peri himal

Le Peri Himal, une expédition du CAF de Chambéry.

Cette première expérience himalayenne au CAF de Chambéry était particulièrement ambitieuse, non pas par les sommets envisagés mais par les objectifs visés.

Il s’agissait de proposer une expérience enrichissante d’alpinisme en Himalaya aux adhérents du CAF, montagnards et skieurs de randonnée autonomes, en m’appuyant sur plus de 30 années d’expéditions au Népal.

Mais aussi :

    • d’ouvrir une réflexion sur l’Himalayan Business et la marchandisation des sommets en proposant une voie alternative.
    • d’accompagner l’évolution culturelle actuelle, en délégant aux guides népalais l’encadrement de l’expédition et en les accompagnant techniquement sur le terrain et dans leurs relations avec leurs clients.
    • de mettre en place et de conduire une Recherche-Action de prévention sur le MAM avec l’IFREMMONT et d’expérimenter la Magic Map.
    • de documenter des sommets peu fréquentés, isolés et pour certains vierges.
    • de vivre des actions de solidarité en intégrant des jeunes dans l’équipe népalaise (avec Kumari en tant que guide femme, avec Dema orpheline de Rajan et en vacance, avec Tarpa un jeune de Samdo dont nous avons financé les études et en recherche d’une orientation professionnelle).
    • avec des groupes multi activités sur le terrain à coordonner : rando, petit sommet, alpi et ski,
    • dans un processus « expé mode d’emploi », visant à former des participants novices à l’organisation d’une expédition himalayenne.

Bref, ce fut une aventure intense et très complexe pour un grand groupe comme le notre. Et au final, nous avons plutôt bien réussi, avec la plupart des participants qui ont réussi au moins un sommet de plus de 6000 m.

Peri Himal
Damien, majestueux... En route, vers le Hindu Himal.
Peri Himal
Un cadre exceptionnel... Une expé pas vraiment simple.
Peri Himal
Juste avant le départ... Sur les réseaux sociaux, les nouvelles du Népal ne sont pas très bonnes, on y parle de fortes pluies et d'inondations !
Peri Himal
Durant le voyage, la préparation continue. Isa explique au groupe notre arrivée à Kathmandu et les dernières choses à préparer.
Peri Himal
A l'arrivée, tout va mieux. Il fait grand beau !

Himalayan Business ?

Avons-nous réussi à proposer une voie alternative à l’Himalayan Business ???

D’après le livre de François Carel, l’Himalayan Business, la marchandisation des sommets himalayens, est construit autour de trois notions :

  • un produit 
  • des services à acheter
  • et des consommateurs qui payent le prix fort !

Dans une logique d’OFFRE sur le marché du tourisme, forcément compétitive.

Cette réalité a été remplacée pour nous par les notions :

  • De projet 
  • de la co-construction, du faire ensemble
  • Et des participants, acteurs de leur aventure !

Il s’agit alors d’une DEMANDE adressée au marché, à l’opposé d’une offre formatée et réductrice.

Mais ce changement de paradigme nécessite des acteurs népalais ET occidentaux investis dans cette démarche participative, une très bonne connaissance des rouages techniques du marché du tourisme au Népal et de la logistique d’une expédition. 

Cette réflexion est un peu la concrétisation des échanges que nous avions initiés avec Gilles Rotillon sur Alpinemag ( et cette expé expérimentale lui est dédiée).

Peri Himal
A Padma notre camp de base, une rencontre avec Dema et Tarpa. les p'tits jeunes de l'expé... Dema n'a jamais passé un col si haut et Tarpa rentre au village de Samdo mais n'a jamais côtoyé une bande d'occidentaux.
Panbari
La logistique de l'expé sur un bout de gribouillon !

Panbari et Peri Himal. 
Le choix du lieu : un pas de côté.

Pour cette expé, l’objectif était de se situer en dehors du marché et des sommets classiques, pour vivre une véritable aventure himalayenne avec des aléas, des choix à faire et à assumer. Être seuls à un camp de base est un luxe immense, même s’il y a des raisons pour que le Panbari ne soit pas très classique.

  • Ce n’est pas un sommet de 7000 mais seulement de 6930 m !
  • Il est relativement difficile à rejoindre avec une marche d’approche conséquente.
  • Il y a peu d’informations disponibles (à part celles de mon site).
  • Et les deux premières journées sont un peu éprouvantes.

Bref, c’est le lieu idéal pour être tranquille ! 

Une réflexion de Quentin. sur la préparation.

Au sujet des attentes de chacun et de leurs évolutions.


 »Nous n’avions fait qu’au tout début des réunions à Chambéry en février un tour de table sur les aspirations de chacun dans ce projet. Je pense que les choses peuvent évoluer, surtout après avoir cerné plus concrètement les réalités du terrain et du groupe. Dans une démarche systémique,’il faudrait refaire ce tour de table à minima au camp de base, voir à un autre moment, pour que les choses s’expriment de nouveau, ça aiderait je pense à recalibrer les choses, à les reformuler. »

Peri Himal
Un départ matinal et une bonne surprise, la route Mugling Pokhara est quasi terminée. Il y a même une 2 fois 2 voies !
Peri Himal
Une expé c'est aussi une histoire de sacs, avec les sacs jaunes pour le trek et les sacs rouges pour l'altitude qui iront directement à Samdo.
Peri Himal
Une de nos nombreuses discussions de concertation avec Diepen, gribouillon à l'appui. Indispensable pour la bonne marche de toute l'organisation ! Heureusement, on s'entend très bien...

Au final, les sommets réalisés.
C'est plutôt une belle réussite pour une 1ere expérience !

6767Le 20 Octobre pour faire la trace, jusqu’au 1er sommet…

  • Hindu Himal 6304 m, par Dipen & Ashok, Isa & Paulo, Damien et Flo à skis.

Puis le 21 Octobre 2025.

  • Hathara Saya Khola Himal  6767 m, par Ashok Bothe & Maïla Gurung.
  • Lylia Peak 6425 m, par Isa & Paulo, Dipen avec Polo et Cyrielle.
  • Hindu Himal 6304 m, par Damien, Flo, Nicolas et Eddy à ski. Quentin & Sonam en alpi.
Peri Himal
A Nache, nous quittons la vallée principale du tour des Annapurna. Une vue depuis le pont suspendu sur Dharapani.
Peri Himal
TILJE, 1er village du Tour du Manaslu des Alpinistes, c'est maintenant l'arrivée de la route Besishar/Dharapani et donc la fin du tour du Manaslu des Trekkeurs.
Peri Himal
Cyrielle, Quentin et Flo, à l'entrée du village. Notre étape du jour est très tranquille, idéale pour se mettre dans l'ambiance.
Peri Himal
Dema et Tarpa font connaissance avec Nico...

Au coeur de l'expé...
Une arrivée à Kathmandu un peu mouvementée.

 Mince… Un bagage de Cyrielle est égaré (puis retrouvé) et le temps se contracte avant le départ en bus pour Besisahar. 

  • Il nous faut refaire nos bagages entre alpi et trek pour identifier ceux qui iront directement à Samdo,
  •  valider la logistique de l’agence, 
  • vérifier les radios, 
  • le caisson hyperbare, 
  • les tentes. 

A l’agence d’Himalayan Travellers, en mettant le caisson en pression, une étanchéité se déchire. Le caisson est hors d’usage ! 

A Padma, avec tout le groupe, nous faisons le point : « Est-il possible de s’organiser entre les deux groupes Alpi et trekkeurs pour passer le Larkye, avec un caisson et de l’ox ?

« Il en est hors de question » François pose un ultimatum sans nuance !

Une opinion que je ne partage pas car la réalité est bien différente, depuis longtemps les népalais ont remplacé le caisson par l’oxygène pour toutes leurs ascensions. C’est le début d’un différent qui se poursuivra durant toute l’expé. Et nous louerons donc un caisson pour le groupe trek. 

Ainsi va la vie, il est temps de partir.

Peri Himal
Le début du trek est tranquille, c'est une piste qui va jusqu'à Soti Khola.
2eme journée de trek. A Soti Khola pour un thé. Jusqu'à Samdo nous serons dans des lodges, une forme de marche d'approche très particulière, avec forcément beaucoup de gens autour de nous.
Peri Himal
Le versant Ouest du Manaslu, forcément beaucoup moins connu. Et cette arête du Manaslu North tellement esthétique !
Peri Himal
L'arrivée à Bimthang, un vallon morainique bien caché, porte d'entrée vers l'altitude.

Le tour du Manaslu revisité : à l’envers !

 Comme pour le tour des Annapurna, la construction de la route va bousculer à moyen terme le tour du Manaslu des trekkeurs. 

Et, comme pour les Annapurna, les agences mettront des années avant de modifier leurs itinéraires, laissant les randonneurs marcher sur la piste. Surprenant, non ?

Concrètement, en Octobre 2025, nous avons pris la jeep à Banthsing, en amont de Philim, alors que le circuit Allibert (et d’autres) commence le trek à Maccha Khola avec une nuit à Jagat, soit 1 journée 1/2 à pied d’un intérêt discutable.

Nous commencerons le tour du Manaslu à l’envers, car c’est le moyen le plus efficace pour rejoindre Samdo. 

Les samdopa mettent 3 jours depuis Kathmandu, nous en mettrons plus du double pour mieux nous acclimater. Réfléchir à la meilleure manière de traverser le Larkye Pass est donc un challenge très intéressant. 

C’est « le tour du Manaslu des alpinistes » et cette année nous utiliserons une journée de plus pour améliorer encore cette acclimatation, soit 5 jours de Dharapani à Samdo. 

Cet itinéraire sera décrit plus précisément dans un article dédié.

Peri Himal
Un petit détour vers le lac de Ponkar pour de l'acclimatation active. Le cadre de haute montagne et superbe.
Haut dessus de Binthang, Cyrielle et Dema. Il s'agit maintenant de rejoindre les lodges de Phedi.
Peri Himal
Phedi a bien changé... D'un simple tea-shop il y a maintenant 4 lodges, relativement confortables. idéal pour couper l'étape directe vers Samdo..
Peri Himal
L'étape de demain est la plus importante de notre marche d'approche. Il nous faut passer la Larkye Pass a plus de 5000 m. Maila s'essaye à la Magic Map et tout le monde est concentré !

A Samdo, une journée de repos est la bienvenue.

Beaucoup de gens nous attendent à Samdo et le séjour, bien que très court, est riche en rencontres. Avec quand même une inquiétude persistante :

  •  Comment va se passer le transport de tout notre matériel jusqu’au camp de base par les gens de Samdo ? 
  • Et à quel tarif ? 
  • Allons-nous éclater notre budget ?

Nos mules ont déchargé les sacs dans la cour du lodge de Karsang Diki, il nous reste à les conditionner en charge de 30 kg et à peser le tout avec les responsables de la communauté.

Ce soir, massuko dhiro, dans le lodge à l’ambiance très tibétaine et plutôt rustique.

Peri Himal
Au petit matin, le départ est un bon sentier. Il ne fait même pas froid et le temps est super beau !
Pari himal
Plus haut la neige est bien présente, mais le sentier toujours aussi simple.
Peri Himal
Nous avons fait plusieurs groupes en mode 3. Le premier, les Avions de chasse, est déjà au sommet du col, il n'est pas encore 10h. Il y a Isa, Damien, Nico et Tarpa. Nico tu est certain de ne pas avoir forcé ?
Peri Himal
Dans la descente, le deuxième groupe fait route avec le premier. Objectif, descendre doucement ! Le cadre est toujours aussi splendide.
Peri Himal
Après Dharamsala, le sentier est plus simple...
Manaslu
Une vue sur le versant Nord du Manaslu, avec la voie normale qui se faufile entre les séracs.
Peri Himal
L'arrivée à Samdo après une longue journée. Ambiance tibétaine garanti...
samdo
Dans la cuisine du Lodge de Karsang Diki. Une ambiance très tibétaine...
samdo
Le village de Samdo, un lieu très particulier. Mais au versant opposé des lodges.
Samdo
Little Tibet, un lodge confortable ... L'Expresso vaut le détour.
Samdo
Dans la maison familiale de Tarpa...
Samdo
Nos sacs sont prêts ! Demain matin, les gens de Samdo s'occuperont du transport jusqu'au Camp de Base.

Au nouveau Camp de base.

Au final, tout s’est passé pour le mieux dans une ambiance incroyable. Nous avons installé nos tentes et récupéré notre matériel d’alpinisme, l’expé peut commencer.

Au retour, nous trouverons même un nouvel emplacement !

Peri Himal
En remontant la grande vallée aux 1800 rivières. les gens de Samdo sont venu par cette vallée...
Les gens de Samdo nous ont rejoins. Une halte où tout le monde s'installe en vrac.
Peri Himal
Toute l'équipe repart vers le camp de base. Tout va bien bien...
Peri Himal
Incroyable, l'itinéraire traverse le front du glacier. Heureusement, au retour, nous ferons un détour en traversant le glacier beaucoup plus en amont.
Peri Himal
Enfin au camp de base. Un moment incroyable où tout le monde est rassemblé. Les chevaux seront vite déchargés.
Peri Himal
Et voilà, le camp est installé. La cuisine prépare déjà le Djuss et le tea time.
Peri Himal
A la fin de l'expé, en nous baladant près du camp de base avec Dema, nous allons découvrir ce superbe lac à seulement 5 mn de marche. Comment ne l'avions-nous pas vu plus tôt. Et il y a même des endroits plats juste sur le rivage. Cela pourrait être un merveilleux Very New Base Camp du Panbari.
Peri Himal
Pas de doute ce serait vraiment bien. Avec une rare proximité avec l'eau. On devine le camp de base, pas très loin.

La réalité du terrain, camp de base au camp 2.

Voici le topo de l’itinéraire et le gribouillon de la Magic Map.

1… du BC au C1.

3h30 à 5h. Rando alpine max T3.  Randonnée hors sentier mais avec des traces de passage. Une traversée de gros blocs peu agréable, puis une pente d’herbes raides (100 m) exposée au-dessus de la moraine.

2… Du C2 au Hindu Himal. 

3 à 4 h, Course d’alpinisme F jusqu’à environ 6000 m, puis plutôt PD, avec 50 m en neige dure à 35/40 avec des traces, mais TRÈS exposé. La suite jusqu’au sommet est F en neige.

Peri Himal
Une vue d'ensemble du terrain des deux premiers jours.
Peri Himal
Le petit vallon morainique, au départ du Camp de base.
Peri Himal
Une vue en arrière sur le fil de la moraine que nous avons remontée. Jusque là c'est très simple. Mais ça se complique pour la traversée des blocs.
Peri Himal
Une petite remontée en contournant la coulée de blocs.
Peri Himal
La première coulée de blocs à traverser.
Peri Himal
Un passage plutôt court, 10 mn de traversée, mais beaucoup de pas d'équilibre.. Isa, Damien et Eddy, à la descente.
Peri Himal
La pente d'herbes de Dominique. Un passage un peu raide mais surtout exposé. En fin d'expé, par contre, il y avait presque une petite sente.
Peri Himal
Puis c'est une dernière zone de blocs, cette fois avec un peu de neige.
Peri Himal
Une vue de la dernière partie de la montée au Camp 1. Un champ de blocs et quelques cairns...
Peri Himal
Pas vraiment un endroit bucolique.... Mais il n'y a rien de mieux.

Jusqu'au camp 2. Une histoire bien rodée.

Le début d’une expé est certainement la période où nous sommes le plus fragile. Il nous faut, à la fois : 

  • faire la trace,
  •  installer nos camps, 
  • porter notre équipement, 
  • s’acclimater 
  • et prendre de l’altitude. 

De plus, le terrain est un peu inconfortable dans de gros blocs de rocher, un peu enneigés au camp 1. Le peson est de sortie pour qualibrer nos charges à 12 kg max et c’est le moment où l’aide des népalais est la plus conséquente. Le camp 1 est un peu compliqué à identifier dans des rochers et il est vraiment préférable qu’ils soient enneigés pour y installer des tentes.

Pour le camp 2, le glacier a bien reculé, ce qui ne nous a pas simplifié la première partie du trajet, dans des rochers toujours aussi désagréables. Puis, plus haut, avec les dernières chutes de neige la trace dévient exténuante à faire. Il n’y a que les skieurs qui sont contents !

Les rangs s’éclaircissent : 

  • Piero a mal au dos, 
  • Eddy est très fatigué, 
  • Nicolas a mal à la tête 
  • et François a perdu toute motivation. 

L’altitude rend forcément les choses plus difficiles, les relations deviennent plus rudes et des clivages se renforcent. Une expédition est avant tout une aventure humaine…

Bien sûr, quelques rugosités relationnelles émailleront nos journées et elles auront forcément des conséquences sur les mal-être liés à l’altitude.

La montée au camp 2 a été rude pour tout le monde, une journée de repos est nécessaire pour nous laisser le temps de souffler un peu et de faire la trace correctement avec Ashok et Dipen.

Peri Himal
Le départ du Camp 1 est un peu compliqué. Faire la trace dans un chaos de blocs enneigés est particulièrement éprouvant, surtout avec un portage à faire.
Le déposit des skis. Les skieurs vont pouvoir faire une trace plus simple.
Les dernières chutes de neige ne nous simplifient pas la tache...
Peri Himal
Une grande traversée pour rejoindre le glacier. Tout le monde arrive doucement...
Peri Himal
La journée s'avère plus compliquée que prévue. Nous avons du mal à trouver un camp 2 pertinent avec ces conditions de neige. Il est peut être plus sage d'arrêter pour aujourd'hui et de faire un déposit de nos affaires. La cordée des népalais va juste vérifier si un camp est possible sur la bosse.
Faut pas le dire mais, nous utilisons la trace des skieurs pour venir récupérer notre dépôt.
Peri Himal
Et voilà le camp 2 est installé ! Nous sommes vraiment en haute altitude et il fait super beau.
Peri Himal
Le lendemain la trace est toujours aussi difficile à faire ou à suivre. Et la journée sera consacrée à ouvrir la route vers le Hindu Himal, avec l'aide de Dipen et d'Ashok et de Damien et Flo à skis.
Nos népalais se prennent en photos devant un sommet que nous avons gravi en 2015 avec Dipen.
Peri Himal
Le passage clef de l'ascension semble plutôt facile cette année. Mais c'est un court passage en neige dure (35/40°) où il ne faut pas tomber.
Peri Himal
Les skieurs essayent à droite pour voir si la neige est meilleure. Un passage existe dans les seracs mais reste plus exposé, surtout à deux.
Puis les pentes sont plus douces vers le sommet. Flo termine tranquillement son ascension.
Peri Himal
Et le sommet est un grand dôme de neige. C'est pourtant un vrai sommet avec un cadre splendide. Et c'était l'objectif de l'équipe à Jipé.
Une petite pose cigarette au sommet, pour Dipen et Damien.
Peri Himal
La porte est ouverte vers les autres sommets, le Lylia Peak à 6425 m ou le Phu Khang Go à 6767 m.

Puis, les prévisions météo bouleversent tout !
La situation se complique...

Une petite explication est nécessaire, avec les prévisions météo reçues.

Retranscription du message reçu sur Inreach le 20 Octobre à 6h18, par Dominique, routeur météo de l’expé.

  •  » Vous avez du beau temps jusqu’au mardi 21 inclus.
  • Ensuite mercredi 22, il commence à y avoir des nuages avec des averses de neige dès la mi journée. 
  • Mauvais temps jeudi 23 toute la journée avec fog et neige. Vent du S S-O, 20 à 40 en rafales. » 

Météo + terrain.

Les 2 passages entre CB et C1 vont devenir très difficiles à parcourir avec de la neige, surtout à la descente, en étant chargé et/ou fatigué !

Le passage raide entre C2 et sommet du Hindu Himal, bien que très court, est trop exposé pour être descendu par mauvaise conditions. Une chute peut y être fatale.

Les prises de décisions.

1… pour le groupe Alpi.

  • Lundi 20, repos pour les membres et traçage jusqu’au Hindu Himal pour Dipen et Ashok, sommet pour Damien & Flo, Isa & Paulo.
  • Mardi 21, il faut profiter du dernier jour de beau temps. Chacun s’organise avec sa cordée pour réaliser l’un des sommets, à l’exception du Panbari, irréalisable à partir du C2. Retour et nuit au C2.
  • Mercredi 22, descente et nuit au C1 (pour ne pas encombrer le CB, occupé par le groupe Trek).
2… pour le groupe Trek.
  • Lundi 20, montée et nuit au C1.
  • Mardi 21, aller retour au C2, nuit C1 (ou CB, plus confortable).
  • Mercredi 22, ?
J’ai communiqué ces décisions par radio à Jipé en m’excusant de ne pouvoir proposer mieux.
 
Avec Isa et Damien, les décisions ont été simples à prendre, certainement notre expérience commune de l’évacuation du camp de base du Lamjung avec trois mètres de neige, et le groupe a unanimement été d’accord. 
 
Conclusion, il nous reste une journée de beau temps pour concrétiser nos envies d’Himalaya. Ce sera l’unique opportunité, et nous allons nous organiser en conséquence en petites cordées pour réussi le mieux possible nos projets.
Peri Himal
Nous voici parti, en plusieurs petites cordées autonomes. Un peu comme dans les Alpes. Et surtout il fait super beau !
Peri Himal
Cyrielle et Polo, qui seront bientôt rejoint par Dipen, qui a réussi à réparer ces chaussures.
Peri Himal
Isa au sommet et en tête de notre cordée. C'est bien...
En descendant, nous allons croiser Dipen, Cyrielle et Polo. en route vers le sommet. C'est impressionnant cette petite cordée dans cette immensité.
Peri Himal
L'arête que nous avons remonté. Rien de bien compliqué, mais la combe parfois utilisée a bien changée avec une plaque datant de la dernière chute de neige.
Peri Himal
Damned, la dernière pente ne ressemble plus à rien après notre passage. Ou plutôt celui des skieurs.. Un groupe du CAF à coup sûr...
Peri Himal
Depuis le camp 2, je surveille au télé la dernière cordée qui rentre à la maison, sommet en poche. Pas trop de souci, ils s'assurent correctement !

Une réussite aussi népalaise.

La plus belle réussite de l’expé est certainement celle d’Ashock et de Maïlla, en cordée de 2 sur l’Athara Saya Khola Himal 6767 m (la Montagne aux 1800 Rivières). Un sommet dont j’avais fait la 1ère ascension il y a bien longtemps avant qu’il ne soit officiellement autorisé et rebaptisé Phu Khang Go par le ministère.

Au Népal, il faut savoir que la notion de cordée népalaise amateur est encore rare. Les sommets sont le plus souvent réalisés dans le cadre professionnel, avec des clients. Les voir tout les deux évoluer ainsi a été un vrai plaisir pour moi.

Pour Maïla, c’est peut-être la possibilité de rejoindre un réseau pour être accepté dans une équipe népalaise d’un grand sommet de 8000 au printemps (peut-être l’Everest ?) et d’assurer ainsi des revenus conséquents pour sa famille.

De notre côté, Isa assurera en 1ère de cordée l’ascension du Lylia Peak 6425 m. Suivi de Dipen, Cyrielle et Polo. Au loin, les skieurs sont sur le Hindu Himal pour permettre à Nico et Eddy de réaliser un sommet malgré leurs difficultés d’acclimatation.

Dommage que le temps nous soit compté… Il est déjà temps de descendre.

Au camp de base, nous retrouvons une petite équipe de trois italiens qui font l’ascension du Panbari sans porteur d’altitude népalais et à skis. Nous avons des amis en commun et c’est un très beau projet et de belles rencontres.

La transmission avec les népalais, (par Quentin)

« C »est un enjeu important, et qui nous dépasse en grande partie. Mais qu’en raison de la structuration des relations commerciales avec les touristes, et pour des raisons culturelles, ce n’est vraiment pas simple. Je prends l’exemple que j’ai vécu avec Soname : nous avons évolué en réversible et j’ai essayé de lui expliquer pour la corde. La veille, je pensais qu’il avait compris qu’on allait échanger nos compétences. Mais le lendemain matin, il tenait à m’aider à mettre mon baudrier…… Donc pas évident. »

Peri Himal
Sur le plateau du Panbari, nous retrouvons la cordée des népalais, Ashok & Maïla. Avec Isa, nous avons décidé d'aller vers le Lylia Peak.
Une discussion s'engage pour les convaincre de continuer vers le Phu Khang Go. Mais sans s'occuper de nous... Forcément difficile pour des guides népalais. C'est aussi un sacré pari car le sommet et encore loin et la neige profonde.

Quand MOINS, c’est parfois MIEUX !

En expédition, la météo reste le maître du jeu et des lieux.

Cette année, une première perturbation nous a empêché de réaliser le Panbari ou le Peri Himal. Mais au-delà d’une certaine déception, nous avons pu anticiper notre descente pour ne pas être frappés de plein fouet par le cyclone Montha, et surtout pour repasser le Larkye Pass avant la neige, avec tout notre matériel.

La suite, dramatique pour nos amis italiens, nous confirmera la pertinence de cette décision.

Samaya
Doucement, le temps change. Et ces premiers nuages annoncent la suite de notre histoire.
Peri Himal
Le retour sera expéditif, il nous faut redescendre tout notre matériel. Et la technique est maintenant bien rodée. Un peu de portage et des sacs à tirer.
Et un peu la même chose pour nous. En moins rude !

La MAGIC MAP...

Une journée de repos au camp de base nous a permis de faire le bilan de la Magic Map, avec la conclusion de François : nous sommes sur la bonne voie, même s’il est forcément nécessaire de simplifier cette Magic Map pour la rendre accessible aux guides népalais.

Mais notre bilan est en demi teinte car amputé d’un tiers de temps en altitude à cause de la météo. 
Par contre, plus positivement, nous avons vécu très peu de mal-être liés au MAM.

L’ensemble du groupe a été largement investi dans la Magic Map que nous avons beaucoup améliorée. Voici les propositions les plus marquantes :

1… L’ajout d’un troisième élément, l’état de santé général, avec une réflexion forcément systémique avec la dimension psychosociale et groupale, et les symptômes de MAM.

2… La Magic Map est devenue progressive, où les symptômes de MAM ne sont abordés qu’à partir du moment où l’étape est en jaune ou en rouge en fonction de l’altitude.

3… Seul le MAM est qualifié avec des chiffres. Pour l’état de santé et la psychosocio, l’expression libre est favorisée.

4… Pour le gribouillon, quatre différents modes de progression en randonnée ont été définis et permettent une meilleure gestion du groupe sur le terrain : tous ensemble, en groupes séparés ou seul.

5… Les différents critères du tableau de psychosocio ont été traduits sous forme de questions pour une meilleure compréhension par le guide népalais.

6… Pour les expés et en altitude, la Magic Map n’est plus réalisée avec tout le groupe, mais par tentes et par cordées. Ce sera au leader de faire le lien entre les binômes, de construire et de partager des problématiques et des décisions collectives.

Un article est en préparation pour le site CSV-News.

« La CSV, dans sa forme Magic Map, est un enjeu qui devient de plus en plus important avec la pression de l’altitude, mais justement, l’isolement et la pression dans les camps d’altitude rendent difficiles sa mise en place. »

« Par ailleurs, la partie organisation/gestion collective d’une expé prend forcément beaucoup de place. Comment faire que la CSV aide et n’ajoute pas un poids supplémentaire ? J’aurais tendance à penser qu’une ritualisation ou routinisation des choses en altitude aiderait à simplifier les choses (et en fait, on est confronté aussi à ça plus bas, ici dans les Alpes).
iI faut des choses les plus simples possibles. » par Quentin B.

 
Peri Himal
Une première explication sur cette nouvelle CSV pour le trek, la Magic Map.
Magic Map
Le 1er document de travail de la Magic Map, proposé par Pascal Zellner, président de l'IFREMMONT.
Magic Map
Dipen Bothe, à fond pour la Magic Map. Mais va-t-il l'utiliser quand il sera seul avec un groupe ?
magic map
Une soirée studieuse...
Et avec François, Observateur-participant de l'IFREMMONT, nous avons même pris le temps de débrieffer l'utilisation de la Magic Map et cette Recherche-Action bien particulière.
Et nos trois mousquetaires de la Tsum font aussi une CSV pour leur trek, avec Kumari un peu observatrice.

A Samdo.

Nous voici de retour à Samdo. L’arrivée du cyclone Montha se confirme.

 L’équipe népalaise passera donc le col dès le lendemain matin, directement pour Bimthang. L’ensemble du groupe préfère également passer immédiatement le col pour rentrer à Kathmandu. De notre côté avec Isa nous avons une semaine de plus et j’aimerais rester quelques jours au monastère de Serang, dans une vallée très isolée de Kyiomolong. 

Nous profiterons donc de la soirée à Samdo pour debriefer l’expé, et le lendemain partir chacun de son côté. Rendez-vous à Chambéry !  

peri Hima
Dans le lodge de Karsang, la confection des momos.
9h du matin, les mules sont chargées. Je suis rassuré, tout le monde passera le col aujourd'hui, avant la neige.

Le débriefing et une analyse de l’expé.

 Comment faire pour un huis clos d’une telle durée ? 

Il a d’emblée été placé sous le signe de la bienveillance, de l’humour et de la participation. Et la question principale était : Faut-il reconduire ce type de projet au sein du CAF de Chambéry ? 

Nous avons débattu de plusieurs sujets.

1… La préparation réalisée a-t-elle été suffisante ? Trop importante ? Que faut-il conserver pour un projet Alpi ?

2… Votre représentation de l’expé avant le départ a-t-elle correspondu à la réalité vécue ? À vos attentes ?

3… Que gardez-vous à chaud de cette expérience himalayenne ? 

4… Une expé participative ? Cette démarche a-t-elle été réelle ?

Puis dans le cadre « expé, mode d’emploi », nous avons abordé quelques sujets importants.

Faut-il aborder, analyser les conflits existants ? Oui, si c’est constructif. Non, si c’est simplement un règlement de compte sans écoute véritable. Mais c’est difficile et il est pertinent d’essayer.

  • 1… Dans une journée, ne pas vouloir trop en faire : trouver le camp d’altitude, faire la trace et en même temps faire un portage. C’est pourtant ce que nous avons essayé de faire pour le camp 2, sans réussir à rejoindre le camp convoité. Toujours la même contrainte de temps !
  • 2… Sur les cordées hétérogènes. « Prendre soin de son compagnon de cordée plus fragile augmente les chances de succès de toute la cordée (pour la cordée Dipen, Cyrielle et Polo).
  • 3… Cordée de 2 et réversibilité. « Faire Ensemble ce n’est pas être emmené « .
  • 4… La montée one-shot de Nico au camp 2 était-elle pertinente ?
  • 5… « Tensions au sommet » : c’est une situation accidentogène et le rôle du leader est fondamental. Une CSV complète la veille aurait-elle éclairé, désamorcé la situation ?  Pourquoi n’a-t-elle pas été réalisée ? 
  • 6… La notion d’autonomie, de compétences techniques d’une cordée et de sa prise en charge par d’autres. Un problème de communication ?  Avec une conclusion évidente : « Dorénavant, je vais faire des progrès techniques pour être vraiment autonome, plutôt que de me faire emmené et réaliser des courses en second ».

Puis, pour conclure ces 2h de débats : 

« Avez-vous des bonheurs à partager au sujet de cette expédition ? « 

Ont été cités : 

  • un vrai voyage, 
  • la réalisation de sommets pour la plupart des participants, 
  • des rencontres, des découvertes… 
  • et encore beaucoup de choses à apprendre ! 
Peri Himal
Le lendemain à Ghap il pleuvra toute la journée. Pas question. de rejoindre Serang Gompa par Kwak et ce grand pont suspendu.

Alors que notre groupe alpi & ski est sur le retour, nous attendons des nouvelles des 3 mousquetaires de la Tsum, Jipé, Pierre et Xavier qui eux sont partis six semaines !

Et déjà, les contours du projet de l’année prochaine se dessinent doucement avec les apprentissages de cette année.

  • Nous serons un groupe plus restreint.
  • Avec une seule activité, l’alpinisme.
  • Une vraie sélection de participants autonomes, en 1er de cordée.
  • Bien sûr, toujours sur un mode participatif et avec la Magic Map.
  • Et où je ne serais que chef d’expé, avec une équipe d’accompagnement népalaise et Dipen comme guide de haute montagne.
  • Le lieu sera forcément peu connu, avec un vrai chalenge technique.

Deux projets très progressif :

  • la traversée de deux sommets à plus de 6000 m, jamais réalisée, 
  • et un sommet de 7000 m, le Gurja Himal, un peu oublié.

A bientôt…, pour la suite de cette histoire.

Paulo & Isa

Un beau moment avec Dema et Mingma...
Peri Himal
Une image de mémoire dramatique. La tente de nos amis italiens...

2 réflexions sur “Le Peri Himal, une expédition du CAF de Chambéry.”

  1. Bravo aux cafistes de Chambéry de s’être essayé à l’univers si singulier de la haute altitude au Népal, initié par Paulo. Merci pour ce récit, ces photos et surtout ce partage de ce qu’est une expédition dans ses différents aspects, y compris humains. Oui, avec ses aspérités parfois, souvent avec de la fatigue mais au cœur de cette aventure aussi. Merci d’avoir partagé votre bilan, les questions, les enseignements…c’est si enrichissant et source de progression collective. Une aventure qui laissera sans doute à ses membres, de jolies traces…

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