme on l’aime.
Et encore de beaux projets, que d’énergie. Au plaisir de te croiser !
Ne te prive pas Paulo. Au plaisir de te lire et peut être in jour de repartir ensemble.
OMG comme dirait un guide que je connais bien :). Je viens de passer un moment extraordinaire à la lecture de ce récit passionnant ! Que d’émotions. La video est magnifique (j’ai adoré aussi la version rasta des pink Floyd ‘Wish you were here’ qui fait partie de mes morceaux préférés d’adolescente). Bravo à tous !!! J’aurais aimé être capable de faire partie des vôtres.